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Au lendemain de l'identification du kidnappeur et assassin présumé, de la petite Chaima Yousfi, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati, s'est déclaré favorable à l'application de la peine de mort contre les auteurs d'enlèvements d'enfants : «En cas d'enlèvement d'enfant, suivi d'agression sexuelle et d'assassinat, la peine de mort doit être maintenue», a-t-il déclaré dans une intervention à la radio, hier matin, en insistant sur les lourdes répercussions de ce genre de crime sur la société et la vanité des peines de sûreté défendues par certaines parties: «D'ailleurs, a-t-il ajouté, nous avons vu, en France par exemple, des cas de personnes qui, condamnées à des peines de sûreté de 15 ans, ont récidivé après avoir été libérées pour bonne conduite». Mustapha Khiati en est convaincu, ce type de criminel renoue avec le crime dès qu'il en a l'opportunité: «Différentes études démontrent que les auteurs d'agressions sexuelles sont appelés à récidiver». Chaima Yousfi, huit ans, a été enlevée au domicile de ses parents à Zeralda, Alger, mercredi dernier aux environs de 21 heures avant d'être retrouvée morte assassinée dans le cimetière de Sidi Abdellah, dans la matinée d'avant-hier, vendredi.Selon les dernières informations, l'auteur présumé a été identifié (âgé de 25 à 35 ans et résidant dans la même région de l'ouest algérois) et a fait l'objet d'intenses recherches des services de la gendarmerie nationale en charge de cette affaire qui a ébranlé l'opinion publique. Cet enlèvement n'est pas sans rappeler d'autres enlèvements d'enfants qui ont été enregistrés ces dernières années un peu partout à travers le territoire national, soit, selon les chiffres officiel, 1.000 cas depuis 2001, avec des pointes de 247 kidnappings en 2002 et 168 cas en 2006 dont 86 victimes ont été retrouvées mortes. Pour cette année 2012, «seulement» 36 cas de rapts d'enfants ont été signalés, baisse que Mustapha Khiati attribue à différents facteurs dont la médiatisation des affaires,la vigilance accrue des parents et la mise en échec d'un certain nombre d'enlèvements dans plusieurs régions du pays, qui dénotent d'une meilleure sensibilisation et implication de la société civile : «Mais 36 enlèvements, ce sont 36 enlèvements de trop !», a-t-il toutefois jugé en appelant à la prise urgente de mesures de prévention concrètes pour lutter contre le phénomène : «Il faut s'inspirer de ce qui se pratique ailleurs, notamment en termes de plan de recherche immédiate, à travers la diffusion de photos, l'installation de périmètres de sécurité ou encore l'alerte à travers les médias», a-t-il suggéré en dénonçant la lenteurs des actions en la matière. QUE SONT DEVENUS LES INVESTISSEMENTS POUR LE BIEN-ETRE DE L'ENFANCE ? Revenant sur la maltraitance des enfants et le rapport établi par la Forem sur la situation de l'enfance en 2012, le responsable de la fondation a souligné le caractère estimatif des statistiques livrées, en raison du tabou qui continue de marquer un certain nombre de types de violences portées aux mineurs. L'agression sexuelle en particulier, est frappée par un lourd tabou, notamment dans l'entourage familial : «Sur les 10.000 cas de sévices que nous avons enregistré cette année, 2.000 sont des agressions à caractère sexuel commis dans l'environnement familial, soit par des membres de la petite famille (micro-cellule) ou de la grande famille (macro-cellule). Mais le chiffre doit être beaucoup plus important parce que n'arrivent aux hôpitaux ou aux services de sécurité que les cas qui ont atteint un degré d'horreur important», a-t-il assuré, en appelant à dénoncer tous les cas d'agressions sur les enfants. Et si l'on se fie au prisme ainsi adopté par le professeur Khiati, il faudra envisager de multiplier par deux (plus ou moins) certains des chiffres - déjà terribles - contenus dans le bilan de la Forem ; et cela devait donner environ 100.000 enfants maltraités au lieu de 50.000, et 20.000 viols au lieu de 10.000 et 40.000 ou 50.000 coupables d'agressions dont 15.000 ont été présentés devant la justice. Pour le reste, il serait question de 350.000 enfants travaillant au noir et un minimum de 20.000 mineurs qui vivent dans la rue, proies aux nouveaux dangers que constituent le suicide, le viol ou encore la drogue. Drogue qui a atteint des proportions inédites en Algérie : «Cette année 100 tonnes de kif et 130 kg de cocaïne ont déjà été saisies et entre 20 et 25% de collégiens et lycéens y ont déjà touché, sans compter les 300.000 à 400.000 consommateurs quotidiens. Il faut agir tout de suite», a encore appelé le président de la Forem qui préconise, dans la foulée, la mise en en place d'une structure de coordination suffisamment forte, un secrétariat général, par exemple, qui regrouperait les compétences éparpillées dans les 15 ministères concernés par l'enfance, et mettrait en place des mécanismes de protection de l'enfance en collaboration avec la société civile et les parents.A ce titre, Mustapha Khiati n'a pas manqué de souligner que les lourds investissements consentis par l'Etat, pour le bien des enfants, ne se sont pas traduits dans la réalité : «Les retombées ne sont pas visibles sur le terrain», a-t-il dénoncé, en citant notamment le manque de centres spécialisés pour la prise en charge d'enfants victimes de violence de la part de leurs parents, l'inconsistance de formation des personnels des centres existants ou encore l'absence de cadre organisant le temps libre des enfants scolarisés à la fin des cours (activités et autres loisirs auxquels les Collectivités locales, l'école et la famille doivent réfléchir ensemble). Le responsable rappelle, à ce propos, que la déperdition scolaire fait encore des ravages avec 100.000 élèves qui quittent l'école après le primaire et 200.000 après le collège qui vont alimenter la rue et la délinquance. 950.000 VICTIMES DE LA PERIODE DU TERRORISME LAISSEES POUR COMPTE Illustration du manque de prise en charge des enfants victimes de la maltraitance, le professeur Khiati la voit notamment dans le délaissement de 950.000 enfants victimes de la violence de la décennie 90 : «Moins de 50.000 enfants ont été pris en charge sur le plan psychologique. Il y a une véritable insécurité sociale liée au comportement agressif des jeunes qui reproduisent la violence qu'ils ont subie», a-t-il observé, en appelant à une meilleure prise en charge tout comme il a appelé à l'actualisation du nombre réel - aujourd'hui des estimations vieilles de 15 années - des enfants nés sous X, l'adaptation et la débureaucratisation d'accès à la Kafala, l'examen de la problématique de l'identification du père grâce à l'ADN et la création de bases de données sur les enfants nés sous X et les demandeurs de la kafala. |
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