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Du Djebel aux
rizières. A propos des résistances . Un essai et des mémoires de Abderrezak
Bouhara. Editions ANEP, Alger 2004. 300 pages, 660 dinars.
Dans son premier ouvrage, Les viviers de la Révolution (Casbah Editions, 2001, 336 pages,350 dinars), l'auteur - récemment décédé - avait en quelque sorte écrit ses mémoires en se limitant à sa jeunesse et à son engagement dans la lutte de libération nationale. Un livre qui a connu un certain succès, car tombé au bon moment, moment durant lequel les citoyens commencaient à ?aimer? les livres d'?histoire?. Son second livre relève d'un autre registre, mi-mémoriel, mi-essai et très réflexif?à la Bouhara, avec ce mélange et ce style un peu vieillot qui rebute, mais qui, aussi, retient car toujours porteur de sens. Les mots sont pesés, placés là où il faut, visant le ?coeur de cible?, comme au champ de tir. On ne se refait pas. Militaire tu as été, militaire, tu le resteras, comme on dit. Mais, avec un coeur gros comme ça. On le sent. Ca existe chez les centurions, non? L'auteur raconte les résistances , celles des hommes, celles des peuples, celles des armées ?révolutionnaires? , celles des militaires (il aime bien le mot ?guerrier?) , l'art de la guerre, à des moments et en des lieux différents mais tellement semblables (en Algérie juste avant et après l'Indépendance en tant qu'officier chef de bataillon, sur le front de Suez avec les éléments de l'ANP, et au Vietnam en tant que diplomate), les résistances qu'il a rencontrées tout au long de son parcours militaire (en Algérie et en Egypte) , politique et diplomatique ( au Vietnam ) , avec des histoires bien précises , qui vous tiennent , bien souvent, en haleine, regrettant même que l'auteur n'aille pas encore bien plus loin?..afin de connaître leurs ?FIN?. Avis : Je ne m'y connais pas du tout en art militaire, mais seulement en résistance(s), je pense que ce livre devrait (il l'est déjà, certainement) être un ouvrage ayant une place importante dans les bibliothèques des écoles?. militaires algériennes et même étrangères. Il doit, aussi, être lu par tous autres, historiens en tête, car il comporte une somme appréciable d'informations (et de photos parfois inédites) sur nos guerriers. Peut-être assez lourd à digérer, à la limite de l'académique et avec trop de matière . 300 pages, trois axes ou sujets. Du trois en un ! Toujours le problème des auteurs qui veulent tout dire en un seul ouvrage et des éditeurs qui manquent d'imagination en termes de présentation. Le titre est long et ?Résistances? aurait suffit. Un conseil à l'éditeur : à ré-éditer?avec une couverture moins fade Phrase à méditer (Extraite du premier ouvrage, p 15 ) : «Le développement des événements qui ont marqué l'Algérie au cours de la deuxième partie du siècle que nous vivons a provoqué des bouleversements sans précédent?? expression d'une renaissance nationale ???.comparable à celle d'une lame des mers?..Fausse lame puis lame de brise?., puis lame battue?.puis lame sourde?et enfin lame de fond , lorsqu'elle apparaît dans toute sa puissance et son impétuosité..» Sept ans dans le feu du combat. La Guerre d'Algérie en France, 1954-1962. Un ouvrage mémoriel de Mohand Akli Benyounès. Casbah Editions, Alger 2013. 