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Après une visite
bien encadrée à Moscou du temps de l'URSS, un homme d'affaires occidental
étonné murmure au camarade pilote : « Il y a beaucoup de pauvres en URSS!»
«Heureusement, réplique le fonctionnaire soviétique, sinon sur qui
pourrions-nous compter pour faire la prochaine révolution ? »
En ce début du 21eme siècle, combien de pauvres croient encore au «sésame ouvre-toi » des révolutions. Partout, ils semblent se résigner à leur sort et quand ils protestent ça et là, ils le font sans conviction comme si le point de non-retour est déjà atteint. C'est le scenario du film «Soleil vert» qui passe sur Arte où le pauvre est déchet et traité comme tel sous l'œil armé des milices et le bon vouloir du prince. Les psys ne nous disent pas pourquoi une poignée d'hommes qui n'ont rien fait d'utile pour l'humanité sont en train de la détruire. Ils ne nous disent non plus pourquoi la grande majorité se « victimise» en tendant le cou. Et si c'était ça la fin du monde ? Ces gènes retors qui causeront un jour notre disparition. Einstein affirme que la quatrième guerre mondiale se fera à coups de pierres à supposer que le nucléaire épargne quelques jeteurs de pierres. Les «visionnaires» à Washington y croient à une troisième guerre mondiale déclenchée en Iran, Pakistan et dans tous ces pays qui auraient pu être grands s'ils n'avaient opté pour des politiques suicidaires adeptes de la géhenne pour tous. En attendant, les populaces s'appauvrissent partout même si la faim régresse d'après les statistiques. Certes la faim de l'estomac est la plus facile à vaincre, juste un peu de riz ou un morceau de pain et abracadabra ! Hélas la pauvreté est multiple comme la richesse et la moralité est là où on ne l'attend pas. Comme dans le passé les droits de l'homme c'est d'abord les droits du chef ; les malheurs de la masse feront le bonheur du cercle restreint et sacré. Dans les sociétés primitives, les inégalités économiques étaient inexistantes mais aujourd'hui même la crise économique se montre bien reconnaissante envers ceux qui l'ont causé. Selon la CADTM (le Comité pour l'Annulation de la dette du Tiers-Monde) en 2010, le patrimoine des 1210 milliardaires les plus riches au monde a atteint 4500 milliards de dollars alors qu'en 2009(un an après le déclenchement de la crise mondiale) ils n'étaient que de 1011 avec 3500 milliards de dollars(1). Et d'après cette source on a un riche pour 100 millions d'êtres humains. Il suffirait de prélever 2% des richesses du premier pour sauver les seconds. Comment on a pu produire après une crise économique plus de riches et plus de pauvres ? A quoi a servi toutes ces révolutions, tous ces rois et dictateurs balayés si sous un habillage plus correct leurs héritiers vont jusqu'à tuer la poule aux œufs d'or et se goinfrer avec. Parce que les riches ne tuent pas seulement les pauvres, ils tuent aussi la nature, leur soif d'argent ne recule devant aucun excès, pollution extinction des espèces etc. On estime à 600 les espèces végétaux et à 500 les espèces animales disparues par la faute du gagner plus. Dans son livre «Comment les riches détruisent le monde», Hervé Kempf le souligne bien en parlant de crise écologique majeure, il affirme que pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les bipèdes que nous sommes se heurtent en ennemis aux limites de la biosphère. Or là, l'injustice de dame nature est aussi éloquente que celle de l'homme : seul l'innocent trinque. Imaginons une catastrophe imminente, qui va être épargné sauvé en premier ? Ceux qui en sont responsables bien sûr, on le voit bien dans «Soleil vert». La terre devenue planète hostile avec des bienheureux dans leur tour d'ivoire se nourrissant d'aliments bios et des gueux faisant la chaine pour un sachet plastifié rempli de rectangles verts, dit soleil vert, présenté comme des algues naturelles qui en réalité ne sont que leurs morts recyclés en pâtée dans des usines interdit d'entrer où le secret est bien gardé? Avant, le pauvre c'était le paresseux l'inadapté le malchanceux, maintenant s'il n'existe pas on le fabrique. Avant, on disait aux enfants à l'école : travaillez prenez de la peine, votre or de demain c'est votre sueur d'aujourd'hui. Les petits studieux et obéissants ont grandi bardés de diplômes universitaires et se retrouvent chômeurs, injectés d'un système-leurre, désenchantés à vie. 50% des Français interrogés craignent qu'un jour ils se retrouvent SDF. Chez nous combien sont-ils ces élèves bosseurs qui atterrissent dans un souk lépreux sur un trottoir défoncé à vendre de la camelote chinoise ou de la friperie européenne dans le meilleur des cas. Pourtant contrairement à la France, on n'a pas de dette abyssale de délocalisation de sous-sol stérile, on a d'autres calamités qui semblent donner bien pire résultat: du pauvre inapte à la révolution apte à la fuite en arrière au propre et au figuré comme si son ADN a été modifiée après avoir été dépouillé. Dans le Courrier International, la romancière et chroniqueuse d'El Pais, Almudena Grandes déclare au sujet de la crise en Espagne: «Les gouvernants cherchent à faire peur aux gens, à les terroriser en essayant de les convaincre que, s'ils bougent, ils peuvent mettre en danger leur travail, leur futur, le bien-être familial. Cette façon d'instiller la peur dans les consciences doit cesser. Tant que les gens auront peur, n'appelleront pas les choses par leur nom et ne dénonceront pas les mensonges du pouvoir, il sera impossible d'en finir avec le système actuel. Il faut dire non. Pas besoin de violence. Dire simplement non est une grande force qui peut ébranler le pouvoir. »La peur semble plus