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MAGHNIA: Le centre régional d'imagerie médicale handicapé

par Cheikh Guetbi



La campagne nationale de dépistage du cancer du sein, lancée depuis 2010, et qui a connu une relance et une intensification depuis novembre, ne semble pas atteindre l'objectif espéré, du moins dans la région Ouest. En effet, même si beaucoup a été fait récemment pour sensibiliser la frange féminine âgée de plus de 40 ans, telles les portes ouvertes organisées par les centres payeurs de la CNAS, la très large médiatisation de cette action, la prise en charge pécuniaire des déplacements, les rendez-vous possibles au niveau de chaque wilaya?ce qui a comblé les réticences, un handicap de taille a été ignoré, à savoir le manque criard de spécialistes au niveau de la pièce angulaire de toute cette action, en l'occurrence le centre régional d'imagerie médicale vers lequel convergeront des milliers de femmes. Si le centre régional d'imagerie médicale, qui est implanté à Maghnia, est doté de moyens fournis et modernes pour l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et autres scanner, échographe, radio conventionnelle standard ainsi que d'un personnel médical très disponible et bien étoffé?, il n'en demeure pas moins que les spécialistes du domaine y font énormément défaut relativement à l'envergure de cette campagne de dépistage précoce. Depuis son ouverture, ce centre traîne sa tare qui n'est pas pour favoriser son optimisation et qui n'est pas pour répondre aux aspirations grandioses des pouvoirs publics, lesquels visent à travers cette opération d'envergure, à limiter la facture relative à la prise en charge des cas avérés. L'on souligne dans ce cadre qu'un cas atteint, à un stade avancé, coûterait au trésor public 500 millions contre 30 millions pour celui au premier stade. «c'est un peu comme vouloir faire rouler un camion qu'on dote d'un moteur de motocyclette» ironise un assuré social lequel s'est présenté et n'a pu avoir un rendez-vous pour défaut de radiologues. L'analogie illustre bien la réalité quand on sait qu'un seul spécialiste permanent assisté par 2 autres spécialistes conventionnés lesquels n'assurent que pendant une journée chacun, fait face à l'important afflux des malades qui arrivent de toutes les wilayas de la région Ouest à savoir Tlemcen, Sidi Bel Abbes, Mostaganem, Témouchent, Mascara, Oran, Bechar, Tindouf, Naama, Relizane et Saida. Depuis sa création en 2009, ce centre s'est toujours heurté au problème récurrent du manque de radiologues, sans que les responsables du secteur aient pu trouver une solution radicale à cette faille qui handicape cet important équipement, très chèrement acquis par le contribuable. Devant les avantages pécuniaires que les cliniques privées offrent aux radiologues (jusqu'à 50 millions/mois contre un peu plus de 10 millions dans le public) ce qui évidemment représente un mobile de taille pour que le centre soit déserté, et alors qu'un centre de cette importance doit être doté de spécialistes chevronnés, le centre se voit contraint de «tourner» avec des radiologues qui exercent soit dans le cadre du service civil soit juste pour acquérir une expérience, avant de s'envoler vers le secteur privé comme le cas des 2 spécialistes conventionnés dont l'un, apprend-on quittera en fin janvier pour rejoindre le privé et l'autre le suivra très bientôt. Et si le seul radiologue permanent, qui est d'ailleurs en fin de service civil décide de partir lui aussi ( ce qui est très probable au vu du déséquilibre des salaires entre le public et le privé) les mêmes solutions utilisées par le passé seront à coup sûr préconisées, à savoir prospecter du côté des «services civils» auxquels monts et merveilles leur seront faussement promis, tels des stages à l'étranger pour les attirer ou encourager des débutants à y venir se perfectionner. Décidément les responsables du secteur ne cessent de faire dans le «bricolage» pour un centre régional qui devrait, de part son importance, renfermer les meilleurs, afin qu'il contribue au recul du taux d'incidence du cancer du sein qui est de 57 sur 100.000 habitants. A noter que depuis la création de ce centre régional, seulement 5763 mammographies dont 1532 durant l'année 2012 (cas convoqués et ceux se présentant spontanément) y ont été effectuées dans le cadre de l'opération de dépistage, soit un taux d'environ 4.5 assurés, ayant subi une mammographie, par jour. 141 cas suspects ont été décelés dont 35 cas avérés positifs.