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Quelle aubaine ! Le sommet de
la francophonie, une véritable fête des valeurs universelles (paix, démocratie,
humanisme) tombe du ciel. Les 26 et 27 novembre 2016, Madagascar va attiser la
curiosité de J. Trudeau de F. Hollande et de quelque 90 pays représentés. Le
tropisme français va-t-il innerver l'île d'espérance économique et sociale ?
Ce XVIe Sommet va-t-il être un vrai retour sur la scène internationale ? C'est ce qu'espère Madagascar qui se classe parmi les dix pays les plus pauvres du monde. Avec le village de la francophonie, l'aménagement de la nouvelle route de la digue, du port de Tamatave (Toamasina), la voilure économique va-t-elle être mieux souquée par la chaloupe malgache ? Le souhait d'entrée en jeu de l'Arabie saoudite s'annonce comme une verrue. Depuis quand «les chameaux sont-ils sensibles à l'odorat de la cannelle», comme dit le proverbe algérien ? Un pays où est né l'arabité teinté d'une très forte puissance religieuse s'opportune tout d'un coup d'obédience française. La Kaaba va trembler ! Fragile retour en grâce ou reprise énergique stimulée par ce concours international de bonne volonté ? Foin de suppositions ! Bon sens ne saurait mentir. Sur un autre registre, comment faire avancer les pions sur la latérite rouge sans perdre l'équilibre ? Comment toutes les voitures (Deux-Chevaux (2CV) et Renault (RL) se sont données rendez-vous à Tana sans ambages ?. Questionnement usité dont les chauffeurs de taxi ont aisément réponse. Les présidents Ratiskara et Ben Bella, après les indépendances ont eu les mêmes inclinaisons chinoises pour parader en tenue Mao. La reine Ranavalon III est morte en exil à Alger sous la colonisation. Encore un lien en commun. L'île de Madagascar dérive géographiquement depuis le Gondwana, l'Algérie fait la planche sur une nappe pétrolière et brasse l'inclinaison. Quelle condescendance ! Faudrait-il ajuster ces falbalas incongrues des châles portés par les femmes Imérinas, pour plus de sens esthétique tribal ? Itou pour le masque facial de couleurs blanc-jaune (masonjoana). Est-ce une beauté ou une protection contre le soleil et les moustiques (mâles) ? Châles colorés, masques esthétiques, manifestent le sens le plus traditionnel de la vie des Mérinas dans les hautes terres de Madagascar. Madagascar produit généralement une intense impression d'étrangeté. Plus qu'un voyage, une véritable expérience humaine, un envoûtement, une manière de vivre, de faire la fête avec la bière, et une manière de mourir (deux enterrements espacés, avec le retournement des morts en sus). Déguster une série de brochettes de zébus face à un immense baobab et voir voltiger les lémuriens sans y perdre le sens d'orientation ni le goût de la joie de vivre n'est-il pas une délectation de nanti ? De ce musée naturel, régal pour les naturalistes, paradis touristique où la chaleur et les cocotiers sont bien là, les paysages sont autant de cartes postales avec des noms qui s'étirent à couper le souffle, et à longueur de plume : Président actuel : Rajaonariarimampianina, celui d'un ancien roi : Andrianamoiniméria. Les Malgaches demeurent assez chatouilleux sur la prononciation des noms, une forme de civilité et de respect auxquels il faudrait se conformer dans les protocoles. La grande île rouge De l'Afrique, dont elle s'est séparée il y a 165 millions d'années, elle a gardé la terre rouge. De l'Asie, d'où est venue une large part de sa population, elle a hérité les rizières et fructifié les apports nouveaux en agriculture et en faune domestique. Madagascar n'est pourtant ni réellement asiatique, ni totalement africaine, sa culture originale en fait la seule terre «afro-asiatique» de la planète. Quatrième île du monde par sa superficie (587.000 km2), légèrement plus grande que la France, la Grande île est un monde à part. Dix-huit populations ou ethnies se partagent ce territoire de forêts tropicales, de déserts d'épines, de plages de sable blanc, de latérite, de lagons, de