C'est de bonne guerre ! Dans ce genre de rencontre décisive pour une
qualification, tout sélectionneur cache volontiers son jeu, laissant les
journalistes à leurs spéculations. Dans cet exercice, Halilhodzic n'est pas le
plus maladroit, se méfiant des «fuites» qui ruineraient son plan de bataille.
Ainsi, trois jours avant le coup d'envoi, avait-il manœuvré de telle façon lors
des matches d'application, tant au centre de Sidi Moussa qu'au stade Mustapha
Tchaker, que les journalistes ont «vu» l'équipe-type à aligner face au Bénin.
Il est vrai que les circonstances ont favorisé la stratégie de Vahid qui
consiste à fournir des impressions, profitant des changements survenus au sein
de l'effectif pour créer des fausses pistes. Avec l'absence, pour diverses
raisons, d'une demi douzaine de capés qui étaient du voyage en Afrique du Sud
et l'arrivée de plusieurs nouveaux, il pouvait tout à loisir dissimuler ses
véritables intentions. D'ailleurs, dans les articles de présentation, les
prévisions quant à l'équipe-type variaient d'un quotidien à un autre. Ce qui
ressort, c'est que Halilhodzic a fort bien géré cette situation d'avant-match
où il s'est fait un devoir de «recadrer» ses joueurs, chatouillant même
l'amour-propre de quelques anciens, afin de les motiver et les pousser à
arracher une victoire devenue impérative à la suite du succès, à Kigali, du
Mali, devenu le nouveau leader du groupe. En ce qui concerne le match d'hier,
tout le monde était impatient de découvrir Taîder et Brahimi, tout en étant
convaincu que si l'exigeant technicien Bosnien les a lancés dans le bain dans
un match aussi important, c'est que ces joueurs possèdent un potentiel
technique à même d'en faire profiter l'EN . Nous n'avons pas été déçus, bien au
contraire, car ils ont globalement répondu à l'attente générale, surtout Taîder
qui, outre sa mission de récupérateur, a carrément accaparé le rôle de meneur
de jeu, donnant le tempo par ses passes précises, à l'inverse de Guedioura,
hors du coup et qui a perdu des balles vite utilisées par les Béninois en
contres dangereux. D'un point de vue général, les Verts ont dominé leurs
adversaires, comme l'atteste le nombre de corners en faveur des Algériens.
Quant à Brahimi, il a confirmé sa bonne vision du jeu et son abnégation au
profit du collectif, même s'il a moins brillé que Taîder. Sur ce que ces
nouveaux ont montré, on aurait souhaité que ce dernier joue plus haut où ses
balles précises seraient mises à profit par ses coéquipiers. Outre le pressing
exigé par Halilhodzic, les Verts ont malheureusement gâché trop d'occasions en
première période. En seconde période la donne a changé, car les Béninois ayant
enfin décidé de sortir pour tenter de prendre l'avantage. Cette attitude aura
été bénéfique à l'EN qui, par l'excellent Taîder, a traduit sa supériorité.
Djebbour, l'un des rares rescapés de la génération Saâdane devait démentir ses
détracteurs qui, il est vrai, se sont basés sur ses productions antérieures. En
dépit de son statut de meilleur buteur de l'Olympiakos qu'il a mené à son
quarantième titre, l'étiquette de joueur de club et non d'équipe nationale
reste toujours collée à son dos. Il a été remplacé par Slimani qui a eu le bon
goût d'inscrire un fort précieux troisième but. Enfin, dernière bonne remarque
: les Verts ont continué à attaquer et ont même failli inscrire deux autres
buts. Certes, il y a encore des lacunes au niveau de la défense et du milieu,
mais le changement commence à se dessiner: L'EN est plus technique et plus
offensive.