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« En chroniqueur
fidèle, j'obéis à une seule loi, l'actualité ; c'est l'actualité seule qui me
guide ».Thomas Grimm
C'est l'homme qui inspire le plus clair de toutes les sources. Il était un verbe d'actualité conjugué à tous les temps. Il avait fait une multitude de politiques pourtant il est toujours un unique homme. «L'objet de mon propos n'est pas de juger qui que ce soit, ni même de répondre aux attaques parfois blessantes dont j'ai été l'objet. Il s'agit pour moi en ma qualité de secrétaire général, de dresser des constats et d'en tirer quelques conclusions» c'est ainsi que se termine sa lettre de démission. Le départ de Ouyahia, continuera pour longtemps, jusqu'au prochain terme électoral, d'alimenter l'actualité. Il n'est pas une pure coïncidence ou une mise en disponibilité d'un simple fonctionnaire. Certains disent pourtant qu'il s'agit là d'une simple opération de blanchissement d'agents politiques. Les autres affirment qu'Il n'est que simplement politique. Le pouvoir a besoin, pour une échéance future du parti et non de son secrétaire général. L'homme aurait-il payé pour ses récentes diatribes lorsqu'il avait affirmé entre autres que le pays se gère par l'argent et la mafia. Malgré ses 16 ans de travail exécutif, à considérer comme une boite noire du système, l'homme restera quoique sans parti ; une équation importante dans les mathématiques du pouvoir de ce même pays. Son retrait est pour quelques choses dans la reconfiguration générale de l'avenir imminent du pays. Rien ne peut conjecturer que dans cette apostasie partisane il puisse y avoir une stratégie. La trajectoire s'est vite mise à l'arrêt. Ce ne sera pas à un intervalle réduit de l'occasion présidentiable que le départ de l'homme tend à se traduire en une espèce de repli tactique. A en croire les analystes ; la fin politique dans l'actualité est déjà consommée. Comme il se peut qu'il y aurait un regain favorable pour service commandé. C'est selon le degré de la vitesse de fond que vont incessamment entreprendre les choses nationales. Ouyahia, rodait, à peine ayant atteint ses 25 années dans les alentours de la présidence où il intégra sans fracas l'équipe des relations publiques. Son esprit se forma à l'esprit d'équipe et son sens relationnel et public s'aiguisa davantage. L'esbroufe et le coulissage, il en a vu, stagiaire. Il s'en est inspiré, titulaire. Peu après Zeroual ; prônait en lui alors la jouvence qui manquait au rafraichissement des icones de l'Etat. L'homme semblait posséder à merveille l'art de conduire les rapports les plus difficiles dans la problématique institutionnelle. Il savait aussi gérer les cabinets. Lieu où tous les mystères sphériques du pouvoir se dissipent ou s'accentuent. Son privilège c'est d'avoir été l'homme des conjonctures inouïes et d'être l'homme de toutes les conjonctures. Affabulé sur le terrorisme résiduel, attaqué sur les ponctions, désavoué sur la non-augmentation des salaires, le robot humain Ouyahia, politiquement insensible avance sereinement en face de l'imperturbable et de l'irrésistible. Sa force ne résiderait-elle pas fermement dans cette puissante aptitude à l'encaissement ? Initiateur de toutes les convergences, l'homme faisait de l'alliance présidentielle un regroupement de forces et un agglomérat d'électeurs. Un but clairement défini est en bout: La victoire d'une option sur les autres à même de diriger le pays. La coalition gouvernementale aurait été par contre une gestion aléatoire. Un résultat de compromis. Contrat à durée et objet déterminés ; l'alliance qui regroupait le RND, le MSP contenait en ses addendas, d'autres partenaires insignifiants. Du plus simple sympathisant à la personnalité historique émérite, de l'union sociale, syndicale, professionnelle à la confédération patronale à la fédération des parents d'élèves ; le tout a formé les cercles d'approchants greffant le pourtour de l'alliance. Cette machine institutionnelle allait à la conquête des voix. Du peuple. Celui-ci était déjà en partance. L'alliance ne faisait donc et sans arrêt que du marketing présidentiel. Elle pouvait le faire aisément. Le « produit » à vendre avait un bon label, une marque déjà déposée, étiquetée et certifiée à la norme iso histoire. Si Bouteflika n'avait nullement besoin de tout cet appareil pour se faire affectionner, Ouyahia avait été un fervent