Tsingy (cathédrales de calcaire). D'une pointe d'humour, le Général De Gaulle s'est ajouté une dix-neuvième tranche qu'étaient les Français d'occupation. Cette mosaïque ethnique s'est forgée au fil des siècles, un système de valeurs authentiquement : malagasy. Madagascar est une véritable arche de Noé abritant un nombre d'espèces à faire pâlir d'envie le naturaliste le plus blasé. On y croise des orpailleurs, des missionnaires, des chercheurs de saphirs, des passionnés de tous poils?On y finit ses journées heureux mais couvert de poussière, on n'y trouve pas toujours le gîte dont on a rêvé, ni les services que l'on aurait souhaités. Aller d'un point A à un point B équivaut parfois à résoudre une équation à plusieurs inconnues?Mais au pays du mora-mora (doucement-doucement), l'équivalent du magnana magnana sud-américain, s'accumule dans l'escarcelle des bons souvenirs. C'est la destination idéale de ceux qui sont prêts à sacrifier un peu de confort (hôtels fatigués) (boui-boui de brochettes de zébu), taxi de brousse aux ressorts cassés, et de tout baroudeur digne de ce nom défiant les mandragores et la route des îles parfumées. Le goudron, un véritable luxe, laisse la place à la piste poussiéreuse mais aux vues surprenantes. Le lémurien, cet ancêtre du singe, vous distrait tout au long de la forêt tropicale. Des baobabs majestueux (14 mètres de tour) forcent l'attrait du regard et constituent la curiosité du coin où les cliquetis des « smartphones » ou les « selfies » rivalisent pour les images « m'as-tu-vu » évocatrices à tous moments entre amis. De « la terre des ancêtres » jaillit cette humeur bon enfant d'un fatalisme qui imite et louvoie le « mektoub ». C'est vrai qu'une certaine culture islamique importée des îles Comores et des côtes zanzibaries déteint sur la région de Majunga. L'île continent interroge sans cesse. Chaque jour on y trouve matière à réflexion, sur le rituel d'enterrement à deux reprises, sur les divers tabous, les jumeaux indésirables en particulier, sur le châle blanc de toutes les femmes des Imerina, tribu dominante, le masque de beauté contre le soleil dont sont induits les visages surtout à l'île star de Nossy Be. Une île au sable blanc où le touriste se gargarise d'exotisme (fruits et boissons d'élixir). Les baleines à bosses au loin, clignotent dans l'océan Indien, par des plongeons remarquables. Les boutres, ces chalands à voiles spécifiques des anciens marins des Comores sillonnent le canal du Mozambique malgré ses 400 kilomètres de large. Autrefois, il y a 1.500 à 2.000 ans, la navigation hauturière a ramené l'Indonésie ses premiers habitants. Ils en sont présentement un mélange harmonieux de 24,2 millions d'une «unité plurielle» (dont 33% âgés de 10 à 24 ans). Antananarivo Au centre la capitale Antananarivo -Tana pour les intimes- se déversent quatre axes principaux des points cardinaux. La RN6, route goudronnée, se dirige à 1.200 km vers Diego-Suarez (Antsiranana), la RN4 (600 km) vers Majunga (Mahajanga), la RN7 (900 km) vers le sud sur Fort Dauphin (Taolagnaga), (piste poussiéreuse, infecte et pleine d'épines d'un désert qui ne veut dire son nom), un paradis pour les 4/4 et, enfin, la RN5 qui s'étiole vers la côte de la vanille foisonnant de parcs nationaux où niche l'île Sainte Marie (un autre site touristique en plein développement). Le centre de la ville Entourée de six collines sacrées, la ville se niche au bas de la vallée, tout en grignotant sur les hauteurs. Le quartier s'articule autour de l'Avenue de l'Indépendance, épicentre de la ville qui commence à la gare ferroviaire de Soarano et se termine à l'hôtel Glacier. Pour accéder à la ville haute, il faudra immanquablement couper par les escaliers d'Analakaley (160 marches). Tous les Vazana (étrangers) l'empruntent. Tout au long, à chaque marche, un étal vous offre une variété de marchandises avec une majorité de tampons-encreurs que vous pourrez faire réaliser à la demande. Cahin-caha, vous avalez cette volée de marches tout en maintenant