|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
«Lis, au nom du
Seigneur qui t'a créé» Verset 1, Sourate El-Alaq
Un jour, bordé de bonnes intentions, je décide de faire un petit tour dans les librairies de la plus grande avenue algéroise, enfin grande en longueur bien sur et je m'en vais vous raconter mon périple. Première escale, une librairie refaite à neuf, qui fait déjà plaisir dans ce pays. Les livres sont bien agencés dans les rayons mais bon sans classement ni orientation bien définis. Au milieu de cette ambiance que j'espérai conforme à l'esprit serein et respectueux livresque, le vendeur essaie ses dernières techniques de drague sur une énergumène à grand coup d'éclats de rire et de cris, comme quoi les apparences du lieu sont trompeuses. Sorti rapidement, je bifurque vers une autre librairie que j'affectionnai car j'ai entendu la maitresse des lieux se lamenter à la radio algérienne et crier son amour pour la lecture et son dégout de l'inculture et là rebelote, de vieilles dames papotent sur je ne sais quoi alors que les livres, sensés être respectés dans leur rares somptuaires, sont posés pêle-mêle à la limite du marché « bazar » tout proche. Déjà à moitié désabusé, je continue quand même. Troisième escale dans la librairie d'un célèbre éditeur algérien. Là, rien à dire, les livres sont agencés, classés par thèmes comme je les aime. Très content d'avoir enfin trouvé un havre de paix et jetant un coup d'œil dans le rayon littérature algérienne à la découverte de nos auteurs marginalisés, je suis surpris de voir un roman d'Amin Maalouf. Sans hésiter, j'en fait gentiment la remarque au gérant des lieux en lui notifiant la méprise car cet auteur est franco-libanais bien qu'il soit fortement apprécié par de nombreux lecteurs algériens. Sans se démonter, celui-ci me répond « non, non on peut le mettre ici. Comprenant le genre de libraire que la providence nous a choisi, je m'empresse de déguerpir vu ce manque flagrant de professionnalisme. Dernière escale dans une librairie dont j'attendais l'ouverture depuis longtemps. Etant féru de romans de science-fiction dont j'ai une modeste collection, elle était une des rares à en proposer. Dehors , en plein air, soumis à l'effet des vents, de l'humidité et des tempêtes s'agencent presque comme dans une quincaillerie des dizaines de romans où sont mélangés espionnage, policier , romans à l'eau de rose et mes chers romans de science-fiction , le tout dans un état avancé d'usure et de décomposition. Là, une seule conclusion s'impose à moi. Ce que la colonisation n'a pu complètement faire, la « décultivisation » des esprits, nous le faisons nous-mêmes avec nos propres mains. Etre un pays riche en pétrodollars nous a rendu pauvres en culture alors pauvre de nous et bonnes lecture aux rares survivants. * Medecin |
|