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Les stratégies de
sortie de la crise économique s'avèrent très incertaines et les politiques
européens ont de gros soucis: Merkel se prépare à des élections difficiles et
Hollande affronte un gros scandale.
Le taux de chômage dans la zone euro a atteint 12,0% de la population active, un nouveau record, selon les statistiques publiées mardi par Eurostat. Plus grave, le taux de chômage des moins de 25 ans a bondi à 23,9% dans la zone euro, avec des taux en Grèce et en Espagne restant au-dessus de 50%. Cette envolée du chômage est essentiellement la conséquence des mesures d'austérité prises depuis trois ans dans la zone euro pour endiguer la crise de la dette. Ces plans amers de rigueur et de désendettement des états, combinant l'austérité salariale, la compression des dépenses budgétaires et l'accroissement de la fiscalité, freine fortement la demande interne, ralentissant l'activité des entreprises qui du coup licencient quand elles ne se mettent pas simplement en dépôt de bilan. La croissance est atone : Les pays européens membres du G20 ont ainsi tous connu une contraction du PIB au cours du dernier trimestre de l'année 2012, allant de -0,9% en Italie (-2,8% en un an) et -0,6% en Allemagne à -0,3% en France et au Royaume-Uni. Dans le même trimestre, les autres grands pays riches non-européens ont une croissance légèrement supérieure à 0% au Japon et aux États-Unis et de 0,2% au Canada. Parmi les autres pays du G20, l'Inde, le Mexique, la Corée du Sud, le Brésil et l'Afrique du Sud ont enregistré une croissance plus forte au dernier trimestre de 2012 qu'au précédent. En Australie, en Indonésie et en Chine (+7,9% en un an), en revanche, la croissance est restée stable mais toujours forte. ALORS, C'EST QUAND LA SORTIE DE CRISE ? Les politiques d'austérité des pays européens sont appelées à durer plusieurs années. Ont-elles pour autant manifester des premiers effets positifs ? L'effort de désendettement des états, sain sur son principe, pèse sur la croissance, les dépenses publiques, celles-ci tirant en moyenne un tiers du PIB des pays concernés. Pire, les impôts même majorés ont du mal à rentrer, le nombre des chômeurs augmentant et le chiffre d'affaires des entreprises baissant? Quant aux consommateurs, inquiets, ils réduisent leurs dépenses et par précaution, quand ils le peuvent, ils épargnent, craignant que la situation puisse encore empirer. Les états de l'Union européenne se retrouvent donc dans une situation infernale : pour réduire la dette, ils se mettent en situation de récession, qui elle-même générera de nouveaux endettements. Certes, certaines économies nationales comme celles des Pays-Bas, de l'Allemagne, de l'Autriche, de quelques pays nordiques ont réussi leur désendettement. Mais même leur croissance, début 2013, commence à manifester de nets ralentissements, leurs exportations étant principalement destinées au reste du marché européen, celui étant très atone. La situation de pays comme la Grèce, l'Italie, l'Espagne ou le Portugal reste très critique, une nouvelle crise pouvant déstabiliser très fortement la zone Euro. Un levier permettrait d'alléger les efforts et de relancer la mécanique économique, notamment en favorisant les exportations : celui de la dévaluation de l'Euro. La monnaie européenne est notoirement surévaluée contrairement aux grandes monnaies rivales (Dollar, Yen, Yuan..). Mais le mot même de dévaluation est pire qu'un péché, c'est un interdit quasi-religieux pour les grands dogmatiques qui dirigent, Banque Centrale et Commission européenne en tête, les destinées économiques du continent. La vulgate libérale qui règne depuis plusieurs décennies produites toujours ses effets pernicieux. Depuis Reagan et Thatcher, on en connaît le catéchisme : « seules les entreprises créent de la valeur, il faut libérer les marches, réduire la fiscalité, assouplir les contraintes, flexibiliser le marché du travail, « les licenciements d'aujourd'hui créeront les emplois de demain », le capital doit circuler totalement librement dans la planète entière, les États sont trop gros, les mesures qu'ils prennent sont au mieux inutiles ou inapplicables, voire souvent