le souffle et luttant contre le harcèlement des étalagistes. Et Dieu sait s'ils sont doués ! Car si jamais, vous y prêtez attention ou proposez un prix, si bas soit-il, vous êtes pris, suivi, harcelé, essoré, fatigué, et énervé ou bien acquéreur malgré soi. Aux pieds des escaliers, les pavillons (vestiges du Zoma, l'immense marché à ciel ouvert qui se tenait jusqu'en 1997 le long de l'avenue, et dont le cinquième jour de la semaine, vendredi djoumoua se dit «zoma» en malgache) étaient le point d'orgue, instaurés sous le règne du roi. Les boutiques serrées, la gaudriole dans l'air, les gens gesticulent, se lancent des balivernes, la volonté de se dé-coltiner de la pauvreté se manifeste ainsi. Une cogitation à hue et à dia ! Les pickpockets bien organisés, notamment des enfants avec chapeau, rôdent comme des vautours pour s'abattre sur le nouveau touriste visible à sa casquette immaculée et sa caméra en bandoulière. Les déconvenues du voyage s'ajoutent à la «tourista», aux arnaques du change mirobolant. On cherche une terrasse pour se soûler de nouveaux paysages et se décanter des fortes émotions. En plein centre on est frappé par une auguste architecture représentant la gare centrale. La gare de Soarano, classée patrimoine national, abrite un café luxueux et un restaurant prestigieux, des guichets, un quai désert à qui il manque? des passagers. Aucun service ferroviaire n'opère en effet depuis la capitale. Tribut colonial ! Un outil de conservation durable : le tourisme malgache, défi à la pauvreté Une association malgache, créée en 1997 avec l'objectif de gérer de nouvelles aires protégées, a lancé le défi pour un aménagement du terrorisme et d'en faire un levier de développement. «Il est temps de sortir du discours sur la pauvreté, l'assistance, et d'essayer de comprendre la richesse des villages. Changer des pratiques ancestrales et faire sortir les populations de la pauvreté, gérer l'environnement à long terme ; introduire cette notion de long terme est l'un de nos défis. Anjozorobe, un village à 85 km de la capitale, est bâti sur un terrain de villageois par l'association Fanamby, emploie les locaux et leur fait prendre conscience que la pauvreté n'est pas une fatalité et que si l'Etat est défaillant, la population doit réagir et se prendre en charge. Pour la communication nous avons une station de radio qui diffuse la vie du village. Cette radio rurale nous sert à nous sortir de l'autarcie et à créer des échanges, ce qui est fondamental», déclare Serge Rajabelina, secrétaire exécutif de Fanamby. Il manque certainement un écomusée qui relatera l'historique de la région, dont la boutique écoulera les produits artisanaux. Créer un partenariat avec les artisans d'Antsirabe, qui élargira la besace économique. Un projet à accrocher à l'espérance. La volonté des villageois existe, mais quel élément déclencheur mettra-t-il le feu aux poudres ? C'est le panacée des pays pauvres : l'espérance. Une visite du Rova (palais de la Reine) Visible depuis presque tous les points de la capitale qu'il coiffe de sa haute stature, le palais de la Reine est ouvert à la visite après une éternité de rénovation. En entrée, un portail surmonté d'un aigle, symbole de la force royale, donne accès à cet ensemble de palais historiques de la monarchie Merina construit sous le règne de Ranavalona II. Voyage en taxi-brousse Un voyage en taxi-brousse ou en taxi-be (be=grand), de préférence sur une longue distance, s'impose absolument pour qui souhaite saisir une part de la réalité malgache. Comme pour les marchés, les transports en commun sont l'occasion de côtoyer au plus près les habitants. Madagascar n'échappe pas à la règle. On arrive à la station de taxi-brousse avant l'aube, ou à la tombée de la nuit, à la lueur des braseros et dans une vaste clameur de cris, d'appels et de coups de klaxon. Les chauffeurs aidés des rabatteurs des compagnies hurlent le nom de la destination de leur ligne cependant que les passagers se regroupent lentement, ticket en main