|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
François
Hollande a eu le mérite de condamner en termes forts et clairs le système
colonial qui a infligé tant de souffrances aux peuples qui lui ont été soumis.
Il se contredirait en refusant l'appui français à la cause du peuple sahraoui
qui est l'un des rares sur la planète à vivre encore en l'état de colonisé.
Sur le dossier sahraoui qui a été au menu de ses entretiens avec le président Bouteflika lors de sa visite d'Etat en Algérie, Hollande a déclaré que son pays est pour un règlement du conflit dans le cadre des Nations unies, en précisant «l'ONU, rien que l'ONU et toutes les résolutions de l'ONU». Que faut-il déduire de son propos ? Que lui à l'Elysée la France qui vient de reconnaître que le système colonial est « injuste et brutal » va modifier sa position sur l'affaire sahraouie qui a empêché l'application des résolutions et du plan onusiens qui tous stipulent le droit à l'autodétermination pour les Sahraouis ? Cela peut paraître l'évidence, qu'il ne faut pas toutefois s'empresser de prendre pour une certitude. Cela d'autant que si par ses propos en Algérie sur le Sahara Occidental, François Hollande a semblé avoir suggéré que la France s'en tiendra désormais sur ce sujet aux seules décisions des Nations unies, son Premier ministre Jean Marc Ayraut qui s'es rendu au Maroc peu avant que lui n'entame son voyage en Algérie a fait entendre un tout autre son de cloche sur le même sujet. Aux Marocains, Ayraut a réitéré le soutien sans ambiguïté de la France à leur position qui s'éloigne totalement du plan de paix onusien. La naïveté serait de croire que le Premier ministre de la France aurait en l'occurrence péché par ignorance de ce que François Hollande allait déclarer en Algérie. En fait, les deux hommes d'Etat français ont été dans un partage des rôles consistant à dire à leurs hôtes respectifs ce qu'ils voulaient entendre. Ayraut a donc rassuré les Marocains sur l'intangibilité du soutien français et Hollande a donné à penser aux Algériens qu'il partage avec eux le principe du règlement du conflit sahraoui dans le cadre des Nations unies. Les deux n'ont pas été en contradiction dans cet exercice. Il nous paraît évident que même avec François Hollande à l'Elysée, la France ne renoncera pas à son parti pris en faveur du Maroc sur la question sahraouie et que sa diplomatie travaillera toujours au sein de l'ONU à faire pencher celle-ci du côté marocain et du fumeux projet d'autonomie conçu par Rabat en guise de substitut au plan de paix que l'organisation internationale a entériné. Avec cette stratégie, Paris pourra continuer à prétendre qu'elle s'en tient effectivement à ce qu'a déclaré Hollande en Algérie, « l'ONU, rien que l'ONU », mais en persistant à bloquer au Conseil de sécurité toute initiative qui risquerait de contraindre le Maroc à l'application stricte des résolutions et du plan de paix onusiens. Hollande a peut-être de l'empathie pour le peuple sahraoui soumis à l'occupation marocaine, comme il en a manifestement pour le peuple algérien dont il a reconnu les souffrances que lui a infligées la colonisation française. Mais de là à attendre de lui qu'il s'affranchisse de la «raison d'Etat » qui fonde le soutien de la France au Maroc sur le problème sahraoui est un pas qu'il faut se garder de franchir. En raison de quoi l'on peut avancer sans risque de se voir infirmé que le dossier sahraoui n'a pas fini de parasiter les relations algéro-françaises. |
|