215 pages, 850 dinars L'auteur est actuellement membre (depuis 2008) du Conseil de la nation, faisant partie du Tiers ?présidentiel. Président , depuis 2004, de l'Association des moudjahidine de la Fédération de France du Fln de 1954 à 1962, il a soutenu, sans réserve, dit-il, la candidature de Abdelaziz Bouteflikaà la tête de l'Etat, dès le premier mandat, et il a été un proche de feu Aboubakr Belkaid (assassiné le 28 septembre 1995 par les terroristes islamistes). Un homme résolument engagé dès l'âge de dix-huit ans, grâce à une prise de conscience nationaliste précoce , formé par un père syndicaliste (un émigré qui rejoindra assez vite le maquis et qui tombera au champ d'honneur en 1961) Il raconte tout de son parcours personnel. Sans fioritures ni discours. Avec force détails . Des lieux. Des noms. Des combats. Des actions. Avis : Pour compléter votre documentation sur la guerre de libération nationale??.en France ! Ferhat Abbas, l'homme de presse. Une étude de Leila Benammar Benmansour. Alger-Livres Editions. Collection Etudes et documents. Alger 2012. 273 pages, 680 dinars C'est seulement le 30 octobre 1984 que Ferhat Abbas est décoré de la médaille nationale de résistant??. après avoir «goûté» de la prison dans le Sud algérien (1964-1965), de la «résidence surveillée» (1976-1977), la «confiscation » de sa pharmacie et de son passeport ainsi que le blocage de son compte en banque (1976-1982). ??..La liberté est totalement retrouvée ??. à 80 ans, bien malade, éprouvé par les épreuves infligées par ceux (ou leurs enfants et petits enfants ) qu'il a défendu contre le colonialisme ?..déjà dans les années 20. Lui, le premier Président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (Gpra) . Lui, le premier Président de l'Assemblée nationale de l'Algérie indépendante, le rédacteur d'un ouvrage-choc , en 1931, s'il vous plaît, «le Jeune Algérien», dénonçant la colonisation française et défendant l'algérianité de son peuple. Lui , entré en politique déjà en 1933 luttant pour l'égalité des droits face à l'égalité des devoirs afin «de préparer les Algériens à de meilleures conditions de lutte». Lui, le journaliste-militant dans son journal, «L'Entente» (1935)?puis «L'Egalité» (1944) , puis «La République Algérienne »(1948) ???.Lui, l'auteur du Manifeste du Peuple algérien ( 1943)?.Lui, qui, en 1948, lance un Appel pour la lutte armée, dans le cas où la France refuserait l'autonomie?Lui, dont «l'ami le plus cher» sera Abane Ramdane . Lui, membre du Cnra, du Cee?. Aujourd'hui encore, bien que les historiens , les universitaires et bien des politiques aient reconnu sa forte empreinte sur le cours de l'Histoire de l'Algérie contemporaine?..il reste encore pas assez «présent» dans l'univers politique officiel du pays. Un aéroport ! une université ! Alger, zone interdite ! ???.Il faut reconnaître que Benyoucef Benkhedda ( le second président du Gpra) n' a pas plus ou mieux.Et d'autres, et d'autres . C'est dire toute la «haine» ou l' «envie» ou la «jalousie» qu'ont certains de nos baroudeurs , aujourd'hui encore, à l'endroit des «intellectuels», tous ceux qui «pensent» , qui «doutent», qui « critiquent», qui s' «opposent», qui font preuve d' «humanisme»?.C'est encore pire pour ceux de la «tribu». Alors que pour les autres, parfois même pour des responsables de heurts sanglants, régionalisme et circonstances aidant, la «rahma» va jusqu'au révisionnisme. Avis : Tout ce que vous voudriez savoir sur Ferhat Abbas. Et, surtout, sur le journaliste impénitent ( le vrai doyen du journalisme moderne algérien , avec son camarade Kessous) au service des idéaux de liberté de son peuple . Un vrai lutteur?mais aussi un grand humaniste : Savez-vous que Ferhat Abbas est intervenu en faveur de Messali Hadj, réfugié en France, pour lui faire obtenir la nationalité algérienne qui lui avait été refusée par les gouvernants algériens de l'époque.Et, à sa mort, il est intervenu afin que sa dépouille soit transférée à Tlemcen, sa ville natale ? Qui dit plus. Qui dit mieux ? Phrase à méditer : «C'est une erreur, en politique, de compter sur la sagesse de l'adversaire» (p. 88) |
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