Au terme de la troisième journée, sur six matches, cinq se sont terminés
par des nuls, seul le Mali a récolté les trois précieux points. Et, hormis le
débat Ghana-RD Congo où quatre buts ont été inscrits, pour les cinq autres
rencontres, cinq réalisations seulement. «Le football s'est trop européanisé»,
ont décrété des censeurs. Cet avis, pour le moins lapidaire, nous paraît
excessif dans la mesure où l'offensive est à l'honneur dans les championnats
européens. Cette explication écartée, on doit chercher ailleurs les causes de
cette indigence devant les bois. Il faudra d'abord prendre en compte, comme
déjà souligné dans ces mêmes colonnes, le syndrome du premier match. Ensuite,
on est bien certains de constater que les formations, dont on attendait
beaucoup, n'ont pas trouvé leurs marques dans cette édition. Enfin, on mettra
en cause les systèmes renforcés en défense imposés par les entraîneurs,
forcément sous pression et qui ne tiennent pas à prendre des risques. Dans ce
groupe C, tous les avis étaient unanimes pour placer le Nigeria et la Zambie en
pole position, le Burkina Faso et l'Ethiopie étant réduits au rôle de
faire-valoir. Il est évident que le Nigeria figure depuis belle lurette parmi
les tout meilleurs en Afrique, tant par sa sélection que par ses clubs qui
puisent dans le réservoir humain du pays, le plus peuplé d'Afrique. Les
observateurs ont admis que le secteur offensif des Green Eagles était bien
fourni avec les Emenike, Ideye et Ahmed Musa. Ainsi donc, le onze burkinabé
devait être «mangé» par l'ogre nigérian selon la logique. Rien de tout cela,
car, à la surprise générale, la sélection du Burkina Faso a largement fait jeu
égal avec son puissant adversaire. Les deux équipes ont produit un football
engagé, rendant ce débat très attractif. Les Nigérians ont trouvé à qui parler,
dans tous les domaines, dans les actions collectives rondement menées et la
bataille physique. On sait que sur ce chapitre, le Nigeria est une référence.
Or, les Burkinabés, même menés dès la 23e minute, ne se sont jamais désunis,
attirant la sympathie du public comme l'atteste la façon dont l'égalisation des
Etalons a été saluée. Réussie à l'ultime minute du débat (90+4), elle n'en a
que plus de saveur. Les Nigérians, sûrs de leur force collective, n'ont-ils pas
mésestimé cet adversaire, auteur d'une piètre campagne en CAN 2012, avec trois
défaites à la clef ? C'est fort possible. En tous les cas, les hommes du coach
belge, Paul Put, ont répondu du tac au tac à leurs rivaux, ne baissant jamais
les bras. Et ce n'est que justice s'ils sont parvenus à remettre les pendules à
l'heure, au grand dam des Nigérians lesquels ont cru que le match était plié.
Or, l'arbitre algérien Benouza a fait jouer le temps additionnel de quatre
minutes au terme desquelles le pressing burkinabé a trouvé sa récompense. Pour
le public présent au stade et les téléspectateurs, on a assisté à un bon match,
en tout cas le meilleur au terme de la troisième journée. Après ce constat, on
dira que le Nigeria n'est guère irrésistible malgré la présence de plusieurs
professionnels cotés en Europe, alors que les Burkinabés ont produit un jeu
attrayant et collectif. Dans les inévitables sondages effectués avant le coup
d'envoi de cette CAN 2013, l'Ethiopie figurait en dernier dans ce groupe C pour
la bonne raison qu'elle sortait d'une très longue traversée du désert après 31
ans d'absence au rendez-vous africain. Cette qualification a fait le bonheur de
tout un peuple qui adore ses champions. On a d'ailleurs vu des milliers de fans
soutenir leurs favoris jusqu'à l'ultime minute face au champion en titre, la
Zambie. Disons tout de suite, les Zambiens nous ont paru maladroits avec
beaucoup de déchets dans le jeu. On s'attendait pourtant à voir une formation
bien équilibrée et sûre d'elle. Rien de tout cela. Certes, les Zambiens n'ont
pu exploiter l'expulsion du gardien éthiopien Jemal Tassew dès la première
demi-heure , auteur d'une grosse faute sur un attaquant zambien. Et pourtant,
même réduits à dix, les hommes de Sewnet Bishaw ont tenu le coup. A contrario,
la défense zambienne n'a pas joué son rôle convenablement en concédant
l'égalisation. Sur le plan de la possession du ballon, les Zambiens étaient
légèrement supérieurs, mais cela n'a pas suffi à battre cette sympathique
équipe éthiopienne qui a égalisé par son goléador Adane, lequel a la
particularité d'avoir débuté sa carrière comme arrière central et qui est
aujourd'hui le meilleur buteur de son équipe. Désormais, il faudra se méfier
des idées reçues et reconnaître tout à la fois la progression des équipes sans
palmarès ainsi que les favoris? sur le papier. L'autre avantage des petites nations
est d'évoluer sans pression, à l'inverse des «gros bras». Ce paramètre est plus
important qu'on le croit. Hervé Renard a fait preuve d'objectivité en précisant
que son équipe a été la meilleure d'un tournoi (NDLR, la CAN 2012), mais pas la
meilleure d'Afrique. Assurément, vendredi prochain, on en saura plus sur ce
groupe avec Zambie- Nigeria et Burkina Faso- Ethiopie.