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Pour cacher son
amateurisme communicatif sur le dossier du gaz de schiste et à travers des
contradictions qui ont enfumé la population du Sud et son soutien à travers
tout le pays, le Président-Directeur Général du mastodonte de l'Algérie s'étale
sur des considérations techniques dans les deux occasions qui lui ont été
données pour corriger le tir.
Une première fois à la radio nationale, chaine 3 et une deuxième fois dans l'interview qu'il a accordée à l'Algérie Presse Service. Ces propos ont été en total contradiction avec son offensive médiatique sur le sujet lors de sa conférence de presse à l'occasion de la rencontre internationale sur le gaz au Centre des Conventions d'Oran. En descendant de l'arène de la sorte s'agit-il d'un désaveu pour satisfaire un rappel à l'ordre d'en haut ou réellement une intention sincère pour rassurer une opinion publique en effervescence. S'il vise la population d'In Salah s'est raté, car ses propos sur la maitrise de l'hydro-fracturation montrent qu'il ne se déplace pas sur le terrain. Tandis que les citoyens de cette localité paisible voient tous les jours qui passe dans les chantiers pour faire de la fracturation hydraulique. A part l'appareil de forage qui appartient au groupe et qui assure une force motrice pour faire tourner et manœuvrer le train de sonde, toutes les opérations se font par des compagnies parapétrolières étrangères : watheford pour la clé du tubage, Dowell Schlumberger pour la cimentation, SPE Schlumberger pour le contrôle et les opérations de logging et enfin pour couronner le tout Haliburton pour assurer la frac. La preuve, dans leur revendication les campeurs d'In Salah exigent l'arrêt des opérations avant l'arrivée de la compagnie américaine qui procède à la fracturation des couches schisteuses. Pour ce responsable, en décembre dernier, il soutenait qu'il n'y avait rien à évaluer, l'Algérie dispose d'un potentiel national récupérable de 21.000 milliards de m3 de gaz de gaz de Schiste, soit 740 tonnes mètres cubes, de quoi valoriser ces ressources futures et permettre au pays de capitaliser un autre savoir-faire en matière de leur exploitation et de leur production. N'étant plus au stade de l'hésitation, l'Algérie entre dans la phase de mise en œuvre de la feuille de route. Ces ressources nécessitent des moyens. En termes de création d'emplois, il faut multiplier le potentiel par 4 voire 5 dans les prochaines années. Des actions sont donc menées, notera ce responsable pour prendre en charge ces ressources à travers un plan de recrutement et de formation que la direction exécutive de Sonatrach a mis en place. Quelque 1.000 à 1.500 agents seront donc formés par an, afin d'adhérer aux perspectives tracées par le gouvernement. Sonatrach prévoit aussi, dans le cadre de son plan, le recrutement de milliers d'ingénieurs et de techniciens. En effet, la volonté affichée par les pouvoirs publics quant au développement de ce secteur met en exergue les premières prévisions de la production qui, selon le PDG, sera lancée à partie de 2022 et pourra atteindre d'ici 2025 les 10 milliards de m3 de gaz de schiste. Ceci en présence du ministre de l'énergie qui représente le gouvernement. Dans son interview à l'APS la semaine dernière, il déclare« Aucune décision d'exploitation de gaz de schiste n'a été prise par Sonatrach!». «La faisabilité technique et commerciale du projet n'a pas encore été confirmée». Quant aux deux puits forés sur le bassin d'Ahnet, alors que dans sa conférence, il parlait de 17, à une trentaine de km de la ville d'In Salah, il est rassurant: il ne s'agit que de deux forages à titre de tests d'évaluation de leur potentiel, et Sonatrach « ne va pas lésiner sur les mesures de protection de l'environnement ». Ces deux puits tests serviront à la centrale électrique d'In Salah. Si tel était le cas, la région regorge de gaz conventionnel pourquoi ne pas en utiliser ? Qu'est ce qui peut justifier un tel revirement à 180 degrés et qui croire maintenant ? Il faut dire que les affaires de corruption de Sonatrach une et deux ont montré que cette entreprise se soucie peu de sa responsabilité citoyenne et patriotique et encore moins de l'environnement mais plutôt des déplacements à l'étranger et l'ouverture des poches de ses cadres dirigeants. En effet, des révélations, publiées par le quotidien milanais Corriere Della Sera, dans son édition de la semaine dernière, vont dans le sens de la conviction du pool de magistrats anticorruption du parquet de Milan qui veulent établir clairement la responsabilité de Scaroni dans cette opération de méga-corruption. Rappelant que cet homme, aux côtés de six autres responsables de Saipem, société dont l'ENI détient 43% du capital, et de l'Algérien Farid Bedjaoui, a été mis en examen. Au ministre Corrado Passera, chargé du Développement économique dans le gouvernement Mario Monti, qui lui demandait des explications sur l'affaire Saipem-Sonatrach, l'administrateur délégué de l'Ente Nazionale Idrocarburi (ENI) avouait que, selon lui, les 197 millions d'euros étaient destinés à corrompre des responsables algériens : «Je suis d'accord que ces commissions sont en quelque sorte des pots-de-vin versés à des responsables politiques algériens. Nous ne savons pas à qui, mais à un certain Algérien, précisait-il. (01) Pour rappel deux anciens PDG de Sonatrach et trois vices présidents ont été soit mis en détention soit en examen pour des affaires de