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Il
y a internet et le téléphone coupés à El Oued pour isoler les chômeurs
manifestants. Il y a Chakib Khellil que l'on poursuit partout et qui paye
médiatiquement pour tous les autres et il y a l'affaire du « casse » du pôle
judiciaire d'Alger. Pour le premier fait, c'est presque amusant : en Algérie,
les émeutes sont locales et leur « moubarakisation » est locale : attaque
baltaguie, coupure d'internet, faux dialogues et arrestation des gens qui
viennent d'ailleurs, introduisant un nouvel interdit en Algérie :
l'interdiction de se déplacer en Algérie, vers l'Algérie.
Pour le second, c'est devenu un feuilleton qui sert à décrédibiliser le feuilleton. Khellil est signalé en Suisse, en Amérique, à Oran et comme seul coupable alors qu'ils sont quelques ministres à être dans son cas. Reste le troisième fait : le vol d'un palais de la Justice avant-hier à Alger avec destruction de dossiers importants. On y lit un peu ce qui est advenu de l'Etat algérien après la mort de l'Etat sans les algériens: un vague terrain de vols, de gangs et de canailles qui se font les poches. On en est donc arrivé à ce point où le hold-up d'un Palais de Justice se prépare dans la sérénité : avec des complicités internes, des caméras désactivées au bon moment, des archives volées et des dossiers d'enquêtes détruits. Qui a fait ça ? Les chômeurs du Sud, les gens des droits de l'homme stoppés aux frontières tunisiennes, les militants arrêtés sur les routes d'El oued, les familles de disparus, les gardes communaux ? Echec et gangrène d'un système policier qui met ses efforts à pourchasser des militants et se fait cueillir comme un âne sur la sécurité d'un Palais de justice à Alger. De quoi rire si on n'est pas algérien. Mais aussi de quoi confirmer que le système est coupable, myope, bête et méchant : il emballe un peuple entier pour la 4M (quatrième mandat) et reste l'un des derniers pays au monde sur la 3G (3ème génération de téléphonie). Un système qui continue à fonctionner dans la barbouzerie contre les siens et n'arrive même pas à mener enquête ou à protéger ses juges. Conclusions directes de l'Algérien ? Celui qui a rendu myope les caméras de surveillance du pôle judiciaire d'Alger est le même qui a coupé internet à El Oued. Le même qui a volé et qui enquête sur le vol. Conclusion hâtive mais elle fonde la perception du politique chez l'Algérien : il s'agit d'un gang et la lutte contre la corruption est un mensonge et la démocratie à El Oued est un gros rire et si la France est partie, la colonisation est restée avec ses laissez-passer et ses codes indigènes. De la colère donc : voir son pays tomber si bas dans l'encanaillement et le banditisme. Reste donc l'essentiel : C'est un état de grave banditisme qui s'installe et va en s'aggravant. Et avec le même surréalisme : un Watergate où le président va être reconduit, où le ministre peut s'enfuir et circuler et où se sont des militants ou des chômeurs qui sont capturés ou interdits de circuler. Cela fait peur. Cela inquiète. Cela fait presque pleurer de dépit. |
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