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Continuons cette chronique
destinée aux jeunes ou moins jeunes qui sont curieux de cet art qui, en même
temps, les fascine et les fait fuir pour des raisons de méconnaissance.
Car c'est toujours la même histoire, certains veulent rendre opaque un art ou une science pour accaparer sa maîtrise aux fins d'un pouvoir sur les autres. L'une des missions de la pédagogie et du partage est de briser ce genre de fatalisme. Je m'étais fixé comme objectif de présenter quelques airs des plus connus, d'une manière arbitraire puisque c'est mon plaisir que je veux partager mais aussi parce que s'ils ne sont pas les seuls, unanimité est faite sur la certitude de leur admirable beauté. Nous voici de nouveau avec le compositeur italien Giacomo Puccini. L'air que je propose est tiré d'une oeuvre d'opéra dénommée Gianni Schicchi présentée pour la première fois en 1918. En général on reconnaît l'air car mille fois entendu mais il est plus difficile pour les jeunes d'y associer son nom et encore plus improbable celui de la pièce d'opéra dont il est tiré. C'est encore plus vrai dans le cas présent car auprès du grand public le nom de Gianni Schicchi ne semble pas être très connu. L'histoire de cet air, dans un contexte plus complexe à résumer, est assez facile à comprendre. Comme dans Roméo et Juliette, la guerre entre deux familles pousse un père à interdire l'amour de sa fille pour un jeune garçon du « clan ennemi ». Le thème est l'un des plus récurrents dans la littérature, le cinéma ou dans les œuvres chantées à travers les siècles. La complainte de l'amour est le propre du cœur de l'être humain. C'est un sujet inépuisable. L'air que je présente est l'un des plus beaux du répertoire de l'opéra. C'est le moment où la jeune fille implore son père en criant son amour : « O Mio Babbino Caro » (Mon cher petit papa). Ô mon cher papa, je l'aime, il est beau, beau. Je vais aller à Porta Rossa 1 acheter l'anneau ! Oui, oui, je veux y aller ! et si je l'aime en vain, j'irai sur le Ponte-Vecchio, mais pour me jeter dans l'Arno ! Je me languis et je me tourmente ! Ô Dieu, je voudrais mourir ! Papa, pitié, pitié ! Papa, pitié, pitié ! Le père finira par succomber aux suppliques de sa fille, comment pouvait-il en être autrement devant un cri aussi déchirant. Il faut toujours faire attention à la critique des paroles. Beaucoup trouveraient que ce sont des propos pour jeunes amoureux lycéens ou d'une littérature peu élevée dans laquelle des paroles sirupeuses y sont prononcées. Ce n'est pas tout à fait faux mais il ne faut jamais oublier que l'opéra, c'est d'abord l'extraordinaire voix de l'être humain qui, portée par l'excellence de la composition musicale, atteint le sublime. La plus grande preuve qu'il soit est que les êtres humains sont fascinés par cet air si célèbre sans qu'ils aient, pour la majorité d'entre eux à travers le monde, la connaissance de la langue dans laquelle est écrite l'œuvre. Pour cet air fantastique, prenez patience une petite minute avant de reconnaître ce que vous avez toujours connu sans en savoir l'histoire ni même le nom. C'est ce que je répète à chaque proposition de cette chronique à l'exception d'une ou deux compositions qui sont immédiatement reconnues comme c'est le cas pour Carmen. Un point qu'il faut savoir : Ce chant est une «aria», un souffle dans la traduction de l'italien, soit une composition écrite pour un seul ou une seule interprète, ici une soprano. Il s'agit donc d'une mélodie chantée par une seule personne accompagnée par une musique assez lancinante et qui se caractérise par des montées en puissance de la voix à chaque nouveau couplet. Pour une pièce d'opéra, l'aria est parfaitement adaptée à une complainte d'amour puisqu'il s'agit d'une douleur aigüe qui se manifeste en une forte intensité. Lien : https://www.youtube.com/watch?v=Sf-tjXevlyQ *Enseignant |
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