Vahid Halilhodzic est resté fidèle à ses principes en matière de tactique
de jeu. Schématiquement, cela a donné un 4-3-2-1 comme ce fut le cas face à la Libye
à Casablanca. Pour composer son équipe, il a misé sur l'expérience, de M'bolhi
à Slimani, préférant, à titre d'exemple, Mesbah à Ghoulam. La seule surprise du
onze rentrant aura été Bouazza, aux lieu et place de Lacen, qui a ressenti des
douleurs avant le coup d'envoi du match. Explications du coach bosnien: «Le
groupe a besoin de temps de jeu, raison pour laquelle je mise sur les mêmes».
Et puis, tout comme à Casablanca, c'est le schéma classique lorsque l'EN évolue
à l'extérieur. Vahid, cependant, soutient mordicus qu'il a préparé trois
schémas tactiques, en fonction de l'adversaire, de l'évolution du match et à la
préparation au pire. En fait, et comme d'habitude, l'entraîneur national se
méfie beaucoup des adversaires de l'EN. Pour l'Afrique du Sud, il a estimé «que
c'est une formation avec des joueurs explosifs et rapides qui va nous poser
beaucoup de problèmes avec son jeu en profondeur. D'ailleurs, d'après ce que
j'ai pu voir lors de son premier match, est l'un de mes favoris». D'accord pour
l'explosivité, la vitesse et la profondeur, mais l'équipe des Bafana Bafana a
abusé des longues balles finalement toutes repoussées par nos défenseurs, ou
captées par un excellent M'bolhi. Mais cette équipe sud-africaine, ce n'est
tout de même pas du top, loin de là. Et c'est pour cette raison, ajoutée à
l'excessive prudence affichée face à la Libye à Casablanca qu'on a l'impression
que Vahid a tendance à surestimer les adversaires. Est-il influencé par les
rapports établis pour ses adjoints envoyés en reconnaissance ? Peut-être. En
tous les cas, et en dépit du fait que Soudani a été à l'origine de la victoire
à Blida malgré sa rentrée tardive, Halilhodzic a encore envoyé le seul Slimani
en première ligne. Certes, le Belouizdadi possède le physique et la technique
requis pour ce poste ingrat de «pivot» offensif mais, esseulé au milieu d'une
défense renforcée, il n'aura que très peu d'opportunités de marquer des buts.
Un joueur de son genre a besoin d'un coéquipier qu'il pourra alerter par ses
déviations, et ce dernier n'est autre que Soudani qui bouge beaucoup, tant sur
le flanc gauche que dans l'axe. En outre, ces deux joueurs s'entendent à
merveille sur le terrain et en dehors. Or, en fonction des remplacements,
Slimani et Soudani ne sont restés sur le terrain ensemble que vingt minutes,
car Aoudia a suppléé l'attaquant du CRB. A notre avis, il s'agit d'un point
essentiel qui devrait retenir l'attention du staff technique pour tirer les
conclusions qui s'imposent, tant il est vrai qu'on a plus de chances de secouer
les filets adverses avec deux attaquants qu'avec un seul franc-tireur. Ceci
dit, globalement, les capés ont appliqué les consignes reçues en matière de
repositionnement dès la perte du ballon. Cela s'est vérifié surtout en première
mi-temps, où, hormis Slimani astreint à sa tâche ingrate, tous les autres
joueurs se sont regroupés dans leur camp, compliquant ainsi les mouvements de
construction des Sud-Africains. Deuxième gros constat positif: la défense a
accompli admirablement son travail et ce, malgré les sollicitations des
attaquants Bafana Bafana. La paire Belkalem-Medjani est complémentaire et,
Halliche, rentré à la place de ce dernier, n'a pas démérité. Idem sur les côtés
où Mostefa et Mesbah n'ont fait aucune concession à leurs vis-à-vis, malgré
quelques hésitations. L'autre bémol concerne l'animation du milieu, et force
est de reconnaître que les trois récupérateurs ne se sont pas trop aventurés,
ce qui a laissé des espaces pour l'adversaire, car Kadir et Feghouli, trop
éloignés l'un de l'autre, ne pouvaient combiner de façon rationnelle. Quant à
M'Bolhi, auteur de plusieurs interventions spectaculaires grâce à sa lecture du
jeu, il doit soigner ses dégagements au pied, à l'image du keeper des Bafana
Bafana. Un ballon dans les pieds d'un coéquipier est toujours préférable, cela
est une évidence. Analysant à chaud la prestation de son équipe, Halilhodzic a
fait preuve d'objectivité. Très satisfait de sa défense où les postes sont
pratiquement doublés, il a reconnu «que l'attaque n'a pas été à la hauteur, car
nous avions la possibilité de marquer sur certaines occasions. Le manque de
compétition de Slimani et Soudani a influé. Par ailleurs, on doit améliorer
notre relance».
Le coach bosnien a promis «d'expliquer certaines choses, notamment sur le
plan tactique. L'équipe nationale aura un autre visage dans dix jours», a-t-il
souligné. Cela signifie sans doute que des «recadrages» vont être opérés sur le
positionnement de certains joueurs. En tout cas, il y a un paramètre qui risque
de favoriser les desseins de Halilhodzic : il a sous la main un effectif
complet où la concurrence et l'émulation seront de mise. Faut-il s'attendre à
des nouveautés pour le prochain match de jeudi contre le Platinium Stars ?
Dix-sept joueurs ont évolué face à l'Afrique du Sud, dont trois moins d'un
quart d'heure. Rassuré par la forme affichée par ses défenseurs, Vahid
Halilhodzic sera tenté de tester le jeune Ghoulam sur le flanc gauche de la
défense. Sur ce même registre, un élément comme Bezzaz pourrait évoluer sur le
même registre de Bouazza. Ceux qui ont peu joué, comme Tedjar, Aoudia et
Boudebouz, auront peut-être plus de temps pour montrer leur savoir-faire. Mais,
avec un entraîneur comme Halilhodzic, il ne faut pas trop se fier aux
prévisions.