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Malgré les pressions dont ils ont fait l'objet, les manœuvres
d'intimidation et de division qui ont visé à faire avorter leur mouvement de
protestation, les initiateurs du rassemblement des chômeurs à Ouargla peuvent
légitimement parler de succès même si l'objectif symbolique du « million» de
manifestants n'a pas été atteint. La manifestation de jeudi a tout de même
drainé une grande foule. Assez pour décider les autorités à transmettre à ses
organisateurs l'invitation à se rendre à Alger pour négocier la mise en
application des mesures décidées par l'Etat en faveur de la jeunesse et des
populations du Sud. Invitation qui démontre la fausseté des accusations
officielles distillées contre ces organisateurs et leur mouvement.
Ce dialogue aurait pu s'engager entre ces derniers et les autorités sans qu'il y ait nécessité d'aller au bras de fer. Ce que les premiers ont pacifiquement mais vainement demandé à ces autorités qui ont été autistes et acharnées à les discréditer en les présentant comme des comploteurs travaillant pour la réalisation d'un «agenda étranger» ayant pour objectif la partition du Sud algérien du reste du pays. Les manifestants de Ouargla ne pouvaient ignorer que les insanités déversées contre leur mouvement par la propagande du pouvoir a trouvé des oreilles crédules dans le pays et savaient donc qu'ils devaient non seulement faire une démonstration de force mais montrer leur attachement à l'unité de la nation algérienne. Quoi de plus démonstratif de cet attachement que le slogan scandé par eux affirmant que l'unité de l'Algérie est la ligne rouge que personne ne s'avisera de dépasser. Jeudi à Ouargla, les jeunes qui ont répondu à l'appel des organisateurs de la manifestation ont infligé une leçon de maturité aux autorités et à leurs relais qui les ont accusés d'être manipulés par des officines étrangères et des forces intérieures antinationales. Il s'agit maintenant de savoir si l'invitation au dialogue lancée par elles aux animateurs de la protestation sociale des wilayate du Sud n'est pas simple manœuvre dilatoire destinée à briser l'élan de celle-ci. Elles sont coutumières du fait et machiavéliquement expertes dans l'art d'enfumer les interlocuteurs qui acceptent le dialogue avec elles. Les initiateurs de la démonstration de Ouargla ont parfaitement conscience qu'ils vont faire l'objet d'une tentative d'opération de ce genre. Ils l'ont anticipé en fixant au dialogue auquel ils sont conviés un délai dans le temps et un contenu pratique à débattre. Abdelmlalek Sellal qui devrait présider à ce dialogue est crédité d'être « ouvert et franc » et acquis au traitement des revendications exprimées par la jeunesse et les populations du Sud. L'occasion va être donnée de vérifier la véracité de ces aprioris positifs dont il a été crédité. Il sait que les mesures qui ont été édictées dans sa lettre d'instruction, pour aussi perçues qu'elles l'ont été comme allant dans le bon sens, ne vont pas résorber l'immense retard multidimensionnel dont souffre le sud du pays. Lequel a besoin que l'Etat lui consacre un programme global de développement basé sur une stratégie cohérente bannissant le bricolage et la poudre aux yeux qui ont été à l'origine de l'accumulation des frustrations dont la manifestation de jeudi a pacifiquement démontré la gravité et émis le signal que les populations du Sud ne veulent plus faire devant les gâchis d'une gouvernance à tout point de vue, elle, antinationale et attentatoire à l'unité nationale. |
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