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Dans un précédent
article, un internaute réagit et m'écrit : « Les rappels historiques n'ont de
valeur que s'ils éclairent le présent et permettent de se projeter dans
l'avenir.
1ère partie Ce n'est malheureusement pas le cas de cet article au demeurant bien écrit car beaucoup questions posées par des économistes algériens eux même restent sans réponse. - Pourquoi un pays aussi vaste et immense avec les meilleures terres du Maghreb n'arrive pas à nourrir sa population ? -Pourquoi un pays disposant de potentialités immenses n'exporte quasiment rien que des hydrocarbures 98% ? -Ou sont passés les 800 milliards de dollars issus de la rente pétrolière ? -En dépit des déclarations pourquoi le pays n'arrive pas à diversifier son économie ? - Pourquoi le pays n'arrive pas à passer d'une économie de rente à une économie moderne ? - Devant la crise énorme qui se projette du fait de l'effondrement des prix du pétrole pourquoi les dirigeants semblent démunis (pas de plan de rechange sauf une réduction drastique des dépenses qui serait catastrophique pour la population) ? L'effondrement économique de l'Algérie serait catastrophique non seulement pour sa propre population mais aussi pour ses voisins et dans une certaine mesure pour l'Europe.»(1) Il est évident que cet internaute a tout à fait raison dans sa réflexion sur l'apport de l'histoire pour expliciter le présent, et se projeter dans l'avenir. Mais il est tout aussi évident que si l'Histoire avec un H majuscule ne parle objectivement qu'au passé, elle laisse néanmoins l'homme qu'il la fasse parler « subjectivement » au présent et au futur. Et c'est possible ce « subjectivement qui peut être relativement objectif », sinon l'histoire serait sans sens. Un peu comme un homme qui a subi une expérience et entend utiliser cette expérience pour se projeter dans l'avenir. Un homme qui a subi une expérience douloureuse, par exemple, et n'entend pas la recommencer. Ou s'il doit la recommencer, parce qu'il y est obligé, fera tout pour qu'elle le soit autrement. Se faisant, il fait l'histoire de son histoire. En d'autres termes, « il s'historicise », c'est-à-dire, mû par son intérêt, il cherche à se prémunir des aléas de l'histoire. Mais la question qui se pose à lui, pourra-t-il dépasser ces aléas qui s'opposent à lui ? De même, un peuple, ou une nation qui a subi une crise politique ou économique grave. Le même processus sauf que celui-ci est encore plus complexe. Un peuple ou une nation n'est pas un homme, mais une multitude d'hommes et de communautés souvent différentes de religions, de cultures, d'intérêts contradictoires. Et c'est là la différence entre un homme qui cherche à dépasser les vicissitudes de son existence et un peuple qui ne peut se transcender mais laisse les hommes dans leurs conflits contradictoires se transcender malgré eux. Mais pour pour l'un comme pour l'autre, c'est l'Histoire, avec un grand H qui se charge de donner un sens à leurs histoires. « Les hommes ont tendance à déifier ce qu'ils ne comprennent pas. En français, on déifie un concept en lui mettant une majuscule, comme vous le faites avec l'Histoire. » (2) En effet, c'est parce que nous ne nous savons pas qui nous sommes, que nous sommes « humains », et sans savoir exactement notre portée d'existant, que nous déifions ce que nous ne comprenons pas. Et c'est pourquoi l'histoire de l'humanité ne peut être qu'un simple enchaînement d'événements qui se développent dans le temps. Il y a des forces historiques qui la meuvent sans qu'elle sache pourquoi. Ceci étant pour l'humanité, quel sens donner à une de ses composantes ? La crise politique et économique en Algérie ? Qui s'est compliquée avec la crise pétrolière en 2014? Et les conflits couvent toujours au Moyen-Orient. Comment comprendre les tenants et aboutissants de la crise en Algérie ? Et si on faisait parler encore l'histoire ! LA REVOLUTION DE 1789, «MERE DES REVOLUTIONS CONTEMPORAINES DU MONDE» Auparavant, écoutons ce que dit un grand philosophe de l'histoire, Hegel : « L'esclave de l'antiquité n'était pas une personne libre, parce qu'il n'avait pas conscience de son être-esclave ». La liberté se crée en se conquérant à travers l'Histoire et « en s'incarnant » dans des constitutions politiques. « Les hommes n'ont pas à apprendre qu'ils sont libres », ils ont à gagner leur liberté. Pour