|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
C'est une affaire bien sordide que va examiner, le 27 mai prochain, le
tribunal criminel d'Alger, relative à des avortements clandestins et l'envoi
d'enfants, nés de filles célibataires, pour être adoptés en France. Le rôle de
la journée du 27 mai du tribunal criminel porte en effet sur un dossier très
grave incriminant un médecin généraliste et des ?'acolytes'' dont le business
consistait à faire des avortements de femmes célibataires et de prendre en
charge, ensuite, les enfants, sinon les foetus. L'annonce de l'enrôlement de
cette affaire, qui remonte à 2009, intervient en pleine psychose née des rapts
et d'assassinats d'enfants de ce mois de mars qui ont bouleversé l'opinion
publique.
Treize personnes sont ainsi impliquées dans l'affaire des enlèvements et d'avortements clandestins, avec un nombre indéterminé d'enfants kidnappés et expédiés en France pour être ensuite adoptés contre d'importantes commissions. Selon des sources judiciaires, le réseau a été démantelé par les services de sécurité en 2009. Ce réseau était à l'origine de la disparition d'un grand nombre d'enfants et leur déplacement vers l'étranger, à travers de fausses procurations, selon les mêmes sources. Le réseau, constitué d'Algériens et de Français, activait depuis les années 90 en Algérie, mais l'enquête n'a pu déterminer le nombre exact des enfants enlevés. Cette affaire a été éventée par les services de sécurité à la suite du décès, en 2009, d'une jeune fille lors d'un avortement dans une clinique à Aïn Taya, dans la banlieue est d'Alger, appartenant à un médecin, H. K., principal accusé dans ce dossier. Selon les investigations des services de sécurité, ce médecin généraliste se faisait passer pour un obstétricien propriétaire d'une clinique à Aïn Taya et pratiquait gratuitement des avortements avec l'aide de sa sœur. Les clientes étaient des femmes enceintes célibataires. Deux notaires, chargés de fabriquer de faux documents de désistement signés par les mères célibataires, sont également impliqués dans cette affaire. Après enquête approfondie, les services de sécurité sont parvenus à récupérer trois enfants au domicile d'une puéricultrice exerçant dans une pouponnière à El-Biar, et ont découvert «12 certificats d'adoption» rédigés entre 2005 et 2006, dans lesquels figurent 9 enfants déjà expatriés de manière illégale et dont la kafala a été confiée à d'autres personnes moyennant une somme d'argent. Un ressortissant français a pu expatrier en France deux mineurs, de père et de mère inconnus, les faisant passer pour ses enfants légitimes, selon la fiche de débarquement, grâce à la complicité du médecin. Les mères célibataires impliquées dans cette affaire ont déclaré avoir été victimes de menaces et contraintes d'abandonner leurs enfants après leur accouchement sur la base d'une kafala falsifiée et rédigée par un notaire, pour les vendre à une famille résidant en France. Une bien pénible affaire qui vient s'ajouter au lourd dossier des enfants enlevés et dont certains ont été ensuite retrouvés assassinés. Une situation gravissime qui a fait réagir l'opinion publique, les associations de protection de l'enfance et le gouvernement. C'est ainsi qu'un projet de mesures d'urgence portant sur la prévention des enlèvements d'enfants sera «présenté au gouvernement la semaine prochaine», avait annoncé la semaine dernière un membre du groupe de travail chargé de la mise en place de mesures de lutte contre le phénomène d'enlèvement des enfants, M. Abderrahmane Aarar, président du réseau algérien de protection des droits de l'enfant «Nada». Il a également relevé que le projet de mesures d'urgence pratiques pour la lutte contre le phénomène d'enlèvement, notamment en matière de sensibilisation et de prévention que le groupe de travail s'est chargé d'élaborer «sera présenté au gouvernement la semaine prochaine». Pour rappel, les services de police d'Akbou (Béjaïa) ont neutralisé, récemment, un présumé réseau de trafiquants de bébés, composé d'au moins cinq personnes confondues principalement dans une affaire de marchandage autour d'un nouveau-né, dont le traitement a permis de révéler, «qu'au-delà de ce sordide commerce ponctuel, des individus en faisaient leur moyen d'enrichissement», a-t-on indiqué à la sûreté de wilaya. L'affaire a éclaté le 14 décembre dernier, lorsqu'une femme de 32 ans s'est présentée à la sûreté urbaine pour faire part d'une curieuse escroquerie dont elle a été victime, faisant valoir qu'après avoir concédé son nouveau-né à un couple sans enfant, ce dernier a refusé de lui remettre l'intégralité de la somme promise, soit 500.000 dinars. La jeune victime, porteuse d'un enfant de père inconnu, a voulu, d'emblée, s'en débarrasser, mais encouragée par une tierce personne qui a joué un rôle d'intermédiaire, elle a préféré en tirer profit en le concédant à un couple sans enfant, résidant à Amizour. Fait qu'elle a accepté volontiers, a-t-on expliqué. Le jour de l'accouchement, la jeune dame s'est fait passer pour l'épouse légitime du mari acquéreur, trompant ainsi le service administratif de la maternité qui a dû procéder, comme il est d'usage, à l'enregistrement administratif du nouveau-né sur le livret de famille. Seulement, voyant que son «dû» tardait à venir, elle s'en est allée se plaindre à la police, a-t-on ajouté. L'enquête, diligentée immédiatement après, a révélé qu'au-delà de cette affaire factuelle, il s'agirait d'un réseau en bonne et due forme, impliquant plusieurs personnes dont le degré de responsabilité est soumis à de plus amples investigations. Déférés mardi devant le parquet, le couple acquéreur, la mère de l'enfant, et la femme intermédiaire dans la transaction, ont été placés sous mandat de dépôt. Une cinquième personne a écopé, quant à elle, d'un contrôle judiciaire. Le reste du groupe, dont le nombre n'a pas été révélé, a bénéficié de la liberté provisoire. |
|