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Grève des boulangers : Le pain a manqué, jeudi

par Salah C.

La grève d'une journée sans pain à laquelle a appelé, dimanche dernier, lors d'une assemblée générale, l'Association des boulangers de la wilaya d'Oran (ABWO), dont le nombre est estimé à 400, a été, selon l'association, largement suivie jeudi.

Le taux a été estimé par Fouzi Behiche, président de cette association corporatiste, à 90%. Pour les initiateurs de cette action de protestation, les boulangers ont répondu favorablement à ce mot d'ordre, en dépit de quelques manœuvres pour casser cette protestation du fait qu'ils considèrent que l'acte de baisser le rideau est devenu l'ultime moyen pour amener les centres de décision à opter pour un dialogue, dans le but de trouver, des solutions idoines, à toutes les revendications formulées depuis plusieurs années. «Conscients du fait que cette action extrême allait pénaliser le consommateur, les initiateurs avaient prévu un service minimum, en désignant, dans chaque quartier, une boulangerie pour assurer le service, ce qui explique l'ouverture de 10% des commerces mobilisés pour l'approvisionnement des hôpitaux, des universités, de l'armée, des écoles et des institutions caritatives », devait souligner M. Behiche. Concernant la portée de cette grève d'une journée, l'association estime qu'elle constitue la seule et unique réponse au mutisme du ministère de tutelle et porter haut les préoccupations professionnelles de la corporation et notamment la marge bénéficiaire qui a connu une érosion, en raison de la hausse de toutes les charges, allant de l'énergie aux matières premières, en passant par les salaires. Parallèlement à la fermeture des boulangeries, un sit-in a été tenu, jeudi matin, devant le siège de la wilaya et qui a abouti à une entrevue entre les représentants des boulangers et des responsables de la wilaya d'Oran. A cet effet, M. Behiche précise: «Nous avons fait part à nos interlocuteurs du marasme vécu par notre corporation et remis nos doléances avec la promesse qu'elles seront sérieusement étudiées et prises en considération». Concernant les doléances, le même interlocuteur affirme: «nous demandons aux pouvoirs publics, à ce que les charges fiscales qui nous obèrent soient revues à la baisse tout en nous soutenant afin que nous puissions faire face à cette situation». Notre objectif n'est pas mercantile, explique le représentant des boulangers, étant donné que notre revendication n'est pas d'augmenter le prix de la baguette de pain car même à 15 DA, le boulanger ne s'en sortira jamais». En clair, notre interlocuteur précise qu'il s'agit «de trouver des mécanismes adéquats pour éviter d'asphyxier cette corporation. Tout en comptant énormément sur une réponse favorable à leurs doléances, à travers l'ouverture d'un dialogue constructif, le président de l'association ne va pas avec le dos de la cuillère, pour avertir que dans le cas contraire, cette journée, décrétée sans pain, peut être reconduite avec d'autres formes de protestation plus dures et qui iront crescendo jusqu'à la satisfaction de nos préoccupations professionnelles».

Ceci dit, un ultimatum d'un mois est accordé aux pouvoirs publics pour trouver des solutions, étant donné qu'à l'issue de cette période, une autre assemblée générale sera tenue et la parole sera donnée à la base pour décider des suites à donner à ce combat, même en recourant à une grève générale, devait conclure M. Behiche. Du côté des consommateurs, dès la matinée de jeudi, ils étaient désorientés et si certains avaient pris leurs devants, la veille en doublant leurs provisions, nombreux sont ceux qui ont été pris au dépourvu. Les seuls à avoir doublé leurs recettes, ont été sans conteste, les fabricants de pain traditionnel dont les commerces ont connu un rush inhabituel ainsi que certains supermarchés qui ont écoulé d'importantes quantités de pain ?syrien'. Mais cette situation a engendré une espèce de psychose auprès des consommateurs au point où des rumeurs ont été entendues, faisant état de la durée de trois jours pour cette grève. Cependant, hier comme prévu, les boulangeries ont repris du service.