animateur dans la quête d'un amour national perdu. Mais au lieu de l'attiser, incompris il le faisait à autre sens. Entre un sentiment de traîtrise et une euphorie de liesse, il ne peut y avoir de place pour un évitement de la vision réaliste qui a marqué tous ses passages. Il a initié pas mal de politiques. Même, plusieurs. Il a parlé, on la écouté. On lui a parlé il les a écoutés. A la télé, il était tout, sauf chef de gouvernement ou président de parti. Il savait se mettre conjoncturellement dans la peau de monsieur tout le monde. Il ne disait publiquement rien d'essentiel. Cependant son essentiel à lui se confinait dans une conviction, pas toujours la sienne. Mais en somme il a tout le temps suscité beaucoup d'interrogations. Au titre de citoyen badaud ou fonctionnaire studieux et persévérant, il passait plus qu'un militant d'un idéal indéterminé. Son angélique visage fait penser à ceux qui l'entraperçoivent pour une première fois, qu'ils sont en face d'un gentil médecin de campagne. En effet, il est affable, courtois et surtout tolérant. Bon père de famille, digne fils, tranquille en dehors des horaires de ses vacations. Mais en surface, sur le plateau politique ; l'homme défiait toute naïveté. Un ton trop évasif, lui avait permis, car choisi ; de contourner avec une attitude de niais, les virages dangereux qu'emprunte la politique nationale. Cette politique qui se laisse faire, se laisse aller au gré de l'information provenant de l'humeur du jour. Habituant ses auditeurs à plus de flux verbal et de reflux salivaire, Ouyahia n'a pas été trop bavard à son départ. Il s'est contenté, administratif qu'il est, d'un style clair, net et précis. Les premiers éléments pédagogiques de la rédaction administrative qu'il aurait apprise dès son âge d'étudiant. Le monsieur est un loup blanc, l'avions-nous connu, en termes de verbiage, chiffres et loquacité. Néanmoins, il usait de tout un substrat métaphorique qu'il condensait dans une forme d'hilarité déconcertante, le plaçant ainsi un peu au-dessus de l'actualité. Sa lettre de démission est en fait un aveu de réception de signal que le jeu amusant avec les autres redresseurs est fini. Quels seraient « ces constats à dresser »et quelles en sont « les quelques conclusions à tirer » ? Il n'a pu le dire. Du moins aujourd'hui. Le monsieur n'attire pas vers lui toutes les douceurs. L'on dirait qu'il fait tout pour qu'il se mette dans des situations peu enviables. Il suscite la parole satirique tout en suggérant les failles possibles dans lesquelles, il se met de la façon la plus expresse. Gestionnaire orthodoxe, il s'attire les foudres du populisme. Impopulaire dans ses mesures, il persévère dans son inflexibilité budgétaire et économique. Quand le monsieur parle, il titille l'ire de son auditoire. Quand il propose il se soumet sous une moissonneuse batteuse verbale qui ne finit pas de si tôt son travail. Alors quand il décide, il se fait verser du vitriol en pleine gueule. Le monsieur n'est pas un nouveau-né, comme le fut sa machine-parti. Il provient de la profondeur des entrailles systémiques. Il semble même être à l'origine de la régénération vivifiante du système lorsque celui-ci se trouva en phase finale de pénitence. On dit ne pas l'aimer trop, mais il semble utile à la stabilité des barres parallèles du pouvoir. Mais, voilà qu'il part maintenant est-ce tout cet équilibre est perdu ? La chefferie gouvernementale ou la primeur ministérielle ne l'émeut plus outre mesure. L'homme pourvu d'un long pragmatisme s'attelait sans le dire à aller vers la rencontre d'un destin. Mis à maintes fois en porte-à-faux avec Bouteflika celui que l'on qualifie à l'endroit de cet homme comme étant un tuteur potentiel, il avait su maintenir la case successorale toujours à son avantage. Encore, ce départ précipité n'encourage aucune analyse de pouvoir assurer une certaine confiance en sa personne. «Lui, n'a jamais envisagé une seule seconde une action d'émancipation à l'égard de la maison mère. Intelligence des situations ou carriérisme sans relief ? » S'est interrogé un confrère en février 2000. Ceci reste, 13 ans après comme une certitude inébranlable. Seulement que l'homme dans l'une de ses interventions télévisées avait parlé de « maison » et du « propriétaire de la maison ». Croyant qu'il faisait allusion au président de la république, l'animatrice s'était reconquise quand il «propriétisa» la