Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Leur emplacement en ville est devenu problématique : Projet de délocalisation des grossistes vers le marché d'El-Kerma

par Houari Saaïdia



Un plan de délocalisation des grossistes activant en ville se profile. Bien que les contours de l'idée restent encore quelque peu flous, tant le projet est en pleine maturation, il n'en demeure pas moins que le processus, déjà lancé par le wali, en ce sens, se veut «irréversible».

La démarche porte le double sceau de l'organisation du circuit commercial et désengorger les centres urbains. Il faut noter que le projet conçu par le chef de l'exécutif local, M. Abdelmalek Boudiaf, rejoint parfaitement la proposition déjà émise par l'UGCAA. Cette organisation corporatiste plaide, en effet, pour une délocalisation des grossistes du centre-ville vers un site « extra-muros », afin d'assainir le marché d'une part, et désencombrer la ville, de l'autre, notamment les artères où passera le tramway dans quelques mois, à l'instar du boulevard ?Mascara'. Sur le principe de transfert, il y a donc une totale convergence entre l'exécutif de wilaya et l'interlocuteur agréé de cette activité commerciale. Reste à savoir cependant, si tous les opérateurs concernés adhérent à cette entreprise et s'il est question d'un transfert visant des rues commerçantes bien ciblées ou bien d'un transfert de l'ensemble des commerçants de gros situés en ville, lequel se ferait secteur par secteur, îlot par îlot. Lors des derniers briefings de l'exécutif, le wali a réitéré ses instructions aux responsables concernés, le directeur du Commerce compris, à l'effet d'ouvrir des espaces de dialogue, de sensibilisation et de concertation avec les grossistes « sans exception ni exclusion » -ce qui suppose qu'il s'agirait, à priori, d'une délocalisation globale à terme, exécutable par étapes. D'autre part, il a chargé une commission de prospecter les sites susceptibles d'accueillir les grossistes transférés. Selon les points de vue concordants de plusieurs intervenants institutionnels et professionnels, le lieu qui s'y prête le plus, c'est le marché de gros d'El-Kerma. Là, en effet, existe un vaste terrain nu de plusieurs hectares, entre l'autoroute Est-Ouest et la route longeant le mur de clôture commun des halles aux fruits et légumes et du marché de voitures, laquelle voie communique avec l'autoroute via une bretelle. De plus, il y a possibilité d'extension sur ce périmètre, possédant de vastes terrains constructibles, qui correspondrait parfaitement aux exigences pour l'établissement d'un marché d'intérêt national, moderne et multi fonctionnel.

Selon nos informations, les premières réunions se feront avec les grossistes du boulevard ?Mascara' et ?Sidi El-Hasni', pour essayer de les convaincre de l'intérêt de leur transfert vers un site approprié et pourvu de tous les services et commodités nécessaires. La démarche va s'étendre ensuite aux autres boulevards commerçants, comme Maraval, Castors, Mâata, etc. La wilaya table en fait sur un certain « effet domino » qu'entraînerait l'acquiescement d'un premier groupe de commerçants sur le reste de la chaîne. Il faut relever, par ailleurs, que les commerçants, de façon générale, ne sont pas en odeur de sainteté auprès des consommateurs, tant les pratiques frauduleuses, indépendamment du créneau (produits alimentaires, pièces de rechange, papeterie et emballage, etc.) sont légion dans le circuit. La concentration des grossistes dans un ensemble commercial permettra ainsi un meilleur contrôle des services DCP, hygiène, vétérinaires, fisc, etc. En un mot, éliminer l'informel. Cela permettra également de mieux gérer les déchets générés par le commerce de gros -une activité très polluante, contrairement à l'idée reçue- au marché groupé où quotidiennement les tonnes de détritus et de produits invendables ou n'ayant pas trouvé acheteur seront récupérées puis envoyées au centre de tri des déchets, où elles deviendront du compost. Mieux encore, pour pallier cet immense gâchis, une association de solidarité pourrait s'y installer pour récupérer des produits de bonne qualité mais n'ayant pas trouvé acheteur, les trier et les renvoyer aux associations caritatives.