Hegel, les hommes sont « Les instruments aveugles du Génie de l'Histoire » ? Derrière l'apparence extérieure des événements, derrière tout ce que font les hommes, derrière tous leurs actes les plus absurdes ou les plus passionnels, se cache une Raison, un Esprit, qui mène le monde vers plus de liberté, plus de rationalité. Ceci est la pensée de Hegel sur l'Histoire de l'humanité. Et si on prenait pour étayer la philosophie de l'Histoire de Hegel, par exemple, la Révolution française de 1789 qui fut un des événements-phare de l'Histoire de l'humanité. Un événement qui a eu à bouleverser l'Europe et le monde. Essayons d'analyser ses éléments constitutifs. D'emblée, faut-il énoncer que la Révolution française, à la fin du XVIIIe siècle, pour emblématique qu'elle fût dans le développement du monde a eu au moins « trois éléments fondateurs ». Et si ces éléments n'avaient pas été « travaillés » par les forces historiques, la Révolution de 1789 n'aurait pu déboucher. Le premier élément fut les « idées nouvelles » nées principalement d'Angleterre et qui ont pris d'assaut les anciens régimes monarchiques. Il faut rappeler que la Révolution de 1789 avait déjà deux « devancières », la Révolution cromwellienne et celle de 1688 en Angleterre. Et les idées prônées par le philosophe anglais Locke érigeaient en dogme la « souveraineté du peuple » basée sur les droits innés de l'homme (droit à la liberté, droit à la propriété). Que le pouvoir politique issu et surveillé par le peuple doit respecter en vertu d'un contrat social. Le libéralisme qu'il énonçait entendait que « Les hommes de l'état de nature étant des propriétaires sont engagés dans des échanges économiques pour subvenir à ce qui leur manque. Le rôle de l'Etat est justement de garantir ces échanges, sans qu'il intervienne dans l'ordre naturel des échanges. Il suit que le pouvoir politique trouve son origine dans le consentement de ceux sur lesquels s'exerce son autorité. Il est au service de la société et exerce son droit de gouverner pour arbitrer et corriger ceux qui tendraient à lui nuire. » D'autres penseurs, philosophes et écrivains comme Voltaire qui dénonça les abus du pouvoir, Montesquieu qui prôna le régime constitutionnel dans « L'Esprit des lois », Jean-Jacques Rousseau qui réclama le gouvernement par le peuple dans le « Le Contrat social » et des économistes éminents de l'époque tels Quesnay, Turgot, Adam Smith qui jetaient les bases d'une nouvelle Économie politique, sont tous venus marquer cette époque-charnière de l'humanité? marquant le réveil des peuples. L'élément audacieux, novateur, révolutionnaire était là, annonciateur d'une nouvelle époque qui non seulement allait bouleverser l'Europe pendant deux siècles, mais « continue encore aujourd'hui à bouleverser la face du monde ». Dont les peuples musulmans qui luttent pour la démocratie (état de droit, liberté et contrôle du pouvoir politique), et les pays d'Afrique et d'Asie. Si les idées nouvelles, ferments de la révolution à venir, sont là, prêtes à impulser un tournant de l'histoire, un élément moteur est nécessaire pour enclencher une nouvelle phase de l'Histoire. D'où viendra cet élément-moteur ? Et c'est là où entre l'herméneutique historique ! Seules les « idées nouvelles » ne peuvent « matériellement » bouger les peuples ! Combien même le peuple français, et en particulier le « peuple parisien », dont le statut de serf n'avait pas totalement disparu et subsistait encore en France et dans toute l'Europe, ne pouvait suivre les idées même s'il est attentif à ce qui peut changer son statut. « Un serf n'est pas un esclave mais l'est presque. » S'il n'est pas considéré à une chose comme l'est l'esclave, il ne dispose toutefois pas de personnalité juridique. Mais alors d'où viendra l'élément enclenchant ? Il faut rappeler que la « Guerre de Sept ans » entre les monarchies européennes débuta en 1755. Elle eut pour cause un conflit sur la mainmise des colonies d'outre-mer. Une guerre qui débuta dans les colonies et mit en prise les colons français du Canada et de la Louisiane avec les colons anglais des États côtiers de la Nouvelle Angleterre, de Virginie, de Maryland, de Pennsylvanie? Et en Asie, en Inde, en Afrique? Ce conflit sur la possession de territoires dans les autres continents n'avait pourtant rien à voir avec les affaires internes européennes. Bien, au contraire, il augmentait l'« aura des