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Les prestataires de services du ministère de la Poste et des Technologies
de l'information et de la communication (PTIC) se perdent en conjonctures entre
le non-respect de leurs engagements vis-à-vis des usagers et la publicité
mensongère qu'ils entretiennent indécemment.
La grève des postiers, d'il y a près de deux semaines, n'en finit pas d'engendrer des conséquences désastreuses sur le fonctionnement des services de la poste. Premier constat, les longues files des usagers qui, certains demandent à être payés, qui, d'autres tentent de payer des factures, qui, ceux qui peinent à retirer quelques sous de leur propre compte. Ceci, sans compter le récurrent problème du manque de liquidité qui n'en finira pas d'être évoqué tant que les responsables du secteur ne trouveront pas de solutions pour le régler. Le dernier jour de la grève en question, un grand nombre de travailleurs d'Algérie Poste avaient occupé la place de la Grande poste en plein cœur de la capitale, et réclamaient haut et fort des primes, des augmentations de salaires et des réajustements de positionnement sur l'échelle des carrières. Aucune revendication n'a concerné les conditions de travail, sa fluidité ou la qualité des prestations de services qu'ils se doivent d'exécuter au profit des clients. «Ce sont de simples employés qui n'ont rien à perdre, il suffit qu'un responsable vienne leur parler pour qu'ils reprennent le travail sans problème», nous expliquait ce jour-là une responsable dans le secteur. Elle considère que «c'est le manque de considération affiché par les premiers responsables à l'égard de leurs employés qui a fait dégrader la situation». Manipulations, laisser-aller, manque de professionnalisme, manque de confiance, tout y était «soufflé» pour pousser les travailleurs d'un secteur aussi névralgique à l'abandon de leurs postes sans que la reprise du travail leur soit imposée sous peine de sanctions. «On ne peut les sanctionner parce qu'ils ont un syndicat fort», nous disait un de leurs hauts responsables sans être dérangé par une situation aussi ubuesque. SITUATIONS UBUESQUES Le cynisme a été l'arme de guerre que les postiers avaient brandie alors pour narguer leurs responsables au plus haut niveau. «Il y a des travailleurs qui ne veulent plus être représentés par le syndicat UGTA, ils veulent aller vers un autre autonome, c'est pour cela qu'ils poussent au pourrissement de la situation», soulignait encore un travailleur du secteur. Bien que les problèmes aient débordé dans la rue pendant plusieurs jours et les usagers peinaient à subvenir à leurs problèmes financiers en raison de la grève, les responsables n'ont pu ni obliger au maintien du service minimum en pareille circonstance, encore moins remettre les services en fonction comme l'exige l'observation et le respect du service public. Les guichetiers au niveau des postes travaillent lentement, sans effort «comme pour nous faire endosser leur malaise», disait hier un client à qui voulait l'entendre parmi les nombreux autres qui faisaient le pied de grue depuis de longues heures. Le paiement des factures du téléphone mobile au niveau des agences Mobilis, lui aussi se fait à coups de coude à coude et parfois à coups de poings quand les agents des agences poussent à bout ceux qui attendent. «Vous pouvez payer votre facture au niveau des services «flexy», il n'y a pas de monde, et dès encaissement par nos services, vous recevrez un SMS de notre part pour vous le confirmer», nous disait hier une voix féminine sur un ton très correct. Nombreux sont des abonnés qui ont fait le porte-à-porte des services «flexy» sans pour autant pouvoir payer leurs factures. «Nous n'avons pas le code», leur était-il répondu à chaque fois. Autres situations ubuesques. «JE DOIS FRACTIONNER LE MONTANT DE VOTRE FACTURE» Tout au long de la rue Didouche Mourad jusqu'à la Grande poste, il n'en existait que deux d'entre les multiservices qui affirmaient avoir ce fameux code qu'Algérie Télécom leur a fourni pour qu'ils puissent l'aider à encaisser les factures