corruption. En ce qui concerne la maitrise voire l'expertise de la fracturation hydraulique, qui la capitalisait et qui a pu la consolider ? La plus part des cadres ont déserté l'entreprise pour les conquérants étrangers. La Sonatrach ne fait plus de recherche, car l'ex laboratoire des hydrocarbures a subit un tripotage organisationnel qui l'a mis sérieusement en difficulté voire un musée de carottes géologiques. Il appartenait à ce centre de s'exprimer sur le sujet et non au premier responsable de faire un cours de gisement à la télévision. L'Institut Algérien du Pétrole, qui devait suivant l'ambition des pouvoirs publics devenir un pole d'excellence pour fertiliser l'expertise dont parle ce PDG, est devenu un centre de formation professionnel, d'induction et de séminaire de détente. Pour le programme que le PDG vient de remettre d'un revers de la main en cause, plus de 50 000 candidats soit en moyenne 200 000 familles ont été entrainés à travers une propagande toute azimute pour postuler à des postes de recrutement après une formation discutable. Plus de la moitié soit prés de 28000 ont été éliminé sur examen de dossier et le reste a été admis à concourir pour ne retenir en définitif que 5000 sur plusieurs années. Que va-t-on leur dire maintenant ? les prix du baril chutent, de nombreux projets non prioritaires vont certainement être gelés. Ensuite pourquoi une formation de deux ans ? Une induction de 3 mois suffirait pour injecter ces jeunes sur le terrain qui les rendront plus opérationnels. Dans quel intérêt joue t-on de l'amertume des citoyens de la sorte ? L'expertise, s'il fallait la développer, la capitaliser et la consolider, c'était en menant une stratégie de formation de tout le groupe Sonatrach et non au profit de l'entreprise mère et en utilisant le budget « ARP » dont le compte devait servir pour cela. A qui, il a servi en réalité ? Il faut signaler par ailleurs qu'il n'appartient pas a qui il veux pour prévaloir sa qualité d'expert et venir raconté des salades à la télévision, la plus part du temps pour faire une place sur l'échiquier national pour des raisons, souvent lucratives. Le gaz naturel est issu de la transformation tectonique naturelle, pendant des millions d'années, de matières organiques comme les végétaux et les animaux. Ces résidus organiques se décomposent et sont enterrés sous des couches de sédiments. Avec le temps et sous l'effet de la pression et de la chaleur, ces couches sédimentaires se transforment en hydrocarbures comme le pétrole ou le gaz naturel à l'intérieur d'une couche rocheuse. Il est difficile de les équationner et paramétrer parce qu'il reste soumis à des hypothèses et plein de suppositions souvent irrationnelles. Il est vrai que certaines laboratoires universitaires tentent de comprendre le processus schisteux mais d'une manière modeste et ils le font très bien. Mais d'autres qui n'ont rien à voir avec la recherche utilisent un langage tangentiel pour dévier le débat. La vraie question n'est pas le gaz de schiste et son processus de formation et sa composition qui sont contestées mais sa manière d'être extrait de la poche de sa mère qui pose problème. Ne peuvent se prévaloir experts dans cette technique et non une théorie que ceux qui l'ont expérimentée depuis plus d'un siècle. Ce sont principalement les petites sociétés parapétrolières américaines et dans une moindre mesure canadiennes. Comme la fin de la ruée vers l'or du gaz de schiste comme vecteur de croissance approche, elles tentent de placer leur expertise ailleurs surtout après la crise économique de 2008. Il est normal donc que l'US Energy information Administration (EIA) publie une carte pour placer les détenteurs de réserves de gaz de schiste et qui place l'Algérie en 3ème position mondiale. Les autres pays y compris la chine ont décliné l'offre pour le moment. L'Algérie par contre en a fait une salade. Comment peut-on admettre qu'une entreprise comme Total, un peu étatique, renvoyée de son propre pays vient en Algérie pour proposer son expertise si ce n'est de faire de notre pays un dépotoir européen ? La plus part des pays européens qui ont interdit la fracturation hydraulique sur leur sol ont un besoin de gaz plus pressant que l'Algérie alors pourquoi doit-on débattre sur une question inopportune pour le moment ? La socio-dynamique des conflits a montré que les revendications qui durent peuvent s'infecter de bactéries qui les pourrissent pour les rendre incontrôlables. Ces bactéries peuvent être de veilles blessures historiques ou une accumulation de problèmes qui trouveront l'étincelle nécessaire pour menacer l'unité nationale. Il est grand temps que les pouvoirs publics prennent sérieusement les choses en main. C'est simple, il faudrait remettre à l'ordre Sonatrach pour ne plus s'exprimer sur le sujet et pour se limiter à la recherche de débouchés pour vendre d'abord le gaz conventionnel. Lui ordonner de faire trois bouchons de ciment pour abandonner Ahnet-1 sans délai, équiper le premier puits de Dar Lahmar pour éteindre les torches et diriger le gaz vers la ville d'In Salah. Entamer un dialogue de haut niveau avec la population locale pour justement évaluer les conséquences du deuxième puits et les convaincre que ce gaz qui a permis de délinéer le gisement peut servir la ville sans danger en prenant des garantis, en voilà une sage décision en ces moments difficiles. * Consultant, Economiste pétrolier |
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