auprès des véhicules. Ces derniers, la plupart des minibus, dont on a déjà commencé de charger les coffres et le toit d'une invraisemblable quantité de ballots et bagages bien arrimés. Autour des passagers une nuée de vendeurs de beignets, gâteaux, fruits, yaourts en sachets. Puis vint l'heure d'embarquer, quatorze voyageurs bien serrés. Le voyage va durer cinq à six heures avec quelques pauses santé. Pour les hommes, ils s'éloignent de quelques pas et l'affaire est réglée, mais pour les femmes, oh surprise ! Juste à quelques pas, elles descendent un large pan qui couvre le bassin et l'opération émet sa musique. Dans l'habitacle une musique rythmée et assez forte nous tarabuste les oreilles. Au fil des heures, proximité oblige, les langues vont se délier. La première crevaison marquera la solidarité de tous et à mesure que s'approche le terme du voyage l'excitation grandit. Au final, dans la gare routière d'arrivée, parmi l'agitation des taxis et des pousse-pousse, le vazaha (le blanc étranger) embarqué dans l'aventure de ce voyage aura sans doute le sentiment d'avoir un peu appris sinon de l'âme malgache, du moins de ces hommes à la spécificité culturelle si marquée. Bois de rose : les larmes de la forêt Bola Bola. Le mot est sur toutes les lèvres à Vohémar depuis 2009. Bois de rose. Une essence aussi rare que l'ébène, officiellement protégée mais qui fait l'objet d'un trafic frénétique sur la côte nord-est depuis le début de la crise politique. Les coupeurs de bois ont commencé par s'intéresser au parc de Marojely. Des milliers de conteneurs de bois de rose sont ainsi partis notamment à destination de la Chine. Le jeu en vaut la chandelle, le kilo de bois de rose, acheté quelques centaines d'ariarys en forêt, peut atteindre 20 euros à l'export. Dans les faits, l'exploitation de l'ébène et du bois de rose est interdite à Madagascar depuis 2000. Les barrons du bois de rose tentent policiers, douaniers, militaires et même hôteliers. En 2010, l'UNESCO a inscrit les «forêts humides de l'Atsinanana» qui incluent les parcs de Masoala et de Marojely, sur la liste du «patrimoine mondial en péril». En attendant mieux, le trafic continue. Grandeurs et misères de la vanille Avec une production de 1000 tonnes, la vanille dite «Bourbon», réputée pour ses qualités, est principalement plantée au nord (climat chaud et humide). Dans les gousses, les tricheurs introduisent des clous afin de gagner en poids, ce qui fait fuir les acheteurs internationaux. La loi fixe à 2 kg maximum la quantité de vanille préparée que les visiteurs peuvent emporter avec eux, sur demande (frein de découragement). Diego-Suarez (Antsiranana : là où il y a du sel) Ville de fête, ex- ville de marins. Certains apprécient sa vie nocturne débridée, ses vestiges d'architecture coloniale, une ville qui bouge et évolue. Sa baie et son port naturel qui servirent de base navale jusqu'en 1973, avec son pain de sucre qui se profile au large, la comparaison avec la baie de Rio de Janeiro est vite établie. La mer d'émeraude, les formations du Tsingy (latérites de formes fantasmagoriques de couleur ocre), la route goudronnée, les parcs qui l'entourent, font l'unanimité auprès des voyageurs et justifient à eux seuls le voyage. Le nom de «Diego-Suarez » serait dû à deux marins portugais. Le premier, Diego Dias, aurait été le premier Européen à poser le pied à Madagascar en 1.500. Le second, Fernand Suarez, y jeta l'ancre six ans plus tard. La ville fit parler d'elle avec la création de la république pirate de Libertalia, une cité pionnière de l'égalitarisme socialiste. La France ne tarda pas à faire stationner ses navires puis à cantonner la Légion dans la ville et à Joffreville. Nosy Lonja Le célèbre « pain de sucre » se dressant au milieu de la baie de Diego est considéré comme sacré (fady) par les Malgaches qui organisent des cérémonies appelées fijoroana, au cours desquelles ils invoquent les ancêtres. Les étrangers ne sont pas admis sur l'îlot. Ainsi, les fady deviennent protecteurs