dangereuses pour la liberté des marchés » La « crise des Subprimes » a largement montré les limites théoriques de ce prêchi-prêcha libéral mais les pratiques continuent, à l'image de l'impossible réforme du système financier : les banques sauvées in extremis de la faillite par les États, ont immédiatement spéculé contre ceux-ci, comme l'a montré avec éclat les cas de l'Espagne, de l'Italie, de la Grèce, du Portugal? De nombreux économistes tirent la sonnette d'alerte ; dans tous les partis politiques, des voix inquiètes voient le jour. Les syndicats gèrent des tensions sociales sans précédents. Les PME ne voient pas d'issues. Même dans le monde des medias, dont les éditorialistes ont pendant trois décennies, chantées les louanges du tout-libéral, on sent le doute s'installer. Il est vrai que beaucoup redoutent un rebond de la crise de l'Euro et dans l'hypothèse possible qu'une économie majeure comme l'Espagne ou l'Italie rentrait dans une nouvelle phase sismique, l'Euro ne s'en tirerait pas, tout au moins pas avec la « boîte-à-outils » actuelle. Le cas de Chypre montre que la panique générale peut être déclenchée par les difficultés bancaires d'un pays qui ne pèse que 0,2% du PIB européen ! Il est vrai que dans ce paradis fiscal officiel de l'UE, les actifs des banques chypriotes, largement menacées par des « obligations pourries » et des investissements hasardeux, représente sept fois le PIB du pays? Il y avait donc le feu. Dans la précipitation, la Commission européenne a pris des mesures d'urgence, et brutales. Au bord de la faillite, Chypre a obtenu le 25 mars un plan de sauvetage international de 10 milliards d'euros, au prix d'une restructuration drastique de son système bancaire qui va voir les gros clients de Laïki et Bank of Cyprus perdre une grande partie de leurs avoirs. Les comptes dépassant 100 000 euros sont gelés à la Bank of Cyprus et à la Laïki. La seconde doit être liquidée, et les gros comptes de la première doivent subir une ponction qui pourrait aller jusqu'à 60 %. Les sommes dépassant les 100 000 euros, une fois minorées par les éventuels crédits, resteront dans une «bad bank» appelée à disparaître, note Le Point. À la Bank of Cyprus, les détenteurs de dépôts de plus de 100 000 euros, minorés des éventuels crédits en cours, verront au moins 37,5 % de leurs fonds transformés en actions. En outre, 22,5 % des sommes dépassant le plafond seront immobilisées jusqu'à ce que les autorités déterminent si elles en ont besoin pour remplir les conditions du plan de sauvetage de la Troïka (UE, BCE et FMI). Parallèlement, les autorités continuaient à limiter les mouvements de fonds. Pour les entreprises, seules les transactions commerciales habituelles et validées par une commission indépendante sont autorisées. Pour les particuliers, les retraits sont limités à 300 euros par jour et par personne. Les virements bancaires restent impossibles vers l'étranger et limités vers Chypre même. DOSSIER CHYPRE : LA FIN DE L'EURO ? Se faisant, les autorités européennes ont visiblement allégrement violé l'un de leurs tabous fondamentaux : ponctionner, non pas seulement les actionnaires mais tous les titulaires de comptes bancaires en siphonnant leurs avoirs ! « Bien entendu, on ne touchera pas aux comptes de moins de 100 000 euros, en dépit du premier plan de sauvetage, approuvé par l'ensemble de l'Eurogroupe. En tout cas, on n'y touchera pas tout de suite?, note l'économiste Jacques Sapir sur son blog, mais, l'idée que Chypre constituait un cas exceptionnel, ce qu'a répété François Hollande jeudi 28 mars à la télévision, est morte et bien morte. Klaas Knot, membre du Conseil de la BCE, a ainsi déclaré vendredi 29 mars son accord de principe avec la déclaration très controversée de Jeroen Dijsselbloem le Président de l'Eurogroupe. ». Il est vrai que les propos de M. Dijsselbloem, baptisé depuis « Dijsselblourde », ministre des Finances des Pays-Bas et représentant officiel de la zone euro sur l'application potentielle du modèle de résolution chypriote à d'autres banques en difficultés en Europe, en a sidéré plus d'un. Cela a surtout dû être entendu comme un très grand et sonore signal d'alarme pour tous les possesseurs de comptes dans