maison au peuple, seul détenteur légal de l'acte patrimonial. N'y avait-il pas ici, déjà une certaine distanciation à l'égard de l'opinion officielle ? L'émancipation qui lui manquait une décennie durant n'est-elle pas ainsi inscrite dans un commencement d'ébranlement ? Mais l'homme caractérisé par un excès de prudence, voguait comme un esquif léger dans une mer qu'il sait totalement agitée. Il tente d'éviter les éventuels écueils tout en étant rassuré de l'orientation prise pour lui et sa traversée. Niant toute crise politique, à moins qu'il en fasse une autre analyse il passe furtivement sur le feu qui s'excite et souffle dans l'attente de se propager dans la « maison ». Il entretient sciemment l'amalgame brouillant sur le paysage politique, sachant en toute évidence que des réformettes simples et administratives ne peuvent créer l'effet rénovateur et rédempteur tant attendu. Il enfonçait le silence et accentuait la loi de l'omerta sur l'ouverture du champ audio-visuel tout en esquivant mais sans conviction les remous dans la scène régionale que provoquaient les révolutions arabes. Il réfutait l'effet domino. Défenseur émérite du « patriotisme économique », qu'il théorisa en néoprotectionnisme ; il s'est mis sur le dos tout le patronat français et national pour les mesures fiscales annoncées dans la loi de finances complémentaire de 2009. A ce chapitre le monsieur s'est illustré comme un vaillant combattant des intérêts de la nation. Ces mesures ont provoqué un climat d'hystérie au sein du mouvement patronal français. Ouyahia aurait-il usé par tout ce stratagème d'un alibi fiscal et commercial pour faire fléchir une position politique que la politique nationale n'avait pas pu engendrer ? Avait-il réussi à faire d'une simple disposition financière ce que la diplomatie a échoué de faire ? Et bien sûr la venue de François Hollande récemment à Alger n'a rien à voir avec son départ ( ?). Le destin de cet homme n'est qu'une prédestinée. Il ne peut en dehors de l'acte politique, faire autre chose. Invétéré dans la gestion de la collectivité locale, ses tares y sont multiples. Ses politiques aussi. Si l'on lui nomme des ministres avec qui la symbiose de l'approche gouvernementale n'est pas prête pour déclencher le travail d'équipe, l'on peut dire qu'Ouyahia était parfois seul, en compagnie cependant de quelques ministres partisans, à assumer l'irrationnel politique. Ces mêmes ministres d'entre actuels et anciens sont ce jour derrière le catafalque de la dépouille politique où git l'ex-patron du parti. Les funérailles sont annoncées pour le 17 courant. Il n'y aura, après cela aucune pensée ou demande de prière. A dieu nous appartenons à lui nous reviendrons. Amen. Comme l'opportunité est parfois une option à saisir au vol, Ouyahia tentera-t-il de se faire un lifting politique durant une année sabbatique et se préparer à l'échéance 2014 ? Rien n'indique encore cette probabilité d'un retour triomphant avant ce terme. Ira-t-il, pour servie rendu se consumer lentement dans l'oubli fonctionnel d'une quelconque ambassade ? Le RND n'est plus son quartier général. Il ne peut désormais lui offrir une place privilégiée. Sentiments contre souvenirs, il va en avoir beaucoup à ruminer dans le silence qui va le cerner. De partout. Ses députés, ses garants comme ses larbins. Le vide va remplir son manque de dynamisme. L'inactivité, lui crapahutant 12/24 heures, va le mortifier. Heureusement pour lui, bibliophile il va se mettre à la boulimie livresque et pourquoi pas passer à la plume pour inscrire à son tour ses mémoires, ses déboires et avec, tous nos autres. Le RND, ce parti en pack, doit être repensé autrement à peine de scoliose. Ce ne sera pas ces momies pestiférées, revenant des braises d'octobre qui vont lui assurer une virginité. Il a une élite florissante et juvénile. Ces « redresseurs » se doivent un comportement partisan indemne de toutes suspicions revanchardes. L'homme est parti, la structure reste. Vide et sans âmes. Les propos préliminaires rapportés dans sa lettre de démission expriment par un ton douloureux le mal que lui causent « des attaques parfois blessantes » En tous cas le monsieur mérite quand bien même, respects et gratitude. C'est que viennent, à leur honneur, de réclamer les anciens cadres du RND qui se considèrent comme le patrimoine mémoriel du parti. |
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