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Trump veut-il devenir le dictateur des Etats-Unis ? Son
comportement au cours des douze derniers mois indique un parallèle alarmant
avec ce que révèlent les études des régimes totalitaires.
Cela a commencé le jour même où il a prêté serment, avec sa promesse de «mettre fin au carnage», écho direct de son engagement autocratique lorsqu'il a accepté d'être candidat du parti républicain à la présidence des Etats-Unis, affirmant alors : " Je suis le seul à pouvoir y mettre fin ". Depuis, Donald Trump a ébréché les piliers de la démocratie américaine. Suivant un nouveau rapport de " Freedom House ", groupe indépendant d'analyse, qui étudie à l'échelle globale, depuis des dizaines d'années, les démocraties : " L'année dernière a apporté une érosion plus grande, plus rapide des critères démocratiques propres aux Etats-Unis qu'à aucune autre période, de mémoire d'homme ". Selon ce même rapport, les institutions fondamentales du pays " ont été attaquées par une administration qui rejette les normes établies de conduite morale dans nombres de champs d'activités ". Au cours de sa première année comme président, Trump a souvent apparu conduit par son désir d'autoglorification, d'auto-enrichissement et de revanche contre quiconque qui est perçu comme son ennemi personnel -cibles à boxer dix fois plus fortement, à " visser " quinze fois plus durement qu'ils ne l'ont boxé ou vissé-. Il a utilisé la tribune présidentielle pour provoquer et menacer, s'en prenant aux juges fédéraux, aux membres du Congrès, aux responsables des agences de sécurité, aux célébrités, aux athlètes professionnels, aux citoyens privés et, bien sûr, à sa grande bête noire, les médias aux «fake news» qu'il a bombardés des centaines de fois depuis qu'il a pris le pouvoir. Trump avait déjà montré aux Américains ce qu'il était, au cours de sa campagne de 2016? Quelques semaines après le début de son mandat, alors que certains entretenaient l'illusion d'un Trump «qui retournerait sa veste» et deviendrait plus présidentiel, nous avons commencé à suivre son comportement autocratique, à travers notre projet de «Trumpocracie». Comme nous nous en doutions, sa démagogie et ses mensonges se sont poursuivis sans relâche. On peut débattre de la question de savoir si ce comportement est intentionnel ou reflète une ineptie chaotique. Mais l'effet d'arrosoir alarmant qu'il peut avoir sur le public est bien compris des chercheurs qui s'intéressent aux dictatures usant les techniques modernes de propagande : un processus qui inclut la distraction, la confusion, une polarisation accentuée et, finalement, la complaisance. Un nouveau rapport, qui, sous le titre de «La République menacée», a passé en revue la première année de Trump au pouvoir, réaffirme l'importance de documenter les absurdités quotidiennes : «s'écarter de la démocratie n'a pas besoin d'être prémédité; un dirigeant incompétent ayant des tendances autoritaires peut poser autant de menaces qu'un dirigeant qui possède un plan prémédité de mettre fin à l'équilibre des pouvoirs». Ce rapport, rédigé par " Protect Democracy ", groupe non partisan d'experts et de juristes, avertit, de plus, que si Trump suivait la même voie que les régimes autoritaires émergents, " il éroderait d'abord les normes et les idéaux, parties intégrantes d'une société démocratique, puis se lancerait dans les changements institutionnels une fois que le peuple a baissé sa garde, se fatiguerait et deviendrait cynique ". Ce rapport fait une présentation détaillée des dangers encourus -la politisation des institutions indépendantes, la diffusion de la désinformation, la monopolisation du pouvoir exécutif, l'écrasement des dissidents, la délégitimisation des communautés et la corruption des élections-, d'une manière qui reflète, avec une exactitude alarmante, ce qui ressort des 365 premiers jours de la présidence de Trump. Les attaques contre les organismes de sécurité nationale A la suite d'appels incessants lancés pendant la campagne électorale présidentielle pour que ses adversaires politiques soient poursuivis et emprisonnés, Trump a fait une déclaration particulièrement choquante en décembre 2016, affirmant, dans une interview accordée au New York Times, qu'il avait " un droit absolu " de faire ce qu'il voulait du système d'application de la loi aux Etats-Unis. Alors que s'accélère l'enquête sur la Russie conduite par le conseiller spécial Moeller, Trump a délibérément jeté à la poubelle la réputation du FBI et du ministère de la Justice. Depuis