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L'émissaire
international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a séjourné à Damas où il a été
reçu par le président Bachar El-Assad et a rencontré des représentants de
l'opposition intérieure.
Aujourd'hui samedi, il va être à Moscou où est arrivée hier une délégation du gouvernement syrien conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères Farouk Mokdad ainsi que le chef de la diplomatie égyptienne Mohamed Amr. Peu avant les annonces de ces visites, les autorités russes ont fait savoir qu'elles ont lancé une invitation à se rendre à Moscou aux représentants de la Coalition nationale syrienne (CNS) qui dirige de l'extérieur l'opposition armée au régime de Bachar El-Assad. Autant d'indices qui donnent à penser que l'on est en train d'assister à une amorce de dialogue sur un projet de processus de transition politique en Syrie dont les contours auraient été arrêtés au cours de la rencontre ayant réuni il y a peu l'émissaire international pour la Syrie avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Lakhdar Brahimi a donné de la consistance aux supputations sur l'existence de ce projet de processus de transition politique en appelant jeudi à Damas même à la formation d'un gouvernement de transition en Syrie, en soulignant qu'elle doit s'accompagner d'un changement " réel ". Reste à savoir si les parties syriennes impliquées dans le conflit sont disposées à trouver un terrain d'entente sur le changement " réel " auquel a fait allusion l'émissaire international pour la Syrie. L'obstacle majeur à un éventuel accord politique entre les autorités syriennes et l'opposition regroupée dans le Conseil national syrien (CNS) réside dans le rôle et le sort réservés à Bachar El-Assad et ses proches dans le projet de processus de transition. Celle-ci s'est dite jeudi " ouverte " à tout processus de transition politique en Syrie à condition qu'El-Assad et ses proches qui " ont tant fait de mal au peuple syrien " n'en font pas partie. Une exigence qui pour l'instant est rejetée par le régime de Damas et risque donc de faire échouer la médiation de Lakhdar Brahimi et l'entremise que tente Moscou en vue de faire appliquer l'accord de Genève sur la transition en Syrie. A moins que Moscou et Washington s'étant entendus sur la façon dont doit être réglée la crise syrienne qui a pris une tournure dramatique et dangereuse pour la stabilité régionale et la paix dans le monde aient convenu d'exercer des pressions décisives sur leurs " protégés " respectifs pour les contraindre aux concessions indispensables à la mise en œuvre du projet de transition politique. La menace du chaos total en Syrie que fait planer la poursuite des affrontements entre l'opposition armée et le régime suscite l'inquiétude autant à Moscou qu'à Washington, qui peuvent avoir considéré qu'il vaut mieux obliger les belligérants syriens à conclure un accord dont les dispositions ne seront pas toutes celles qu'ils veulent imposer plutôt que de voir les combats se poursuivre. Sans l'affirmer avec certitude, l'on peut estimer que les tractations en cours sur la crise syrienne visent à rendre possible l'exécution d'un scénario de sortie de crise à la " yéménite ". A savoir le maintien d'El-Assad à son poste de président jusqu'à la fin de son mandat, mais son effacement au profit d'un gouvernement de transition ayant tous les pouvoirs pour mener la transition. La fenêtre d'opportunité qui s'offre pour la réalisation d'un tel scénario est très étroite au vu de la tournure que prend le conflit en Syrie. Des combats opposent en effet maintenant des belligérants mus par des considérations d'ordre ethnique, communautaire et religieux, qui risquent de rendre vaine toute initiative visant à l'entente sur un projet de transition politique consensuellement accepté et préservant le caractère unitaire de la nation syrienne. |
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