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En guise de «cadeau» de fin d'année, le ministre des
Transports Amar Tou a annoncé aux citoyens l'entrée en vigueur à compter du 1er
janvier d'une nouvelle grille des tarifs des transports.
Laquelle fixe évidemment à la hausse ce qu'ils auront à débourser quand ils se feront transporter. C'est un euphémisme d'écrire que l'annonce a été mal accueillie par ces citoyens dont le budget ne parvient plus à répondre à la cherté du coût de la vie qui leur est imposée. Ils ont été d'autant plus désagréablement surpris que cette augmentation des tarifs des transports coïncide avec une flambée (énième flambée) violente des prix sur le marché. En effet, l'année 2012 s'est achevée par des surenchérissements assommants des prix de la plupart des produits de première nécessité ou de large consommation. De quoi enlever leurs dernières illusions à ceux qui ont fait crédit à l'assurance faite par le gouverneur de la Banque d'Algérie et confirmée par le ministre des Finances que l'année 2013 verra la maîtrise dans le pays de l'inflation qui a mis à mal en 2012 le pouvoir d'achat des ménages algériens. Contrairement à ce que les pouvoirs publics ont prétendu, l'inflation en Algérie en 2012 n'a pas été de 4%. Pour des spécialistes qui ne sont pas spécialement mal disposés à l'endroit de ces pouvoirs publics, l'année qui s'est achevée s'est clôturée avec un taux d'inflation avoisinant 10%. Alors promettre que l'inflation en 2013 retombera à moins de 4% comme l'ont fait ces autorités financières a été pour le moins un pari risqué, si ce n'est un engagement inconsidéré tablant sur l'ignorance des citoyens des logiques à l'origine de l'inflation qui les saigne. En tout cas, l'année nouvelle démarre mal question inflation et préservation du pouvoir d'achat. S'il est vrai que la loi de finances 2013 n'a pas prévu d'augmentations de taxes tirant vers le haut les prix des produits et des prestations de service, rien n'augure pourtant que cela va contribuer à faire descendre l'inflation ou pour le moins à la juguler à la hauteur du taux qu'elle a atteint en 2012. A partir du moment où le secteur des transports s'est vu accorder la hausse de ses tarifs, il va être pratiquement inévitable que d'autres secteurs procéderont à leur tour à des augmentations en s'abritant derrière l'effet « boule de neige» que des décisions du genre de celle prise par Amar Tou ont sur leurs prix de revient et trésoreries. La frénésie haussière qui caractérise la fixation des prix échappe au pouvoir de contrôle des autorités qui vont avoir de moins en moins de marge de manœuvre pour atténuer le mécontentement social qu'elle génère. Les explosions de protestation sociale en 2011 et 2012 ont été circonscrites puis étouffées par ces autorités en procédant à des distributions d'augmentations salariales et autres. A l'allure où grimpe l'inflation, 2013 ne va pas être un «fleuve tranquille» sur le front social. Car les citoyens eux aussi argueront de l'effet «boule de neige» de la progression du taux de l'inflation sur leurs budgets et pouvoir d'achat. Attendue pour être une année mouvementée au plan politique car préparatoire du rendez-vous décisif de l'élection présidentielle de 2014, 2013 risque de l'être encore plus si le front social renoue avec la contestation et les revendications. Comme partout ailleurs dans le monde, les Algériens ont fêté l'entrée de la nouvelle année, mais pour beaucoup avec le goût d'amertume qu'elle ne sera pas aussi prometteuse dans le bon sens qu'ils le souhaitent pour eux et pour l'Algérie. |
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