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Au lendemain d'élections législatives sans vainqueur
décisif, l'Italie est hantée par le spectre d'un passé récent d'affaires
politico-financières et de corruption de ses élites. L'ombre de Tangentopoli,
de l'opération Mani pulite (mains propres), de l'éviction dramatique au début
des années 1990 d'une caste politique définitivement souillée par les dérives
de Bettino Craxi et les intrigues de Giulio Andreotti plane sur un pays
démoralisé. Les Italiens confrontés à l'ajustement structurel brutal imposé par
l'Europe et mis en œuvre par Mario Monti sont écœurés par la malhonnêteté
endémique et les connivences coupables d'une trop grande partie de
l'establishment politique et économique. Dans ce pays où l'évasion fiscale est
une tradition établie et où l'économie informelle joue un rôle crucial, les
derniers scandales en date pourraient bien constituer la goutte d'eau qui
ferait déborder le vase d'une caste politico-financière qui menace la
démocratie.
La campagne électorale a été rythmée par la chronique de scandales d'autant moins acceptés que la majorité de la population subit les affres d'une politique d'austérité très sévère. Les manipulations financières de la très ancienne, faute d'être désormais considérée comme vénérable, Monte di Paschi di Sienna rejoignent les affaires de corruption du géant Finmeccanica et de Saïpem, la filiale d'ingénierie du groupe ENI. Même si elles semblent toutes remonter vers des centres de pouvoir, les affaires ne se ressemblent pas, s'agissant de la banque siennoise, un des plus vieux établissements de crédit de la planète, il serait question de mauvaise gestion et de dissimulation de pertes causées par des opérations aventureuses au bénéfice d'hommes politiques locaux. En revanche, pour Finmeccanica, exportateur d'armements, ainsi que pour Saïpem, il s'agit de dessous-de-table faramineux payés à des intermédiaires et des hommes politiques indiens et algériens. Dans ces deux dernières affaires, les pots-de-vin réglés à des responsables étrangers seraient pour partie revenus en Italie sous forme de rétro-commissions destinées à financer des partis politiques. Les contrats d'armement étant en général soutenus par des commissions occultes aux décideurs étrangers, l'affaire Finmeccanica n'aurait pas eu le retentissement actuel s'il n'y avait pas de forts soupçons de financement illégal d'un parti politique italien. L'affaire de corruption liée à la vente de douze hélicoptères Augusta-Westland à l'armée indienne aurait ainsi profité à la Ligue du Nord, parti politique dont serait proche Guiseppe Orsi, le directeur général de Finmeccanica. Mais l'impression d'un remake du mauvais film de Tangentopoli est renforcée par l'implication de Paolo Scaroni, directeur général de l'ENI. Paolo Scaroni avait été mis en cause par la justice italienne en 1992/93 dans le scandale du financement des partis politiques et n'avait évité un détour par la case prison que par un arrangement avec la justice. Monsieur Scaroni qui après un séjour à l'étranger était revenu au pays pour diriger l'ENEL se retrouve à la tête de l'ENI et au cœur du scandale qui a valu son poste à Franco Tali, directeur-général de Saïpem. L'affaire est si grave et le désir de couper la branche pourrie si vif qu'ENI envisage de céder ses parts dans Saïpem. CET APPARENT BEGAIEMENT DE L'HISTOIRE EST L'ILLUSTRATION INDISCUTABLE DE LA VITALITE DU SYSTEME DE COLLUSION POLITICO-AFFAIRISTE QUI DIRIGE EFFECTIVEMENT L'ITALIE. C'EST CONTRE CETTE ORGANISATION CRAPULEUSE QUE SILVIO BERLUSCONI A CONTRIBUE A RENFORCER QUE LA JUSTICE ITALIENNE SE BAT INLASSABLEMENT DEPUIS VINGT ANS. MAIS L'EC?UREMENT ET LA LASSITUDE DES ITALIENS SE TRADUISENT PAR LA VICTOIRE DU PARTI CINQ ETOILES DE BEPPE GRILLO. QUALIFIEE AVEC MEPRIS DE «POPULISTE» PAR LA PRESSE DOMINANTE, LA NOUVELLE FORMATION EXPRIME AVEC FORCE LE REJET D'UNE KLEPTOCRATIE DONT LES M?URS ET LE CYNISME SONT INSUPPORTABLES DANS UN CONTEXTE DE RECESSION, DE CHOMAGE ET D'ENDETTEMENT. |
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