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«Pour rien, les
chômeurs du Sud ont manifesté sans pour autant trouver du travail et personne
n'est mort, pas même un chef de daïra». C'est ce que rapportait, le 17 mars
2013, le billettiste attitré dans son feuilleton au point zéro en dernière
page, dans un quotidien francophone qui s'adjuge l'indépendance pour devise.
Grand dieu, mais il y a une sacrée disproportion, comme qui comparerait entre la Chine et le Groenland, de commenter les manifestations des chômeurs de Ouargla, d'un coté, et de l'autre, considérer la mort d'un être humain, fut-il chef de daïra, comme une banalité, insignifiante. Et comme si de rien n'était, essuyer le couteau sur l'indépendance du journal. Quelles en sont les raisons d'un tel mépris de la vie humaine ? Mystères et boule de gomme, pour nous autres lecteurs, mais le billettiste, doit, lui, sûrement avoir des raisons, pour justifier une telle morgue, envers des femmes et des hommes, en mission de représentation de l'état, mais au service exclusif du citoyen, pour fournir une prestation publique de proximité. Je ne me permettrais pas l'indélicatesse de rappeler au billettiste le respect du droit à la vie de tout être humain, voire de tout être vivant, en le renvoyant aux classiques de morale, d'éthique et de religion. Mais également aux textes fondateurs des droits de la personne humaine. La déclaration universelle des droits de l'homme, énonce en son article 3 que : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ». Et que l'article 34 de la constitution algérienne dispose que :« L'Etat garantit l'inviolabilité de la personne humaine. Toute forme de violence physique ou morale ou d'atteinte à la dignité est proscrite». Mais de quoi je me mêle me dirait-on ? Et le billettiste du journal indépendant, alors ! A-t-il, lui, le droit de se jouer ainsi de la vie d'autrui ? Moi je n'ai aucun intérêt, mais du respect pour toute vie humaine, et de la considération pour les femmes et les hommes de la fonction préfectorale, qui ont choisi un métier pour être au service de leurs semblables. Par ailleurs et pour en rajouter une couche de rejet, et noircir encore le trait dédaigneux envers ces derniers, une autre voix s'est faite entendre, trois jours après, c'est-à-dire le 20 mars 2013. Une personnalité que la république avait honorée et mandatée pour défendre et promouvoir les droits de l'homme, enfonçait dans un journal arabophone, le clou en déclarant, d'après une journaliste du canard, au cours d'un entretien téléphonique, que les walis et les chefs de daïras sont la cause du mécontentement de la rue algérienne, parce qu'ils sont le plus grand substrat de la bureaucratie dans le pays. Ce sont les personnes qui compliquent le plus les choses, ce qui ralentit le rythme de réalisation de projets''. La journaliste qui rapporte ces paroles, termine son article, en disant que si le protecteur des droits de l'homme avait qualifié les walis de la catastrophe du pays depuis l'indépendance, il dit que les chefs de daïras sont eux, plus qu'une catastrophe. Venant de la part du citoyen lambda, cette diatribe aurait eu un tant soit peu, du sens. Car la demande citoyenne a pour principale caractéristique d'être infinie et évolutive. Il naît tous les jours des besoins nouveaux que le service public doit satisfaire, par son adaptabilité. Et parfois les walis et les chefs de daïras, n'ont pas de réponse immédiate à des demandes. La critique fait partie des formes de la liberté d'expression dans les démocraties, tant qu'il restera un ou des citoyens qui penseraient être insatisfaits, c'est-à-dire éternellement. Ces femmes et ces hommes de la fonction supérieure territoriale, sont aussi conscients, qu'ils seront, quoi qu'ils fassent l'objet de critiques, fondées et non fondées parfois, objectives mais aussi subjectives quelque fois. Mais en tout état de cause, à cet échelon de responsabilité morale, de telles déclarations, participeraient-elles du mélange des genres, de la fuite en avant, ou bien serait-ce déroute et délire, de ce qui, à ce niveau, devrait être raisonnable, avisé et précautionneux ? Le monsieur droit de l'homme devrait se maintenir droit et debout sans plier, quand soufflent tous les zéphyrs, ces vents violents et pluvieux de l'homérique Iliade. Comme le demeure la république algérienne, et tous ceux qui ont choisi, au moins durant une partie de leur vie, mais la meilleure et la plus belle, celle de leur jeunesse, de la servir en étant dévoués au service de leurs concitoyens. Historiquement convergence de toutes les sollicitations citoyennes et centres d'intérêts les plus fréquentés par les populations. La wilaya et la daïra, administrations territoriales, représentent depuis l'indépendance le cadre institutionnel de réponse à tous les besoins quotidiens, infinis et évolutifs en matière de services, d'aides et d'autorité. Ces deux institutions se sont vues à chaque étape, depuis l'indépendance du pays, confier la mission de satisfaire la demande locale en matière sociale, économique, culturelle, de santé publique, d'alimentation en eau potable; de transport, de