de l'environnement. Belle fatalité ! Mer d'émeraude Un lagon de carte postale, des eaux turquoise, un îlot de sable?la mer d'émeraude a tous les attributs pour faire rêver les amateurs du littoral tropical. Cet Eden qui accessible en bateau depuis Ramena est l'une des excursions les plus appréciées. Bien exposée, l'île est soumise aux alizés qui vous feront ressentir le ballottement du bateau. La baie de Sakalava, des Pigeons, et des Dunes font se succéder leurs rubans de sable blanc sur la côte. Les minuscules îlots qui leur font face font la joie des adeptes du Snorkling. Le parc national d'Ankarana Le massif d'Ankarana doit son succès à sa géologie d'où émergent des tsingy, surprenantes formations rocheuses d'origine corallienne. Ils s'étendent sur 35 km. Ces sculptures de pierres calcaires sont entrecoupées de canyons insoupçonnés, couverts de forêts et renfermant un réseau de grottes et de rivières souterraines. C'est aussi le territoire de la tribu des Ankarana, sous-groupe des Sakalava qui se réfugièrent quelques années dans la réserve et ses grottes pour fuir la domination Merina. Les lieux sont ainsi considérés comme sacrés par les membres de cette ethnie et sont entourés de nombreux fady. L'un d'eux concerne les animaux des grottes qu'il est interdit de maltraiter, capturer ou tuer. Les Antakarana : «Ceux des rochers» Peuple du nord, affilié aux Sakalava, les Antakara sont indissociables du massif de l'Ankarana. Les membres de ce groupe ethnique se réfugièrent dans les recoins pour fuir la montée en puissance des Merina. Ils ont ainsi préservé un système de croyance dans lequel la nature occupe une large part. Leur principale tradition est le tsangatsaina, qui a lieu tous les cinq ans. Le rituel débute par une visite aux sépultures royales afin de s'assurer du consentement des souverains défunts à la poursuite des cérémonies. L'étape suivante se déroule un an plus tard dans le village d'Ambotoharanana, où l'on érige un mât sacré, taillé dans le tronc d'un arbre hazoambo, au-dessus des tombeaux des derniers dirigeants politiques Antakarana. Ces rites sont destinés à célébrer l'unité passée et présente des membres de l'ethnie, ainsi que le rôle permanent de la monarchie. Il existe en effet toujours un roi Antakarana, dont la fonction est aujourd'hui essentiellement honorifique. Le qat Qu'on se rassure, ce ne sont pas de douloureux abcès des gencives qui gonflent les joues de certains habitants du nord du pays et rendent les yeux vitreux ! L'explication est à chercher du côté de la feuille d'un arbuste originaire d'Afrique australe, le qat (catha edulis). Connu notamment au Yemen sous le nom de khat, cette plante est réputée pour l'effet stimulant de ses feuilles longuement mâchées. Les chauffeurs de taxis de brousse notamment l'utilisent pour lutter contre le sommeil. Considéré comme stupéfiant en France, le qat est toléré dans le nord de Madagascar où ses vendeurs se cachent à peine. L'ancien président Ravalomanana avait un temps parlé de l'interdire, ce qui n'avait pas amélioré sa popularité auprès des ethnies côtières. Nosy Be et les autres îles Premier argument touristique du nord du pays, Nosy Be s'étend à moins de vingt kilomètres de la côte. Avec ses 321 km2, celle dont le nom signifie «Grande île (ce qui peut faire sourire si on compare sa taille avec celle de la « Grande terre») est la plus étendue des îles malgaches. Surnommée l'île aux parfums, en référence à sa production d'essence d'ylang-ylang et d'autres plants aromatiques, Nosy Be a été la première destination du pays à être fréquentée par les touristes. Paradis pour les uns, qui apprécient ses services et sa relative douceur de vivre, «ghetto touristique» pour d'autres qui y déplorent les abus nés de l'afflux des visiteurs. Les premiers habitants de Nosy Be étaient des commerçants indiens et swahilis, venus au XVe siècle profiter de ce site agréable pour s'établir quelques temps. L'île fit parler d'elle à la fin des années 1830, lorsque Radama 1er tenta de