Au moins trois jihadistes ont été tués en moins de 24 heures à
Tombouctou, ville historique du nord du Mali et cible, dans la nuit, d'un
attentat suicide et d'une tentative d'infiltration d'un nombre indéterminé
d'islamistes qui ont affronté, hier dimanche, des soldats maliens et français.
Selon des sources militaires maliennes et une source sécuritaire régionale à
Tombouctou (900 km de Bamako), ces jihadistes ont infiltré la ville en
profitant de l'attentat suicide commis, dans la nuit de samedi, par un
kamikaze, au cours duquel un soldat malien a été blessé. Hier matin, l'armée
malienne a lancé des opérations pour traquer les islamistes infiltrés, se
retrouvant engagée dans des combats au cours desquels elle a reçu l'appui d'une
unité de l'armée française. Nous avons deux jihadistes tués, et quatre
militaires maliens ont été blessés», a expliqué un officier de l'armée malienne
joint par téléphone à Tombouctou, en précisant que les affrontements se
poursuivaient en fin de matinée. Avec l'attentat suicide de la nuit de samedi,
le bilan se monte à trois jihadistes tués, dont le kamikaze, et cinq soldats
maliens blessés en moins de 24 heures. Selon le même officier malien, les
islamistes «ont ouvert deux fronts» dans le centre-ville: l'un vers un hôtel
servant de résidence temporaire au gouverneur de la région de Tombouctou, et
l'autre vers l'unique camp militaire de la ville occupé par les soldats
maliens. Trois jihadistes ont brièvement infiltré le camp militaire, d'où ils
ont été délogés, a-t-il dit, sans plus de détails. Selon une source sécuritaire
malienne, «le gouverneur de la région ainsi que des autorités locales et deux
journalistes étrangers qui étaient tous dans le même hôtel» ont été «évacués
par l'armée française». Cette information a été confirmée par le gérant de
l'hôtel. En temps normal, les troupes maliennes sont dans Tombouctou, les
troupes françaises, qui interviennent en soutien aux militaires maliens depuis
janvier, sont basées à l'aéroport de la ville. De source militaire, le kamikaze
qui s'est tué dans la nuit a actionné sa ceinture d'explosif après avoir tenté
sans succès de forcer un barrage militaire. Il était au volant d'une voiture,
alors qu'au moment même, d'autres jihadistes tentaient de s'infiltrer en ville
à moto. Il s'agit du deuxième attentat suicide de l'histoire de Tombouctou,
cité mythique au patrimoine culturel inestimable. Le 21 mars, une tentative
d'incursion d'islamistes y avait commencé par l'explosion d'une voiture piégée,
avec un kamikaze à son bord, vers l'aéroport de la ville. Un militaire malien
avait été tué, au moins deux blessés, et une dizaine de jihadistes ont aussi
été tués pendant cette tentative d'intrusion, selon des sources militaires malienne
et française. Le 22 mars, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de
l'Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en
2012, avait revendiqué l'attentat kamikaze. Comme les autres grands centres du
nord du Mali, Tombouctou a été libérée fin janvier par des troupes françaises
et maliennes des groupes islamistes armés. Les combattants jihadistes se sont
retranchés dans le massif des Ifoghas (région de Kidal, extrême nord-est), où
se concentre depuis plusieurs semaines leur traque conduite par des soldats
français et tchadiens. Au plan politique, le processus de sortie de crise a
connu un nouveau pas avec la nomination, samedi, du président et des deux
vice-présidents de la «Commission dialogue et réconciliation» (CDR), en
attendant la désignation des 30 autres «commissaires» devant composer cette
structure créée début mars. Ces nominations ont été saluées hier par le
ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui doit se rendre à
Bamako le 5 avril. La CDR a notamment pour mission de «rechercher, par le
dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés» de ce pays plongé
dans une crise politico-militaire depuis les premières attaques rebelles, en
janvier 2012.