les banques grecques, espagnoles, italiennes, portugaises qui, en toute logique, vont prendre quelques précautions avec leur épargne. Il faut retirer le pognon au plus vite ! Il s'agit à tous les moins d'une grave erreur d'appréciation et de communication du président de l'Eurogroup, dans un contexte fragilisé alors que le souvenir de la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers n'est pas loin. « Ce message nuit à la restauration de la confiance, pierre angulaire d'un retour progressif de la croissance. Il entraîne une hausse du coût de financement des banques les plus fragiles ou issues de pays jugés fragiles, et en cela va à l'encontre des efforts de la BCE pour stabiliser le système financier, note Louis Bert de Dorval Finances, Cette faute traduite toutefois la lassitude des pays forts, dont l'Allemagne où les élections se rapprochent, à apporter un soutien aux autres, et la nécessité de restructurer ». « Cette nouvelle politique découle directement de la pression allemande. Madame Merkel a décidé, à l'occasion de la crise Chypriote, d'indiquer clairement qu'il n'était pas question que le contribuable allemand continue d'être ponctionné (l'UE coûte annuellement 8 à 10% du PIB de l'Allemagne). C'est une position que l'on peut parfaitement comprendre. Mais elle porte en elle la fin de la zone Euro » Pour l'économiste Jacques Sapir, Chypre, sous économie administrée a vu s'être imposé une nouvelle monnaie que l'on pourrait dénommer « l'Euro chypriote », dont la parité est officiellement d'un euro, comme le dollar des Bahamas par rapport au dollar américain, « mais l'important ici est que l'on a, sans drame et sans façons, crée deux euros, l'un chypriote dont la fongibilité est limitée, et l'autre pour le reste de la zone Euro. Les concepteurs de ce système ne se sont pas rendus compte qu'ils administraient ainsi la démonstration que rien ne serait plus facile que de quitter la zone Euro ». Prochain épisode, un autre petit pays européen, la Slovénie, en risque de faillite, a fait appel d'urgence à la Troïka (UE, FMI, Banque mondiale). A suivre. AFFAIRE CAHUZAC : FRANÇOIS HOLLANDE DANS LA GRANDE TEMPETE François Hollande et Angela Merkel ont refusé, mardi, de participer à une étude de réexamen de la relation entre Bruxelles et les Etats membre européens lancée par David Cameron. The Guardian qualifie le refus de «revers majeur» pour le Premier ministre britannique, et y voit une «preuve de son isolement croissant en Europe après la décision de promettre un referendum sur l'adhésion de son pays à l'Union européenne». Cette dernière initiative de Cameron montre, s'il fallait, l'ébranlement profond du concept même d'Union européenne. Sur les autres dossiers, le courant ne passe pas vraiment entre François Hollande et Angela Merckel, notamment sur les dossiers économiques. Le Président français souhaiterait une politique plus active de relance, la Chancelière allemande ne veut pas plus ponctionner ses contribuables alors qu'elle se présente en septembre à sa réélection éventuelle. François Hollande avait parié, lors de sa campagne présidentielle, sur une reprise de l'économie européenne et française après une grosse purge budgétaire, promettant une inversion des courbes du chômage avant la fin 2013. 31 décembre 2013 ? 32, 33,34 décembre, comme a commenté un humoriste ? Le pari est incertain. Et de surcroît, France Hollande manque de bol. Pour son 1er gouvernement, il avait imprudemment nommé Jérome Cahusac comme ministre du Budget. Cet ancien chirurgien plasticien avait alors appelé, avec talent d'ailleurs, à l'extrême rigueur budgétaire et à la performance des rentrées fiscales. Ce qui veut dire une lutte sans merci contre la fraude fiscale. Patatras ! Le site d'information « Mediapart » a depuis livré son scoop : Cahuzac avait un compte en suisse, transmis postérieurement à Singapour. Cahuzac avait juré devant l'Assemblée nationale, qu'il était innocent. Il vient d'avouer les faits. Mensonges et blanchiment de capitaux ! Emmerdant quand la gauche prône l'austérité vertueuse. Grave de chez grave pour François Hollande, en visite officielle au Maroc depuis hier. |
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