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Partisans
et adversaires de l'intervention militaire internationale au nord du Mali sont
engagés dans une véritable course de vitesse pour faire triompher leur point de
vue respectif. Les seconds ont paru être près de faire prévaloir le leur après
que le MNLA et Ansar Eddine, les deux fers de lance de la rébellion armée
touareg au nord du Mali, eurent accepté de participer à un dialogue de paix
avec les autorités de Bamako (aux conditions posées par le Conseil de sécurité
de l'ONU) et que la médiation burkinabé soit parvenue à se faire rencontrer les
deux parties à Ouagadougou.
Il a donc semblé que l'on s'acheminait dans la crise malienne à l'enclenchement d'un processus allant déboucher sur une solution politique. Sauf qu'il est très vite apparu que les partisans de l'option militaire n'entendent pas laisser sa chance à la solution politique et ont dressé des obstacles sur sa voie qui remettent en cause les avancées enregistrées. Le premier est apparu sous la forme de deux déclarations. Celles il y a trois semaines du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, puis du président intérimaire malien le 31 décembre au soir, qui ont convergé en soutenant que l'intervention militaire internationale au nord du Mali est envisageable à brève échéance, sans attendre ce que pourrait donner le dialogue amorcé dans la capitale burkinabé. A partir de là, l'on a assisté à des atermoiements de la part des autorités de Bamako qui ont freiné ce processus et au durcissement en réaction des positions des deux organisations de la rébellion touareg. Depuis quelques jours, la rupture entre les deux parties semble en voie d'être consommée. Ansar Eddine a en tout cas annoncé qu'il se retirait du processus de dialogue avec les autorités maliennes. Cette évolution peu encourageante a abouti à la suspension des négociations de Ouagadougou. Négociations que le président en exercice de l'Union africaine, le chef de l'Etat béninois Boni Yayi, veut probablement faire capoter irrémédiablement en ayant déclaré « souhaiter l'intervention de l'OTAN » au nord du Mali. La « sortie » du président béninois va incontestablement lourdement influer sur le climat qui environne la tentative de préserver les chances d'une poursuite du dialogue inter-malien. Boni Yayi n'a pas commis une bourde. Il a sciemment exprimé ce que les alliés africains de la France qui tient à l'intervention militaire et au plus vite préconisent pour hâter l'engagement de celle-ci. Il a par ailleurs pernicieusement donné à entendre que parlant en qualité de président en exercice de l'Union africaine, le «souhait» exprimé par lui serait celui de l'organisation panafricaine. Il faut être naïf pour croire que le « souhait » du président béninois est du domaine de la spéculation personnelle. Il lui a été sans aucun doute soufflé par Paris qui travaillant à précipiter l'engagement militaire au nord du Mali ne veut pas attendre que l'armée malienne soit réorganisée comme exigé par le Conseil de sécurité et n'a qu'une confiance limitée dans l'efficacité de la force militaire que les pays de la CEDEAO vont déployer pour épauler cette armée malienne. L'OTAN dont la France est membre est ainsi ouvertement conviée à suppléer aux carences des deux acteurs militaires africains censés partir à la reconquête du nord du Mali. L'option OTAN fait l'affaire pour Paris car elle permettrait sous cet habillage l'intervention de la France qui directe n'est acceptable ni pour une majorité de Maliens ni pour les Etats du champ dont l'Algérie bien entendu. En tout cas, la déclaration du président béninois a le mérite de révéler ce qui se cogite dans le camp des partisans de l'intervention militaire immédiate et celui d'expliquer les revirements irresponsables des autorités de Bamako qui ont conduit les groupes rebelles touaregs à perdre le peu de confiance qu'ils ont eu sur leurs intentions. L'Union africaine se doit en tout cas de se démarquer sans ambiguïté du «souhait» exprimé par son président en exercice car contredisant le principe du refus de l'intervention extra-africaine qu'elle défend. |
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