logement, d'emploi, d'équipements publics et de développement et d'aménagement durables des espaces de vie et de leur préservation. Ils étaient, et ils sont toujours là, ces femmes et ces hommes, bâtisseurs d'économies locales. Pour le bien être de tous. Si le quasi totalité des enfants d'Algérie va à l'école, que les cantines scolaires servent à beaucoup de gosses d'Algérie au moins un repas chaud par jour. Si les algériens ont accès aux soins de santé de base, notamment les vaccins, et la protection mère et enfant, au plus près de chez eux. Si les zones les plus arides du territoire reçoivent de l'eau potable. Si l'électricité couvre tout le pays. Si des algériens sont quotidiennement transportés à des prix abordables et parfois gratuitement, entre leurs lieux de résidence, leurs écoles, leurs collèges et leurs lycées. C'est un tout petit peu grâce à ces femmes et à ces hommes, chefs de daïras et walis. Si des citoyens sont secourus, lors de catastrophes naturelles, à n'importe quel moment, et en tout état de causes et de conditions. Si des walis et des chefs de daïras observent l'impératif d'entretenir sans interruption un lien social, parfois difficile, parce que certains citoyens par la seule volonté du sort, ont des malheurs dans leurs familles, connaissent, l'exclusion, la marginalisation, et la précarité. Et qu'ils le font parfois au péril de leur vie, c'est parce qu'ils sont avant et après tout des êtres humains, et pas ces fonctions tant décriées, qu'ils occupent à ce grade. Deux d'entre les chefs de daïras sont morts, en service commandé, emportés par les eaux des oueds en crue, en venant secourir des populations en danger. Les défunts, Ammar Khamed à la daïra de Brida, dans la wilaya de Laghouat et Abdelkrim Boudriou à la daïra de Moulay Slissen, dans la wilaya de Sidi Bel Abbés. Ceci n'est pas un bilan exhaustif, ni justificateur, loin s'en faut, de je ne sais quel statut ou bien d'une quelconque contre partie attendue. C'est ici une marque de respect pour leurs mémoires, et une pensée en direction de leurs enfants leurs épouses et bien sur de tous leurs collègues. Dans l'absolu doit-on avoir de l'irrespect pour la vie d'autrui, jusqu'à banaliser sa mort, parce qu'il y a une altérité entre nous, ou bien qu'il est différent de nous, ou parce qu'il exercerait un métier prétendument source de tous les problèmes des algériens ? Il est de notoriété publique que nul ne conteste, que lors d'opérations d'attributions logements sociaux, il y a incontestablement des mécontents. Parce que la solution dans cette équation, voudrait qu'il y ait un nombre de logements égal, sinon supérieur au nombre des demandes à chaque fois. Ce qui est du domaine de l'impossible. C'est la même chose pour les postes d'emploi, qui sont proposés aux jeunes. Il faudrait que chaque demandeur trouve une offre qui corresponde à son profil, sinon il est contrarié. Et même s'il lui est proposé une formation de mise à niveau, et qualifiante, par rapport au profil demandé, cette offre est généralement mal reçue, sinon déclinée. Bien sur que ces situations ne sont que l'exception. Car combien de jeunes ont bénéficié de postes d'emploi, et combien parmi eux ont également eu accès aux avantages qu'offrent les dispositifs, Agence Nationale de Soutien à l'Emploi des Jeunes, Agence de Gestion du Micro Crédit, et toutes les possibilités qu'offrent le filet social, dans son ancienne ou bien sa nouvelle formule. Mais aussi, combien de familles ont-elles bénéficié de logements ? Elles sont nombreuses, parce que des hommes et des femmes y ont travaillé pour cela. Même s'il y a eu parfois des erreurs, des fautes et autres oublis. Au fait, qui d'entre les humains, n'en commet pas, sauf si cela est fait délibérément. Et là, ça ne peut-être que condamnable. Par ailleurs, cela ne peut également être généralisé dans la fonction préfectorale loin s'en faut, puisque tous les dossiers concernant ces actions, demeurent vérifiables à tout instant. Alors si des algériens subissent les aléas du mal logement et les vicissitudes du chômage, les walis et les chefs de daïras, ne peuvent à eux seuls, y pallier. Ces deux adversités sociales que rencontrent les algériens, le logement et l'emploi, se règlent à travers des politiques publiques générales qui concernent tous les citoyens, et tous les acteurs du champ socio économique national public ou bien privé soit-il. Car les efforts de l'état sont énormes, puisque l'Algérie consacre 11% de son produit intérieur brut aux transferts sociaux, un record en la matière. Alors, où se situeraient donc les dysfonctionnements ? Mais malgré certaines insuffisances, qui pourraient affirmer sans se tromper, d'entre les détracteurs, que les aides de l'état n'arrivent pas à ceux et à celles auxquels, elles sont destinées ? Tous les enfants scolarisés des familles en difficultés, perçoivent dans les délais voulus, 3 000 dinars à chaque rentrée scolaire. En conséquence ils bénéficient de la gratuité du livre scolaire, et celle des affaires scolaires. Les couffins du ramadhan arrivent également dans ces familles à temps etc. La liste de ces opérations