A l'évidence, pour les handicapés, ou les personnes aux besoins
spécifiques comme on les appelle pudiquement, les années se suivent et se
ressemblent. Et le 14 mars de chaque année, consacré Journée nationale des
handicapés, ils sont contraints encore de monter au créneau pour exposer leurs
souffrances et signaler à qui de droit, si ce n'est pas à la société en
général, que leur prise en charge reste toujours au stade des bonnes intentions
sans plus et des promesses sans lendemain. Rencontrés hier, quelques-uns
d'entre eux, que nous connaissons de longue date, nous ont exposé leurs
souffrances quotidiennes, qui pour se soigner, qui pour se déplacer vers les
centres de soins ou vers la tutelle, la direction de l'action sociale et de la
solidarité, qui pour arriver à joindre les deux bouts quand on sait que la
prime mensuelle qu'ils perçoivent n'arrive même pas à couvrir leurs besoins
pour une dizaine de jours. Durant les activités qui ont marqué leur journée
jeudi, les intéressés ne se sont pas seulement lamentés sur leurs conditions de
vie, mais ils ont évoqué également leurs droits en revendiquant la mise en
application des lois spécifiques à leur catégorie. Et dans ce domaine, même
l'administration a dû reconnaître que rien n'a été fait en leur faveur. «En
matière d'application de la loi sur l'accessibilité des personnes handicapées
aux lieux publics et dans les administrations, a reconnu, en effet, le DAS de
Constantine, M. Hassan Boukachabia, lors de l'ouverture officielle de la
journée organisée cette année au centre psychopédagogique d'Ali Mendjeli, il faut
dire que nous sommes encore loin, très loin du compte. Si dans quelques
structures de santé publique et de services, comme dans des bureaux de poste où
des passages en pente ont été aménagés à leur intention, l'environnement en
général demeure inaccessible pour les handicapés. Aussi, la majorité de nos
institutions ne voient que cet aspect-là alors que la loi porte sur toutes les
catégories de handicaps comme la cécité, la surdité, etc. Et franchement, dans
ce domaine, je le répète, nous sommes encore loin du minimum nécessaire à cette
frange de notre société».
Pour remédier un tant soit peu à cette situation, le responsable du
secteur au niveau de la wilaya a ajouté que dans le sillage de la commission
nationale instituée à cet effet, il faut également prévoir des commissions au
niveau de chaque wilaya qui activeront en étroite coordination avec le
mouvement associatif pour arriver à faire appliquer la loi sur l'accessibilité
et rendre cette disposition effective. Dans ce cadre aussi, en plus des activités
traditionnelles de remise de fauteuils roulants et de voiturettes aux personnes
aux besoins spécifiques, des conférences et des journées d'études ont été au
programme. Et à cet égard, il importe de signaler la journée d'études organisée
le même jour à El-Khroub pour les jeunes handicapés visuels afin de leur
apprendre la méthode braille, rencontre qui a été animée par des spécialistes
venus de la capitale et des wilayas environnantes. Ces derniers ont planché sur
le thème de «la clarification dans la méthode braille». «Nous avons initié
cette journée d'étude pour rompre le silence dans lequel est confinée cette
méthode d'apprentissage de la lecture et apprendre le braille aux jeunes
aveugles», a déclaré encore le président de l'association organisatrice, M.
Bouallègue Lotfi. Enfin, notons qu'à son tour, le Croissant-Rouge algérien
s'est impliqué dans les manifestations qui ont marqué la journée du 14 mars, en
organisant des journées portes ouvertes sur le centre spécialisé des jeunes
filles aveugles qu'il gère à Constantine et qui s'étaleront sur trois jours.