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Peut-on admettre et croire que la visite du président américain, Barack
Obama, mercredi et jeudi en Israël et en Palestine et vendredi en Jordanie,
puisse servir à relancer, un tant soit peu, le processus de paix dans la région
? Quels peuvent être les plus-values politiques pour l'indépendance et la
reconnaissance d'un Etat palestinien dans ses frontières de 1967, tel que
«l'ordonnent» les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu ? Une majorité de
l'opinion mondiale afficherait une attitude sceptique, tant le mépris d'Israël
de ces mêmes résolutions de l'Onu est constant, depuis 1948 et, plus grave,
tant Israël ne cesse d'étendre le nombre de ses colonies en terre
palestinienne, en toute impunité. Et pourtant, il faut bien que la Communauté
internationale «se bouge», réagit, multiplie les initiatives pour que cesse
l'occupation et l'oppression des Palestiniens qui dure depuis 65 ans!
Beaucoup d'analystes et diplomates ont qualifié l'initiative du président américain d'opération de marketing politique, servie à la consommation des peuples juifs et arabes, sans lui attribuer la moindre conviction d'une volonté d'aboutir à la paix israélo- palestinienne, et plus, à la paix israélo-arabe. C'est un point de vue compréhensible au vue de la tragique situation en Palestine. Après avoir fait ce constat, que faire ? Critiquer toute initiative d'où qu'elle vienne ? Encourager l'affrontement armé et la guerre, alors que la violence s'étend dans la région avec le conflit syrien et le risque d'instabilité d'implosion qui guette le Liban ? Les pays arabes qui crient à l'occupation, dénoncent les crimes d'Israël, n'ont pas été, par le passé, et ne sont pas, aujourd'hui, en capacité d'influer sur l'avenir de la Palestine. Ils sont aux prises avec leurs propres démons. Reste l'Europe, les USA et dans une moindre mesure les pays dits émergeants (Brésil, Russie, Inde, Chine ? BRIC-). Le président américain a le mérite de réserver son premier déplacement à l'étranger, depuis sa deuxième élection, à la Palestine et à Israël. Non seulement il indique par cette visite l'une de ses principales préoccupations qu'est la question palestinienne, mais il a prononcé dans ces discours en Israël et en Palestine des principes forts et justes. «Mettez-vous à la place des Palestiniens et regardez le monde à travers leurs yeux» a-t-il déclaré aux étudiants des universités israéliennes, tout en dénonçant la colonisation et la poursuite des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Remarquons que Barack Obama n'a pas prononcé ce discours, comme de tradition, par devant le parlement (Knesset), mais devant la jeunesse d'Israël. C'est à vous de décider dans quel type de démocratie vous voulez-vivre? rappelez-vous que c'est vous qui définirez l'avenir de vos relations avec les Palestiniens, mais aussi avec le futur d'Israël» a-t-il ajouté. En clair, le président américain sait qu'il n'attend pas de miracle de la part de l'actuelle classe politique au pouvoir en Israël, mais qu'il parie sur la jeunesse de ce pays qui, contrairement à ce que l'on croit, est en majorité pour la paix et un Etat palestinien libre dans ses frontière de 1967. La paix est donc possible dans l'esprit de Barack Obama. Il sait pertinemment qu'elle ne peut être que le résultat d'un effort commun de la Communauté internationale. Les USA ne pourront, seuls, régler le conflit israélo-palestinien, puisque l'on connaît la force du lobby sioniste et son influence sur le Congrès américain. Laisser le président américain, seul, face au conflit et critiquer toute initiative qu'il prend est une attitude trop facile, aisée et irresponsable. Barack Obama se lance, de nouveau, dans une tentative de relance d'un processus de paix pour l'aboutissement d'un Etat palestinien viable. A l'Europe et aux pays arabes de saisir l'occasion pour faire avancer la paix. Il est quand même troublant de constater qu'au moment même où Barack Obama se bat pour le dialogue et la paix, les Européens, sous l'impulsion de la France et du Royaume-Uni, se réunissent à Dublin (Irlande), ce vendredi, pour fournir des armes à l'opposition syrienne. C'est-à-dire attiser, encore plus, le feu dans la région. A défaut d'une diplomatie forte et efficace, l'Europe rajoute la guerre à la guerre. L'Europe aurait pu être auprès de l'initiative de Barack Obama, en ce moment. Les responsables politiques des pays arabes auraient pu saluer les efforts du président américain sur la question palestinienne. En doutant de l'initiative américaine, les pays arabes ne feront pas avancer l'indépendance de la Palestine. Barack Obama répète, depuis son premier mandat et son discours du Caire (mai 2008) qu'il se battra pour un Etat palestinien libre aux côtés d'Israël. Que faudrait-il qu'il fasse pour croire dans ce qu'il dit ou, au moins lui attribuer le bénéfice de la sincérité dans ce qu'il déclare ? |
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