serait longue et peut être lassante pour le lecteur. Mais comme la perfection n'est pas de ce monde, ces walis et ces chefs de daïras qui supervisent ces opérations et bien d'autres, doivent bénéficier de l'indulgence de certains, quand il y a des imperfections dans leurs actions. Dans un autre registre, au plus fort de la décennie noire, et sans jeter l'opprobre sur aucun. Il n'y a jamais eu sur tout le territoire national une zone de non droit. Sur ses 2 400 000 kilomètres carrés, le pays est couvert par 48 wilayas, 13 circonscriptions administratives à Alger, et 535 daïras depuis 1991. Et durant ces évènements sanglants, le drapeau de la république avait toujours continué de flotter sur ces institutions que gardaient vaillamment des hommes et des femmes, avec l'aide notable de citoyens, qui malgré tous les dangers, n'avaient pas baissé les bras, ni changé de tenue vestimentaire. Si pendant toute cette période l'état est resté pérenne, dans les coins les plus reculés du pays, c'est un peu, parce qu'il y avait des chefs de daïras. Dans certaines situations impérieuses, ils avaient cumulé avec leurs lourdes fonctions, quand autour il n'y avait que solitude et abandon, parce que beaucoup avaient déserté, celles de délégué exécutif communal -D.E.C-, pour demeurer aux cotés des citoyens et répondre à leurs besoins. Ce n'est pas en soi un exploit, mais une conviction d'avoir choisi un métier. D'ailleurs, plusieurs autres agents de l'état, et pas seulement, avait payé le prix fort pour les mêmes choix. Celui de servir la république. Ça ne sert à rien de charger gratuitement les autres. C'est même contre productif, de se désolidariser des autres, quand les problèmes touchent dans leur dignité tous les algériens, et de se démarquer, pour de mesquins calculs qui souvent ne grandissent pas le calculateur. La rupture du lien social est un premier pas vers la déstructuration du corps social, et le démantèlement de la cohésion nationale. C'est pareillement trop dangereux, voire irresponsable jusqu'à l'indécence de réifier la vie humaine, par la banalisation de son irrespect. La vie de l'être humain, ne saurait être réduite à une chose monnayable, pour qu'au fond d'un billet d'humeur de journal on s'autorise à en faire un objet jetable. La liberté d'expression entraîne également des responsabilités. Il n'y a point de bien dans l'excès de sa pratique, même conjugué à celui la liberté de la presse, quand la vie humaine vient à être dépersonnalisée. De telles permissivités et de telles licences ne sont pas acceptables, quelques soient les motifs qui, soit disant, les autoriseraient .Il y a là une surdose létale, pour toutes les autres libertés dont jouis l'homme aujourd'hui, après tant de combats, et tant de sacrifices d'autres femmes et hommes de par le monde. Point de gloire, et encore moins journalistique, à vaincre sans péril, disait le proverbe. Qui peut, si ce n'est pour son auteur, tirer un quelconque profit en accusant les walis et les chefs de daïra, d'une façon exclusive, d'être les causes principales des malheurs quotidiens, et de la mal vie, et du mal être des algériens ? A qui profiterait, si ce n'est à son promoteur, encore une fois, et qu'il devrait en démocrate, s'en expliquer, la mort violente d'un chef de daïra lors de manifestations de jeunes à Ouargla ou bien ailleurs en Algérie ? Ma foi. Mais quand l'horizon n'est fait que de quatre murs, d'écrans sur mesure, et de quelques journaux, on devrait se réveiller, changer de cap, atterrir et se rensiegner sur, sinon, partager ce qui se passe, dans sa rue, dans son quartier, son douar et sa dechra. Parler à ses semblables. Enfin quels seraient les déclencheurs d'un délire, pour attenter, quand bien même en écumant plein les lèvres, et par billets journalistiques, sur la banalisation de la mort d'un être humain, faisant fonction de chef de daïra ? Serait-ce là l'aveu d'un phantasme clivant, longtemps refoulé, qui quoique s'en défendra celui qui en souffre, finira par déborder et se manifester ? Ensuite, quelques soient les desseins et les motivations, enrobés dans des subterfuges d'humains pour tamiser le soleil. La vérité finira par descendre sur les faits, les gestes et les paroles de tout un chacun. A ce moment là, y aurait-il encore, des personnes qui continueront à ne voir que leur nombril, au lieu et place de la lumière éclairante de l'astre ? Le goût du sang ferait-il à ce point, perdre leur lucidité à certains, jusqu'à proposer aux lecteurs de railler la vie humaine ? Et qu'on ne vienne pas nous dire que c'est deuxième degré, cet humour par l'ironie. Car si s'était le cas, que fait-on donc, du droit à la vie de ceux, que ce prétendu humour ironie, cible et stigmatise d'entre tous ? Sans moraliser, ni préjuger des intentions des uns et des autres, il y a des sujets trop essentiels pour être négociables, ou bien tolérer sinon admettre une quelconque équivocité exprimée ou tacite. Enfin, nul n'a le droit d'instrumentaliser la vie humaine, encore moins, quand il s'agit de remplissage pour ajouter une ligne à son billet d'humeur. |
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