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La guerre aérienne
menée par l'armée française au Mali ne se limite plus à la région de Konna où
l'avance des groupes armés islamistes a été stoppée et où des échanges à l'arme
lourde les opposent à l'armée malienne.
Des raids aériens ont touché des localités près de la Mauritanie et Gao, la grande ville du Nord qui est entre les mains du Mujao. Selon le site mauritanien Sahara Media, l'aviation française a bombardé un magasin présumé abriter des engins militaires du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), l'un des mouvements armés présents au Nord-Mali. Selon un témoin, les hommes armés se font très discrets et n'ont plus une présence visible dans les rues de Gao. Un autre témoin cité par l'AFP parle d'une dizaine de frappes aériennes à Gao qui ont détruit les «bases islamistes» dans la région. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui parle de «liquider» les groupes islamistes a indiqué que les opérations allaient se poursuivre. Il a affirmé que l'avance des djihadistes n'est pas «totalement empêchée». Les services de l'Elysée ont souligné de leur côté que les groupes armés étaient «bien équipés, bien armés et bien entraînes», dotés «d'un matériel moderne, sophistiqué». Paris justifie une intervention qui a permis d'éviter une chute rapide de Bamako en «deux ou trois jours». Le ministre français de la Défense affirme que l'opération actuelle sert à empêcher la progression des djihadistes et à permettre ensuite aux forces maliennes et aux forces de la MISMA d'engager la reconquête du Nord. Le bilan des engagements est de 11 morts dans les rangs de l'armée malienne, une soixante de blessés, un officier français tué. Et un nombre imprécis - l'armée malienne a parlé d'une centaine - d'islamistes tués. Un responsable d'Ançar Eddine, Abdel Krim dit Kojak, a été tué dans les combats qui se sont déroulés à Konna. Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), dix civils, dont trois enfants, ont été tués lors des combats. REPORT DU SOMMET DE LA CEDEAO Alors que les premiers renforts venant de pays ouest-africains étaient attendus, hier, un sommet extraordinaire de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) prévu pour le 16 janvier a été reporté au 19 janvier. Aucune explication n'a été donnée sur ce report. En théorie, la Cédéao doit former une force d'intervention de 3.300 hommes avec un soutien logistique occidental pour contribuer à la reprise du Nord-Mali. Ce retard pourrait être un signe de l'impréparation des ces pays malgré leur discours en faveur d'une action «immédiate». Pour l'heure, une équipe de l'armée de l'air du Nigeria ainsi que le commandant de la future force africaine, le général Shesu Usman Abdulkadir, sont arrivés au Mali. Le Nigeria doit dépêcher 600 hommes au Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal se sont également engagés à participer à la force africaine en envoyant chacun 500 hommes en soutien à environ 5.000 soldats maliens pour reconquérir le nord du Mali. La France qui contrairement à ce que disait son ministre des Affaires étrangères, il y a quelques semaines, s'est retrouvée en «première ligne» tente de ne pas rester seule. Elle a reçu de la Grande-Bretagne la promesse d'une assistance militaire logistique sans déploiement de «personnel en situation de combat». LE MNLA S'INQUIETE Le ministre français de la Défense a insisté sur la «solidarité totale» des Etats-Unis qui, a-t-il dit, «vont nous seconder dans cette opération, à la fois en terme de renseignement et en terme de soutien, et logistique et de ravitaillement en vol». Ainsi, les opérations aériennes soutenues seraient le prélude à la guerre de «reconquête», ce que le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg malienne) a dénoncé en demandant que les forces maliennes s'abstiennent de pénétrer dans le Nord, dans l'Azawad. Dans un communiqué, le MNLA souligne que «l'intervention armée étrangère contre les groupes terroristes ne doit pas permettre à l'armée malienne de franchir la ligne de démarcation entre l'Azawad et le Mali avant le règlement politique du conflit qui nous oppose». Le communiqué de Bilal Ag Achérif, secrétaire général du MNLA, indique que son organisation «s'impliquera pour le succès des opérations de lutte contre le terrorisme? Nous demandons à ce que la population civile de l'Azawad ne soit victime de l'intervention armée et qu'il n'y ait pas d'amalgame entre elle et les terroristes». Le MNLA n'indique pas quelle sera son attitude dans le cas d'une avancée effective de l'armée malienne se limitant à rappeler qu'il «a toujours respecté ses engagements notamment la cessation des hostilités entre le MNLA et l'armée malienne et reste disponible aux négociations». DISCOURS DE «FERMETE» A ALGER A Ghadamès, les questions sécuritaires étaient au centre de la rencontre entre les Premiers ministres de l'Algérie, la Tunisie et la Libye. Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a développé un discours de « fermeté». Au cours de la rencontre tripartite avec les chefs de gouvernement tunisien et libyen, respectivement MM. Hamadi Jebali et Ali Zidane, M. Sellal a déclaré : «Nous avons soutenu au maximum le dialogue et continuerons à le faire mais en cas d'atteinte à la sécurité et l'utilisation d'autres moyens, nous sommes appelés à être fermes». La crise malienne aura un «un impact direct» sur la région a-t-il déclaré en soulignant qu'il ne «s'agit pas d'une simple affaire de terrorisme mais de crime organisé où sont utilisés les stupéfiants et le blanchiment d'argent». Abdelmalek Sellal a accueilli, hier, le Premier ministre malien, M. Diango Cissoko, arrivé en Algérie pour une visite de travail de deux jours. Pour Bamako, l'Algérie a déjà fait l'essentiel en apportant son soutien au gouvernement malien et en qualifiant l'intervention française d'un effet d'une «décision souveraine». |
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