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Généralement, les carrières des gardiens de but sont plus longues que celles des joueurs de champ. Ce n’est pas par hasard si les records de longévité appartiennent aux «hommes des bois». Cette spécificité est liée, dit-on, à la fonction du poste. Un gardien se dépense physiquement moins que ses coéquipiers, mais il n’empêche qu’il est plus exposé aux chocs lors de ses interventions. Sebaâ Bachir est en droit d’être fier de son parcours qui aura duré 25 ans, de l’US Boufatis à... Boufatis, après cinq dans le club de son village natal, cinq au NARO (Sonatrach), trois ans à l’USMO, dix ans au MCO, enfin deux ans comme entraîneur-joueur à Boufatis. Le cadre champêtre du stade de l’ex-St-Louis est à l’origine de l’éclosion du jeune Bachir. Il faut savoir que beaucoup d’arbres servent de décor à ce stade. Il se trouve que dans la décennie 50, le gardien de cette infrastructure a trouvé un moyen ingénieux de «faire la toilette» des alentours du terrain. Après la corvée de ramassage des feuilles mortes et l’arrosage des plants de fleurs le long des murs d’enceinte, Bachir et ses petits camarades Belhasna, Benabid, Hamani, Torki et Mâamar Ghali pouvaient disposer de l’aire de jeu du stade de handball. Et, contrairement à ce qu’on croyait, Sebaâ était attaquant. Alors, comment se fait-il qu’il soit devenu gardien ? Réponse de l’intéressé: «J’adorais toucher le ballon, et occuper le poste de gardien était le meilleur moyen de me satisfaire. J’ai souvent joué dans le camp adverse lorsqu’il n’y avait pas de gardien de but». Et c’est ainsi que Bachir s’est découvert cette vocation. Après quelques rencontres en catégorie cadette, il bénéficie très vite du double surclassement, intégrant l’équipe senior de l’US Boufatis. Tout ira alors très vite. Après une honorable participation au concours du jeune footballeur avec Hadefi et Namoussi, il est repéré par les deux responsables de la commission technique Gnaoui et Hamadène, qui l’incorporent en sélection d’Oranie juniors avec Hachemi Kouider, Bot, Khellil, Sahraoui, Benhalima, Raïs, Mecemen, Benhassan et Tchipaga. Sous la houlette de Kaddour Bekhloufi, il intègre le NARO, une excellente équipe avec les Raïs, Hachemi Bouadjmi, Ouadi, Benslimane, Madani, Bessi, Hamida, Dehim, Kechra, Krimo, Benali, Guemri et les frères Chaïb. En dépit de son palmarès, ce club est dissous par la tutelle. En principe, Sebaâ devait accompagner Bekhloufi à l’ASMO. Un rendez-vous au «Coq d’Or» fut même fixé entre le joueur et le président asémiste, qui arriva en retard au lieu du rendez-vous. Après une courte discussion, le dirigeant n’a pas voulu prendre de décision et proposa un deuxième rendez-vous à Sebaâ. Déçu, Bachir s’est laissé convaincre par Mâamar, un ancien président de l’US Boufatis, unioniste de coeur. C’est donc à l’USMO qu’il jouera durant trois saisons aux côtés des Bendjahène Ali, Bendjedaï, Senouci, Kessaïri, Hasni, Baghdad, Bourguiba, Bouziane, sous la houlette de l’inoubliable Gnaoui Souilem. Cette équipe-là a failli accéder en Nationale I, le RCO décrochant finalement de justesse le titre. Sebaâ connaîtra la célébrité au MCO où il brillera pendant une décennie. En tant qu’encadreur, il n’est pas du genre à proposer ses services. Tous ceux qui apprécient sa sagesse et son sérieux doivent le solliciter. C’est pour cette raison que son parcours d’encadreur des gardiens comporte des périodes d’inactivité. Il faut rappeler que le MCO a eu recours à ses services plusieurs fois. Actuellement, il exerce au club de la corniche, le CRB Aïn El-Turck, à la satisfaction générale. A 60 ans, physiquement apte, Sebaâ a encore de belles années devant lui. Tous ceux qui l’ont côtoyé ne disent que du bien de lui. Et on peut vous assurer que c’est absolument justifié. Eclopé Blessé à l’entraînement, Sebaâ était officiellement out pour un important match contre l’USMBA à Sidi-Bel-Abbès. L’entraîneur Belayachi était fort soucieux, car il n’avait pas de deuxième gardien et était contraint de titulariser Abdat, un joueur de champ. Il se trouve que Bachir a pris son sac et décidé d’accompagner ses coéquipiers. Lors de l’arrêt à «L’Orange» et de la causerie technique, Belayachi fut très surpris lorsque Sebaâ lui proposa d’effectuer un essai. «Avec une cheville bleue et aussi enflée, tu ne pourras jamais jouer», s’écria le coach. Néanmoins, dans le vestiaire, le projet fut mis à exécution. Bachir fut titularisé après un bandage de la cheville douloureuse et un échauffement assuré par son prédécesseur Ouanès, la seule «condition» exigée étant que les défenseurs latéraux restent en place. Résultat : 2 à 1 pour le MPO et une prestation excellente du gardien éclopé. Très heureux de ce dénouement, Belayachi accorda une semaine de repos à son courageux gardien... Assurance et longévité Ce n’est certainement pas de simples coïncidences. Dans les quatre clubs où il a évolué, la stabilité défensive est palpable, permettant à ces derniers de jouer les premiers rôles. Il faut donc reconnaître que l’apport de Sebaâ Bachir au poste de gardien de but s’est avéré prépondérant avec une bonne assise défensive, un secteur friable avant sa venue. C’est que, dès la catégorie cadette, le jeune Bachir a été investi d’une lourde responsabilité. «C’est un poste de grande responsabilité et il faut être conscient que le public peut oublier facilement le «loupé» d’un joueur de champ, mais il pardonne rarement la moindre faute d’un gardien de but. C’est logique car après nous, il n’y a que... le filet !», nous a-t-il déclaré lors de la rédaction d’un «portrait» lors de sa convocation en équipe nationale par Rachid Mekhloufi en 1977, à la veille de la préparation des Jeux africains 1978. Or, grande fut la déception des fans de Bachir Sebaâ lorsque celui-ci déclina poliment cette convocation, car ne pouvant pas supporter les regroupements. C’est évidemment dommage pour cet excellent keeper, très bon sur sa ligne et ses «sorties» au-delà de la zone de but. Doté d’un sang-froid impressionnant, il possédait une «lecture» du jeu exemplaire. Lors de certaines fins de saison difficiles du Mouloudia, il a été prépondérant et à l’origine de précieuses victoires. En fait, et comme il l’a reconnu lui-même, il n’a pas osé «donner de la voix» à des coéquipiers à la solide carte de visite. Bachir Sebaâ a laissé le souvenir d’un partenaire respectueux de ses camarades et de ses adversaires. Aujourd’hui encore et en dépit des années qui s’écoulent, il fait toujours l’unanimité auprès des sportifs, acteurs ou spectateurs. C’est tout de même une très appréciable satisfaction qui ne le laisse pas indifférent. |
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