créer une confédération et que les souverains Salakava appelèrent à l'aide le sultan de Zanzibar, qui dépêcha un navire de guerre En 1839, la reine Sakalava Tsiomeko s'enfuit à Nosy Be et se tourna vers les Français afin qu'ils l'aident à résister aux Merina. Saisissant l'occasion, le capitaine Passot expédia un message à l'amiral de Hell, basé à La Réunion, qui s'empressa de signer un traité de protectorat avec la dynastie Sakalava. En 1841, ces derniers cédèrent ainsi Nosy Be et sa voisine, Nosy Komba, à la France. Le tourisme qui fait vivre plus du quart de la population de l'île et a totalement supplanté la canne à sucre, caractérise aujourd'hui l'économie de Nosy Be. De nouvelles rocades, des centres commerciaux rajeunis, un hôtel de luxe flambant neuf?Ceux qui ne sont pas venus à Antananarivo depuis longtemps remarquent avant tout l'ordre et la volonté du changement après des années de chaos. Les chantiers vont bon train. Les esprits chagrins pestent contre les travaux qui bouchent les artères principales du centre-ville. Le Sommet de la francophonie, les 26 et 27 novembre, annonce un autre regain, «les avions sont pleins, les hôtels aussi», souligne Johan Pless, le directeur de l'hôtel Lapasoa. Quoi qu'on en dise, Hery Rajaonarimampianina, le président actuel, a ramené un peu de quiétude dans le pays, même s'il y a encore beaucoup de chemin à faire avant l'émergence (taux de croissance prévu à 4% en 2016). Pour encourager ce début de stabilité politico-économique, le FMI a accordé en juillet un prêt de 300 millions de dollars. Selon la Banque mondiale, plus de 80% des Malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté (soit avec moins de 1,25 dollar par jour). Ambohimanga A une vingtaine de kilomètres d'Antananarivo, la colline bleue d'Ambohimanga est dominée par un rova qui constitue l'un des plus beaux et intéressants témoignages historiques du pays. Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en tant que symbole le plus représentatif de l'identité culturelle. Capitale de la famille royale Merina (Andrianampoinimerina, transformé aujourd'hui en musée). Les Sakalava Les Sakalava, dont le territoire s'étend sur une large portion de l'ouest malgache, sont issus de la confédération de plusieurs groupes ethniques. Leur royaume, né dans la vallée de la Mankoky «Ceux de la vallée», les Sakalava vécurent sous le roi blanc Andrianahifotsy qui avait pour ambition de créer un grand royaume Sakalava. A sa mort, une querelle entre ses fils entraîna le partage du pays en deux royaumes : Le Menabe (au sud) et le Boina (au nord). Avant tout pasteurs, les Sakalava révèlent dans leur physique leur origine africaine (les Bantous). Morondava Au cœur du territoire Sakalava à 600 kilomètres de Tana c'est une des curiosités à ne pas rater. (L'allée des Baobabs, et le Tsingy = Cathédrale de calcaire). Mais pour y arriver, le taxi-brousse usera vos reins pendant 10 heures sur une route semi-goudronnée mais pleine de charme et restaurants boui-boui. La ville vit au rythme lent des boutres, visibles sur le bord étiré du port de la ville. S'il est un site à ne pas manquer, c'est l'allée des Baobabs, un rassemblement d'arbres des plus trapus. Une forêt de géants pluri-centenaires du monde végétal dressent la silhouette magistrale de leurs troncs énormes. De leurs cimes ils se tutoient sur un mode mineur sur le dos de nombreux touristes. Plus loin, vous pourrez voir le Baobabs amoureux. Une multitude de touristes usent des cliquetis de leurs appareils de photos comme des «alléchés exotiques». Merina et Betsileo, peuples des hautes terres C'est sur les hautes terres, avec les Merinas et les Betsileo (regroupés sous le nom d'Ambanjoandro) que se révèle le mieux la composante indo-malaise de la mosaïque ethnique de la Grande île. Les Merina dont le territoire, l'Imerina, s'étend de part et d'autre d'Antananarivo jusqu'à une trentaine de kilomètres au sud d'Antsirabé (Traits asiatiques). Leur organisation fut longtemps réglée par un système de