de leurs abonnés. «L'envoi du montant de votre facture n'a pu être envoyé par le code qu'on m'a donné, il faut que je le fractionne en deux ou trois fois et il faut que je l'arrondisse», nous disait hier un jeune prestataire. «Mais qui va encaisser la différence que vous allez prendre en plus si vous arrondissez ?», lui avions-nous demandé. «Ce n'est pas grave?», a-t-il répondu simplement. «Mais qui me dit que la facture arrivera quand même si elle est fractionnée autant de fois ?», demandons-nous encore. «On verra», répond-il, sans plus. L'on se demande alors s'il est possible qu'Algérie Télécom puisse accepter que le paiement de ses factures se fasse par des calculs d'épiciers aussi douteux. Les services de communication d'Algérie Télécom et d'Algérie Poste ne répondent pas à nos appels. Nous nous sommes rapprochés alors, avant-hier, d'un responsable au niveau du ministère des TIC qui nous a écoutés sans mot dire. Ce qu'Algérie Télécom ne dit pas à ses usagers, lui disions-nous, c'est qu'elle n'a distribué son code qu'à une poignée de prestataires qu'il faudrait se brouiller pour dénicher parmi la faune des multiservices existants sur la place d'Alger. Pis encore, il n'est pas évident que les agents qui ont été choisis sachent comment ce code fonctionne-t-il et comment une facture peut-elle être payée sans subir des coupes ou des surcoûts. Nous lui racontions les déboires endurés par les concernés. Notre interlocuteur du ministère n'avait aucune réponse. Autre problème que nous lui avions posé, en outre, concerne la connexion Internet que les Algériens peinent à obtenir. «Nous sommes plusieurs personnes à avoir payé des abonnements depuis le 3 janvier, mais on n'a pas été connectés», lui disions-nous. «Qui va nous rembourser les jours payés mais non connectés ?», interrogeons-nous. Notre interlocuteur n'a pas non plus de réponse. Les responsables du ministère savent pourtant que les agences d'Algérie Télécom notamment de l'ouest algérois, comme Zeralda par exemple, laissent souvent leurs clients en rade lorsqu'il s'agit de les «brancher». LES TIC AUX ABONNES ABSENTS Des demandes de lignes fixes dans ces zones datent de 2007 et 2009 mais n'ont été prises en compte qu'au début du mois en cours alors que du côté de l'est d'Alger (Bab Ezzouar, Bordj El-Kiffan? ), ce sont les agents qui appellent les clients pour les leur mettre en place. Les responsables des agences défaillantes rejettent en général la responsabilité sur les directeurs techniques. Entre les deux, les usagers restent sans réponse. «Nous n'avons pas de véhicule pour nous déplacer et les techniciens travaillent comme ils le veulent, personne ne les oblige à le faire», nous avait répondu l'agent au guichet ADSL. Au niveau du ministère, on reconnaît que «les agences ont des techniciens mais ces derniers refusent de travailler, on ne peut les sanctionner parce qu'ils risquent de nous faire une grève». Il est connu que le ministère des TIC a signé des contrats avec des entreprises privées pour s'acquitter des services que ses employés doivent en principe assurer aux clients. Les résultats sur le terrain ne sont pas probants puisque des milliers de dossiers restent en suspens depuis de longues périodes. «Je vais tout faire pour voir le ministre, il doit savoir que ses cadres et ses techniciens ne respectent aucun de leurs engagements mais nous font miroiter des prestations qui n'existent pas en réalité», s'indignait hier une jeune femme au niveau d'une agence postale. «Je comprends tout ça, ce sont de gros problèmes, mais je vous promets de demander au directeur d'Algérie Télécom et celui d'Algérie Poste de vous recevoir demain sans faute (hier ndlr) pour vous expliquer les choses», nous promet notre interlocuteur au niveau du ministère des TIC. Hier, tous nos contacts se sont avérés improductifs. Les numéros d'appels de celui qui nous a promis des explications et des réponses à nos questions n'ont pas abouti. Les responsables que nous avons voulu joindre étaient aux abonnés absents. Dont acte. |
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