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Deux versions pour
un même conflit qui mine, depuis plusieurs semaines déjà, l'Institut supérieur
des métiers des Arts du spectacle et de l'Audiovisuel (ISMAS) de Bordj El
Kiffan. Des revendications, un débrayage général suivi d'une grève de la faim
pour finalement voir le ministère de la Culture décider, purement et
simplement, de fermer les portes de l'ISMASn, à partir du 27 février. Le
bras-de-fer qui oppose les étudiants de l'Institut à leur tutelle connaît ainsi
une issue extrême, justifiée par un communiqué du département de Khalida Toumi,
rendu public, ce jeudi, par «la préservation des personnes et des biens
publics». Si pour les premiers, les raisons de ce conflit est à chercher
ailleurs que dans la case du règlement intérieur, le communiqué ministériel,
qui se veut pédagogique, explique chronologiquement les troubles à l'ISMAS.
Ainsi, le ministère précise, d'emblée, que ce dernier est régi par les statuts
des instituts nationaux de Formation supérieure en Algérie et qu'il est soumis,
de ce fait, aux dispositions prévues par des décisions interministérielles,
notamment en ce qui concerne les volets éducatifs. Il est aussi régi par un
règlement intérieur adopté par un Conseil d'orientation qui compte un membre
représentant les étudiants. L'application de ce règlement serait donc la base
du conflit, selon le ministère puisqu'il stipule, en son article 13, que «les
enseignants sont habilités à contrôler la présence des étudiants» et qu'
«au-delà de trois absences non justifiées ou de cinq absences justifiées, dans
un module donné, l'étudiant est exclu du module, pour une année et n'est pas
autorisé à se présenter aux examens».
Une disposition, somme toute, naturelle comme dans les autres instituts éducatifs. La même source précise que l'administration a notifié aux étudiants la décision de présenter les absentéistes en Conseil de discipline, le 16 janvier 2013 après que plusieurs étudiants eurent cumulé plus de 60 absences en seulement 2 mois et demi. Le jour même du Conseil de discipline, les élèves ont décidé, par le biais de leur bureau représentatif, d'observer une journée de protestation en soulevant une série de revendications pédagogiques. «Est strictement interdit, tout acte délibéré de nature à entraver le déroulement des activités pédagogiques telle la grève ou toute autre action visant à empêcher les étudiants de suivre les cours ou de se présenter aux examens ou encore les rassemblements non autorisés», souligne l'article 53 du règlement intérieur. Pour le ministère de la Culture, cette démarche administrative est à l'origine des troubles vécus. Une assemblée générale des étudiants est alors organisée pour décider d'entamer un mouvement de grève générale. Une grève jugée illégale par la justice, en date du 29 janvier, après l'introduction d'une action en référé auprès du tribunal d'El Harrach, par la direction de l'Institut. Le communiqué poursuit que face au refus des étudiants de se conformer à la décision de justice, la direction de l'Institut a convoqué une réunion du Conseil de discipline, le 30 janvier 2013, à l'issue de laquelle 10 étudiants ont été exclus définitivement et 5 autres suspendus pour une année. Par la suite et à partir du 24 février 2013, «les personnes concernées par les mesures d'expulsion ont entamé une grève de la faim et investi l'accès principal de la direction des Affaires pédagogiques, entravant la circulation en dressant des barricades en utilisant des biens de l'institut», selon toujours la même source d'informations qui ajoute que malgré la décision prise par la ministre, les étudiants continuent d'occuper les lieux amenant le ministère à envisager d'introduire une autre requête auprès des juridictions, dans le courant de la première semaine de mars 2013. Cette mise au point est pourtant loin de ce qu'affirment les étudiants pour lesquels le mouvement de protestation a pour objectif «l'application de nos revendications qui se résument dans les quatre ateliers que Mme la ministre a promis, lors de sa dernière visite à l'institut, en 2011», précise leur communiqué «explicatif» rendu public, la semaine dernière, sur le pourquoi de leur grève de la faim. L'ouverture d'une enquête approfondie sur la gestion de l'Institut «qui souffre de la sourde oreille pratiquée par les deux ministères de tutelle» est également parmi les demandes formulées par les étudiants. Pour ces derniers, la grève de la faim des 10 étudiants de l'ISMAS reste la dernière solution «après que le ministère de la Culture ait bloqué tous les canaux de discussion et après que l'administration de l'institut ait banni la constitution algérienne». Tout en tirant à boulets rouges sur le directeur de l'Institut, le communiqué affirme que «toutes ces politiques et pire encore sont exercées contre des jeunes étudiants algériens dont la seule erreur est de revendiquer un diplôme reconnu et une formation digne des ambitions du domaine artistique». |
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