monarques européens » sur la domination que leur puissance militaire leur octroyait sur les autres peuples colonisés et les richesses qu'ils retiraient de ces lointaines contrées. Mais un pays perdant dans cette guerre coûteuse de Sept ans qui a duré jusqu'en 1763 a eu des répercutions néfastes sur l'économie de la France. Elle a entraîné malheur et misère à la classe paysanne et des artisans, tandis que la classe aristocratique trop fermée et trop couteuse saignait les finances publiques de la France. C'est le Tiers Etat qui payait cette situation d'extrême inégalité, le poussant dans la pauvreté, le dénuement, la famine et la mendicité. La « Guerre de Sept ans » et les « Idées nouvelles » suffisaient-elles à enclencher la « Révolution de 1789 » ? Certes les ingrédients sont là, la « misère » de la classe pauvre, mais cependant insuffisants pour enclencher la « révolution de 1789 », qui était appelée a devenir un ferment révolutionnaire mondial, un aiguillon pour toutes les révolutions humaines à venir. Manque donc un élément capital pour terminer le processus révolutionnaire en préparation. D'où viendra-t-il, le « troisième élément » ? Il viendra précisément de l'entêtement de la caste aristocratique du système politique monarchique. L'esprit nouveau dans une génération manquant de direction était ouvert à tous les possibles ! D'autant plus qu'un premier mouvement révolutionnaire contemporain à cette époque a éclaté dans les « treize colonies anglaises d'Amérique » qui, après une guerre contre l'Angleterre, ont proclamé l'indépendance des États-Unis d'Amérique en 1776. Le prestige royal ruiné par les défaites militaires, le roi de France Louis XVI, pour combler le déficit de l'Etat, nomma l'intègre économiste Turgot, qui proposa d'enlever aux classes privilégiées, l'immunité de l'impôt. Une cabale de cour le fit renvoyer. Necker, un banquier de Genève, eut le même sort pour le même motif. Il fut remplacé par l'incapable Calonne qui, après des gaspillages considérables, finit par demander lui aussi une égale répartition des charges, la « subvention territoriale ». Une « assemblée de notables » fut convoquée, mais refusa sa proposition. L'archevêque Loménie de Brienne, d'abord antagoniste, reprit pourtant le projet de ses prédécesseurs, mais la caste des notables s'opposa et dégénéra en rixes. Alors Louis XVI rappela Necker et convoqua, à sa demande, les états généraux en 1788. Mais, cette année, la France est en plein désastre économique. L'état de banqueroute est proclamé, l'Etat français cesse ses paiements. C'est « la crise » en France, c'est-à-dire l'« appel du peuple français via ses élites », c'est le « troisième élément constitutif ». Le 5 mai 1789, s'ouvriront en France les états généraux, c'est-à-dire les représentants des trois ordres (noblesse, clergé, Tiers état), et par là même, la « Révolution française ». On connaît le reste. Prise de la Bastille le 14 juillet 1789, décrets révolutionnaires prononcés : égalité devant l'impôt, liberté individuelle, liberté de la presse, abolition du servage et corvée royale, suppression de lettre de cachet (ordre du roi permettant l'incarcération sans jugement, exil ou internement?). Le mouvement révolutionnaire en France est désormais irréversible. Et on a vu ce qui s'ensuivit au XIXe et XXe siècle, en Europe et dans le monde. LA REVOLUTION DE 1789, UNE «NECESSITE HERMENEUTIQUE HISTORIQUE» Que peut-on dire conclure de cet événement historique majeur dans l'histoire de l'humanité ? Que la « Révolution française » peut être considérée comme « la mère des révolutions du monde ». Par son processus révolutionnaire, elle est unique et dépasse de loin la révolution cromwellienne, la deuxième révolution anglaise de 1688. Quant à la révolution américaine, bien plus, la « Révolution de 1789 » vient l'«éclairer», la « consolider » parce que cette révolution se joue dans le cœur même de l'Europe des puissances. Sur un plan herméneutique, on peut considérer les faits et éléments qui ont joué dans le déclenchement de la Révolution française comme un écheveau programmé, signifiant une avancée dans l'histoire de l'humanité. Non que les hommes ont opéré des avancées, et cela on ne peut en douter, la Révolution française a été une véritable avancée civilisationnelle, mais que celle-ci, pour se réaliser, a nécessité à la fois des événements historiques contingents comme la Guerre