efficace que les armes quand on voit ce porte-parole espagnol déclarer face à la camera que pour garder leur boulot, ses collègues sont prêts à n'importe quel sacrifice... Avec cette fin du monde prédit par le calendrier Maya, on ne peut s'empêcher de se demander où est passé l'or, métal pourtant impérissable, que l'Espagne a dérobé aux Indiens d'Amérique. Dans les rues de Madrid en juin 2012 sur une pancarte: «Je suis Espagnol. Je n'ai pas d'emploi ni revenu. » Beaucoup comme lui n'ont trouvé de solution que de retourner aux Amériques non pas en conquistadors mais en demandeurs d'emploi. En Algérie, la peur a toujours été là perdante en visibilité mais gagnante en racines. Plus on est démuni plus on croit au ciel plus tranquille est la sieste du nabab. Marx l'incroyant écrit: «La détresse religieuse et en même temps l'expression de la vraie détresse et la protestation contre cette vraie détresse. La religion est le soupir de la créature opprimée, le cœur d'un monde sans cœur, tout comme elle est l'esprit d'une situation sans spiritualité. Elle est l'opium du peuple.» Une enquête faite en 2009 par la société Gallup dans 114 pays a démontré que les pays les plus pauvres sont aussi les plus religieux. Selon cette étude, plus de 99% des habitants de ces pays pauvres (Bengladesh, Niger, Yémen etc.) sont religieux. En France, ils sont 30%, au Japon 24%, la Suède 17%, seuls les USA font exception avec 65%. D'où la question : on est pauvre parce qu'on est religieux ou on est religieux parce qu'on est pauvre ? Or ce qui est paradoxale c'est que le pauvre est mieux traité dans les pays laïcs que religieux. La pauvreté est causée par un malheur, une injustice, la fatalité de naitre dans un bled où la nature est hostile aucun espoir de s'en sortir, elle peut surgir d'une crise économique mondiale comme celle d'aujourd'hui, une pandémie dû à la mondialisation ou la pauvreté sociale qu'on connait bien chez nous : naitre dans la mauvaise tribu. La pauvreté a changé en s'aggravant, la mort est plus douce causée par la faim que par le cancer. L'obésité frappe les plus démunis car leurs aliments bas gamme sortent des usines bon marché et les vitamines ajoutées de leurs boissons sont fabriqués par des chimistes bricoleurs. Le corps agressé se venge en s'enrobant de graisse maligne. D'après une étude 2011, on compte 1,5 milliard d'êtres humains obèses et 925 millions qui ont faim. Les USA ont distribué plus de 70 milliards de dollars en tickets alimentaires à plus de 40 millions de ses démunis. De plus en plus les aliments naturels dits bio coûtent chers et seuls les riches peuvent se le permettre. Avant le pauvre avait du miel mais pas le sucre, aujourd'hui il a le sucre mais pas le miel. S'il ne meurt pas de faim, il meurt de malbouffe. Chez nous un paquet de chips est plus accessible qu'un kilo de pomme de terre? L'année 2012 qui n'a pas vu la fin du monde a vu la fin de nos illusions. La jeunesse de mai 68 a mis moins de deux générations à voir ses mirages partir en fumée et à enterrer ses slogans: «Le rêve est une réalité. Je suis venu, J'ai vu, J'ai cru. Interdit d'interdire. Je décrète l'état de bonheur permanent. Soyez réalistes, demandez l'impossible?» La jeunesse du printemps arabe à peine quelques semaines?Ces inégalités ces injustices ont toujours annoncés dans le passé la fin d'un monde, la disparition d'une civilisation qu'on a cru éternelle. Ce déséquilibre qui gagne le monde entier ne peut même pas profiter à long terme à une minorité dominatrice. Dans la revue française «Alternatives Economiques», l'économiste et membre de l'ONPES (Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale) Denis Clerc affirme: «Plus les riches sont riches, plus la crise appauvrit le pays tout entier.» Il estime qu'en 8 ans les riches en France ont capté 21 milliards de plus et les pauvres perdu 5 milliards alors que la France est considéré comme ayant le meilleur système social du monde. Que dire quand le mérite de ces riches ne réside ni dans une invention ni dans un effort personnel ni d'un héritage ni d'une loterie mais juste d'une corruption endémique ajoutée à une incompétence pathologique pour s'accaparer les richesses d'un sous-sol censé appartenir à tous. Comment peut-on être classé en 2012 par le FMI comme étant le deuxième pays arabe le plus riche après l'Arabie Saoudite et avoir plus de 150000 fuyards chaque année vers des pays européens endettés désargentés sans parler de ceux qui fuient dans la drogue le suicide les accidents la délinquance le terrorisme les maladies en tout genre? La passivité anormale des opprimés n'annonce rien de bon : couver pour mieux exploser ou agonir en silence. Les sociologues estiment que depuis une vingtaine d'années les inégalités ne cessent de croitre, elles sont devenues «multidimensionnelles, enchevêtrées cumulatives et structurantes». Il y a 150 ans, Tocqueville s'est trompé en prévoyant une société à venir plus juste. Or c'est l'équité qui assure la stabilité qui mène à un minimum de bonheur pour tous. L'homme n'est pas programmé pour subir des inégalités et rester cool. Tueurs isolés ou bandes organisées, partout des opprimés tuent d'autres opprimés même les guerres ont changé, elles sont devenues «civiles» tandis que les «pyromanes» comme dans le film Soleil Vert, savourent le spectacle allongés sur un fauteuil derrière un écran blindé. Un spectacle bien minable comparé à celui des gladiateurs dans l'arène romaine. Dans Le Fond du Problème, Graham Greene écrit: «Montrez-moi un homme heureux, moi, je vous montrerai la suffisance, l'égoïsme, la malignité, à moins que ce ne soit la totale ignorance.» |
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