L'ancien président français, Nicolas Sarkozy, a été mis en examen
(inculpé), jeudi, pour «abus de faiblesse» aux dépens de la milliardaire
Liliane Bettencourt, ont annoncé l'avocat de M. Sarkozy puis le Parquet de
Bordeaux. L'inculpation de M. Sarkozy, soupçonné par les juges d'avoir demandé
à Mme Bettencourt de l'argent pour sa campagne présidentielle de 2007 et
d'avoir ainsi commis un «abus de faiblesse», est intervenue après l'audition de
l'ancien président au palais de justice de Bordeaux et sa confrontation avec
plusieurs membres du personnel de la milliardaire. Mme Bettencourt, 90 ans, est
la femme la plus riche de France. Elle est l'héritière du géant mondial des
cosmétiques L'Oréal. En annonçant à l'AFP l'inculpation de son client, l'avocat
de M. Sarkozy, Me Thierry Herzog, a déclaré que la décision était «incohérente
sur le plan juridique et injuste». «Je saisirai en conséquence immédiatement la
chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux pour former un recours
et pour demander la nullité, notamment de cette mise en examen», a annoncé
l'avocat. Le Parquet de Bordeaux a confirmé l'inculpation de M. Sarkozy dans un
communiqué. L'ancien président «s'est vu notifier une mise en examen du chef
d'abus de faiblesse commis en février 2007 et courant 2007 au préjudice de Mme
Liliane Bettencourt Schuller», a indiqué le parquet. M. Sarkozy a été
confronté, jeudi, à au moins quatre anciens membres du personnel des
Bettencourt, dont l'ex-majordome Pascal Bonnefoy, une ancienne femme de
chambre, une infirmière et un autre maître d'hôtel, selon le récit qu'en a fait
M. Bonnefoy à son avocat, Me Antoine Gillot, qui l'a rapporté à l'AFP. Après
plusieurs heures d'audition, l'ancien président est parti du palais de justice
de Bordeaux peu avant 22h00 à l'arrière d'une voiture précédée par un véhicule
de la police circulant à vive allure, a constaté une journaliste de l'AFP.
L'affaire avait été déclenchée par l'ex-comptable des Bettencourt, qui avait
déclaré à la police en juillet 2010 s'être vu réclamer 150.000 euros en liquide
par l'ancien homme de confiance des Bettencourt, Patrice de Maistre, début
2007. Celui-ci lui avait assuré, selon la comptable, vouloir les donner à Eric
Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy. Les juges cherchent
à déterminer si M. Sarkozy a commis un abus de faiblesse aux dépens de Mme
Bettencourt en lui demandant de l'argent pour financer sa campagne
présidentielle de 2007. M. Sarkozy a remporté l'élection de 2007 et a été battu
en 2012, alors qu'il était candidat à un second mandat, par le socialiste François
Hollande. Plusieurs membres de l'entourage de la milliardaire ont déclaré avoir
vu M. Sarkozy à plusieurs reprises pendant la période de la campagne de 2007 et
ont affirmé qu'il avait rencontré Mme Bettencourt à ces occasions. M. Sarkozy a
toujours affirmé s'être rendu au domicile des Bettencourt une seule fois
pendant sa campagne de 2007, pour y rencontrer brièvement André Bettencourt, le
mari de l'héritière de L'Oréal, décédé en novembre de la même année. Ces
derniers temps, la question d'une éventuelle nouvelle candidature de M. Sarkozy
à la présidentielle de 2017 agite régulièrement le monde politique français et
les médias. Les premières réactions à son inculpation, venues du camp de M.
Sarkozy, se référaient à cette éventualité et voyaient dans la décision de la
justice des motivations politiques. Ainsi, Lionnel Luca, député du parti
conservateur UMP, écrivait sur son compte Twitter: «La seule chance de FH
(François Hollande) en 2017, c'est d'éliminer par tous les moyens la
possibilité d'une candidature du seul adversaire qui peut le battre».