juin 2017, il s'est délibérément joint à ses partisans pour dénoncer la conspiration d'un " Etat parallèle " contre lui, y compris la croyance, que des " gens très méchants et très mauvais " à Washington tentent de saboter sa présidence. Guerre incessante contre les médias Par quoi commencer ? Au-delà de ses tweets facétieux sur «les trophées pour fake news» et «les prix pour fake news», la campagne de Trump contre la presse libre est très grave. Lui-même et ses assistants ont visé et menacé personnellement de nombreux journalistes, y compris l'auteur Michael Wolff (" dérangé mental "), Brian Ross de la chaîne ABC, (" fraudeur "), Don Lemon de CNN (" l'homme le plus idiot de la télévision "), Jim Acosta de CNN (cible de tactiques de harcèlement moral), Jemel Hill de ESPN et Dave Weigel du Washington Post (les deux pointés du doigt pour être licenciés) et encore bien d'autres. En plus d'une occasion, Trump a promu sur les médias sociaux une image décrivant des actes de violence contre CNN, y compris contre l'enseigne de la chaîne, avec des gouttes de sang sur les talons de ses chaussures. Et la déclaration stalinienne de Trump, quelques semaines après qu'il eut occupé son poste, suivant laquelle " les médias sont les ennemis du peuple américain ", a résonné, à l'échelle mondiale, auprès des régimes brutaux qui ont saisi l'occasion de transformation du concept de " fake news " en arme de guerre. Usage corrompu de l'autorité publique Le Président n'a pas hésité à promouvoir, sur les médias et par des remarques, les intérêts financiers personnels de sa famille et de ses partisans. Ses bénéficiaires comprennent Sean Hannity de Fox News -Trump a donné son soutien à deux reprises à un film produit par Hannity- et l'animateur de l'émission " Fox et ses amis " Brian Kilamaede et bien d'autres de ses soutiens dont il a promu de manière spécifique par ses tweets les livres. Et nous n'avons même pas commencé à faire l'inventaire complet de ses potentiels conflits personnels d'intérêt et de règles d'éthique. Ciblage des minorités Bien avant son commentaire sur les " trous à m? " qui a fait de son racisme le sujet des gros titres à l'échelle internationale, Trump a établi un modèle clair de ciblage des ses opposants afro-américains. Lorsque trois basketteurs américains furent détenus puis relâchés par les autorités chinoises après un incident de vol à l'étalage, Trump a déclaré qu'il aurait dû les laisser en prison, et a traité le père d'un de ces jeunes de " fou ingrat ". D'autres cibles ont inclus la veuve d'un soldat américain tué au Niger? et d'autres athlètes américains noirs qui l'ont critiqué et ont protesté pacifiquement (sans passer sous silence les attaques répétées et sempiternelles contre l'islam, les musulmans et les Etats à majorité musulmane, alliés ou non des Etats-Unis, tout comme l'appui donné aux groupes extrémistes blancs et à leur idéologie (ndt). Miner la confiance dans le processus électoral La fausse information, répétée par Trump, qu'entre trois à six millions de personnes ont illégalement participé à l'élection présidentielle américaine de 2016, a commencé à être diffusée au quatrième jour de sa présidence et a continué jusqu'à ce mois de janvier, lorsqu'il a affirmé que " le système était truqué et a mis le tort de l'échec de sa " commission sur de soi-disant fraudes électorales ", sur les Etats ayant voté en majorité pour le parti démocrate. Trump a déployé d'autres impulsions autocratiques qui ont moins attiré l'attention. Lui-même et ses partisans ont exigé d'au moins cinq entreprises privées de licencier des employés qui avaient, par leurs positions politiques, suscité sa colère? La compilation des abus d'autorité est longue, surréelle et donne froid au dos. Il n'y a aucun indice que ce mode de comportement changera. Les auteurs de " La République menacée " suggèrent, cependant, qu'il y a ample cause d'espoir. Ils ont écrit ceci : " Même confrontés à des menaces, les Etats-Unis ont des institutions démocratiques fortes et durables ". Mais, ils ont aussi averti qu'un Congrès bloqué, introverti, a grandement reculé devant la confrontation du danger, une évaluation qui met au pied du mur le parti contrôlant les deux chambres. A moins que -et jusqu'à ce que- cette situation change, Trump continuera, sans aucun doute, à pousser les limites du pouvoir présidentiel de manière opaque et inquiétante. *(publié sur le site d'informations américain motherjones.com 19 janvier 2018, traduction de Mourad Benachenhou) |
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