des Sept ans, ou l'entêtement de la caste aristocratique française qui n'a pas voulu partager le fardeau financier qui pesait sur le peuple français, et qui ont provoqué « la crise ». D'autre part, sans l'élément fondateur de la Guerre de Sept ans qui a provoqué l'affaiblissement du régime monarchique, la révolution française n'aurait pu s'opérer. Les conflits outre-mer entre les puissances monarchiques européennes entraient comme une «herméneutique historique nécessaire» dans l'écheveau qui tendait vers la destruction du système politique monarchique. De même, la caste aristocratique qui, à chaque fois, se posait en obstacle aux réformes ne pouvait pas savoir « qu'elle creusait sa tombe ». Elle ne comprenait pas que son système arrivait à une fin de l'histoire, et ce combien même cette fin de l'histoire est relative puisque la monarchie en France est revenue, plus tard. Mais le système est désormais irréversiblement touché. Si la caste aristocratique savait ce qui allait se passer, la famille royale guillotinée, de même pour une partie des nobles, ou fuyant en exil, il est certain qu'elle aurait accepté les réformes, ce qui lui aurait évité la mort ou l'exil. Mais la noblesse française n'étant pas avertie, « a provoqué la crise », une « situation herméneutique nécessaire ». Ce qu'on a énoncé comme le premier élément, c'est-à-dire les « Idées nouvelles », relève d'une lente maturation du monde. L'Esprit du monde insuffle aussi l'esprit des hommes sinon pourquoi cette révolution n'a pas eu lieu au Xe siècle, ou au XVe siècle ? Comme d'ailleurs pourquoi l'énergie nucléaire n'a été découverte qu'au début du XXe siècle, et non au XVIIe siècle ? Donc, l'histoire relève d'un enchaînement de faits et événements causaux. Ceci simplement pour dire, que le progrès n'appartient pas à l'homme, mais lui vient d'un long cheminement de causes à effets dans le temps. Si le « servage » comme l'« esclavage », ou la « colonisation » ont été une « nécessité » puisqu'ils ont existé, et « tout ce qui existe est une nécessité », il revient que la « libération » de l'homme est aussi une « nécessité ». Et tous ces faits et événements s'inscrivent dans une conjonction synergique de ces éléments, c'est-à-dire une dynamique dialectique de l'histoire. Et l'homme ne peut que se féliciter des avancées qu'il opère à chaque séquence de son histoire. Comme il sait qu'il ne saura jamais assez de sa finalité. Et c'est là tout le sens que prend la connaissance herméneutique de l'histoire. LE XXE ET XXIE SIECLE: UN MONDE NOUVEAU S'ERIGE POUR L'HOMME Prenons un autre événement-phare de l'Histoire de l'humanité, qui aura aussi bouleversé l'Europe et le monde. Et essayons d'analyser ses éléments constitutifs. Comment se sont opérées « la destruction du Mur de Berlin en novembre 1989 et la disparition de l'Union soviétique en décembre 1991 ? » Là aussi sont entrés des faits et événements majeurs qui ont changé le cours de l'histoire. Tout a démarré en 1945, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Dans un monde en ruine, deux superpuissances, les États-Unis et l'Union soviétique, en sont sorties victorieuses. Puis devenues à parité nucléaire au début des années 1950. L'herméneutique de cette époque envoyait ce message au monde : « On détruit tout et on recommence l'humanité à zéro ». Effectivement, ce recommencement de l'histoire qui est allé de pair avec le « renouvellement et le développement » comme l'humanité « ne l'avait jamais connue auparavant » allait changer les « règles de l'existence ». Finie la charrue, finis l'âne, le mulet, le cheval ou la vache qui la tracte ou qui transporte l'homme, finis les trains qui toussotent à la vapeur (au charbon), ou les vieilles voitures et vieux camions bringuebalants. A suivre * Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective 1. « Algérie : Les phases historiques critiques post-indépendance. Vers un cours du baril de pétrole à 20 dollars voire à 10 dollars », par Medjdoub Hamed. Le 17 décembre 2015 www.sens-du-monde.com Article publié aussi dans ; www.lequotidien-oran.com et www.agoravox.fr 2. Commentaire dans l'article « L'herméneutique de l'alliance du monde de l'Islam et de la première puissance du monde », par Medjdoub Hamed. Le 10 août 2013 www.elwatan.com Article publié aussi dans: www.sens-du-monde.com et www.agoravox.fr |
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