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Les 160 membres du comité central du FLN qui ont voté enfaveur
de sa destitution sont en apparence convaincus d'être ses tombeurs. Ils ne
pourront néanmoins masquer la réalité qui est que sa «défaite» a pour cause non
leur dissidence mais un scénario dont ils n'ont été que les exécutants
instrumentalisés. Appareil politique et machine électorale au service du
système, le FLN auquel ils appartiennent ne peut choisir librement à qui
confier les rênes de sa direction. Désignation et changement à son sommet
résultent d'injonctions venant du clan dominant du pouvoir en fonction d'un
agenda politique dont seul il a le secret.
Les «coups d'Etat scientifiques» qui s'élaborent en interne du parti en la circonstance ne sont que mise en scène destinée à donner l'illusion que l'opération est affaire du parti conséquence d'une bataille entre courants antagonistes en son sein. De bout en bout, celui qui s'est développé contre Belkhadem a obéi à la même tactique. Dans la réalité, le départ de Belkhadem est une séquence dans les grandes manœuvres qui préparent l'élection présidentielle de 2014, ayant été programmée par avance, et l'intéressé en était parfaitement conscient, car sachant ce pourquoi il a été propulsé au secrétariat général du FLN. Contrairement à ce qu'affirment ses détracteurs au FLN, Belkhadem depuis son arrivée à la tête du FLN n'a pas fait que jouer le rôle que ses parrains haut placés lui ont assigné. Celui de donner l'impression que sous sa houlette le parti a glissé vers des positions plus islamisantes que nationalistes et que lui du fait du poste occupé peut légitimement briguer la candidature à l'élection présidentielle. Le but de la manœuvre étant double pour ceux qui le lui ont fixé. Il s'est agi de faire peur à l'opinion citoyenne qu'effraie la perspective d'un candidat de son acabit qui plus est sous étiquette FLN ayant viré au «vert». Cette perspective faussement donnée pour probable a effectivement hanté les esprits et installé Abdelaziz Belkhadem dans l'image d'être la pire menace qui guetterait l'Etat républicain à l'approche de l'échéance de l'élection présidentielle. «Tout mais pas lui» est devenu le slogan fédérateur de tous ceux qui prétendent défendre cet Etat républicain, y compris que Bouteflika postule pour un quatrième mandat pourvu que Belkhadem n'accède pas à la fonction présidentielle. Belkhadem a admirablement joué le rôle de «repoussoir» qui lui a été assigné. Son départ est à ce titre une fin de mission réussie et non une disgrâce encourue pour avoir nourri une ambition démesurée. Bientôt ses «vainqueurs» se verront imposer un nouveau secrétaire général qui «repositionnerait» le FLN sur ses «valeurs nationalistes» et lui fera approuver la nécessité d'un quatrième mandat comme seul rempart contre une candidature islamiste. Le départ de Belkhadem signifie que le scénario pour la présidentielle de 2014 est au point et qu'il a fait consensus au sein des cercles dirigeants du pouvoir. Un scénario dans lequel lui et Ouyahia n'auront joué qu'aux épouvantails ayant été respectivement agités par les clans du système pour s'obliger à passer un compromis qui ne dessert les intérêts d'aucun d'entre eux. Leur effacement de la scène politique projette même l'illusion que la réélection de Bouteflika est précédée d'un changement politique radical en douceur. Les dindons de la farce sont bien sûr le peuple algérien, mais aussi ces «redresseurs» qui persistent naïvement qu'ils sont acteurs agissants sur la scène politique. |
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