castes défini par la couleur de la peau. On distinguait ainsi les Andriana (nobles) les Hova (roturiers) et les Andevo (travailleurs). L'histoire de la dynastie Merina, longtemps dominante, fut aussi mouvementée que prépondérante. Au XVIIIème siècle, le roi Merina, Ramada 1er, unifia l'île parfois par la violence réalisant le vœu de son père qui voulait que le royaume « ne possède d'autre frontière que la mer ». Les Merina sont avant tout riziculteurs, tout comme les Betsiléo (ceux qui sont invincibles). Les plateaux malgaches s'ornent de leurs hautes maisons de brique rouge à balustrades et de leurs superbes cultures en terrasses. La tradition du retournement des morts (famadiha) est aussi une particularité de ces populations des Hautes terres. Nosy Komba, cette petite île volcanique, est une destination idyllique de choix où l'oisiveté est de rigueur. Les alizés rafraîchissent la côte en hiver et s'énervent en ouragans en d'autres saisons. Les baleines à bosse croisent au large de Nosy Be lors de leur passage annuel entre juillet et septembre. L'Ylang-Ylang Entre autres essences, Nosy Be doit son surnom d'Ile aux Parfums à l'arbuste noueux qui produit des feuilles odorantes. Une centaine de kilos de fleurs produit environ 2,5 kg d'huile d'Ylang Ylang. L'essence est ensuite purifiée puis exportée dans les pays occidentaux où elle sert à la fabrication de parfums. Le monde fascinant des caméléons Le nord de Madagascar est un paradis pour l'observation de l'un des plus représentants du règne animal : le caméléon. Apparentés aux lézards, les caméléons se distinguent en premier lieu par leurs yeux pouvant s'orienter indépendamment l'un de l'autre dans des directions opposées. Cette faculté donne à l'animal une vision stéréoscopique, pratique pour évaluer les distances. La langue de ces animaux, composée d'os, de muscles et de tendons, peut se déplier à une vitesse dépassant la perception de l'œil humain (redoutable prédateurs pour les insectes). Plus de la moitié des 150 espèces de caméléons recensés dans le monde sont présentes à Madagascar. Ces animaux sont fady (sacrés). Selon la croyance populaire, les caméléons sont la réincarnation des ancêtres. Mahajanga, ville métissée Grand port de l'île après Toamasina, Mahajanga (Majunga) réunit une communauté de plus de 150.000 personnes. Elle est située sur la côte nord orientale de l'île à l'embouchure du fleuve Betsiboka, face au continent africain et aux Comores. Siège d'un centre universitaire régional. Deux hypothèses sont avancées pour déterminer l'origine de son nom, la première concerne le mot arabe Mji Angaia, qui se traduit par la «ville des fleurs». La seconde se réfère au terme malgache janga, proposant le sens de « qui rend en bonne santé ». La ville abrite une forte communauté musulmane, descendante des Zanzibaris. «Bienvenue à Madagascar» La dernière blague qui sévit dans les bars et notamment au «Glacier» est celle de l'aventurier qui repart millionnaire (arrivé milliardaire) ou de la Malgache qui cherche un Baza à marier pour la future pension mensuelle (annonce au journal : cherche blanc en vue de mariage, envoyer photos des cadeaux, notamment le frigo et la tablette). C'est vrai que patauger dans la mare tropicale n'est pas aisé, mais batifoler en dehors du lit conjugal rompt la banalité de la monogamie. Les étrangers de long séjour cherchent la bonne compagnie malgache. Les maîtres du sol (tampo tany), la route des îles (les îles Mascareignes, notamment) est semée de vintama (ce destin de moments favorables) qui va s'allier à l'âme malgache, la forte croyance des ancêtres. Le rendez-vous après la première pluie (en saison) demeure le point d'orgue des amoureux. Lémuriens, baobabs, plages, forêts et grands espaces, pistes, randonnées, tsingy, désert d'épines, taxi de brousse, autant de symboles et d'images que va traîner le voyageur dans son escarcelle des souvenirs à son retour aux pénates. Heureux qui, comme Ulysse? |
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