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Les 32 dossiers de civils algériens revendiquant la reconnaissance du
statut de victimes des essais nucléaires français dans le Sud-algérien, entre
1960-66, et des indemnisations qui en découlent, ont tous été rejetés, a fait
savoir l'APS, par la commission «ad hoc» mise sur pied à la faveur de la loi
Morin (ex-ministre de la Défense du gouvernement Fillon). C'est le président de
l'Association des vétérans des essais nucléaires, Jean-Luc Sans, qui a en a
fait part à l'agence de presse algérienne, en précisant qu'ils ont été tous
rejetés au motif «que les pathologies déclarées ne rentrent pas dans le cadre
de la loi Morin de 2010». Il lui a fait cette annonce au lendemain d'une
rencontre de son association et de celle de Mururoa et Tatou (Polynésie) avec
le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, sur ce sujet. Les
associations ayant pris part à la réunion de la commission consultative de suivi
de la loi Morin se sont dites, dans un communiqué commun, «médusées» d'entendre
la présidente du comité d'indemnisation leur annoncer que, sur les 782 dossiers
reçus, 400 avaient été examinés et qu'à l'issue de leur examen, il a été conclu
au rejet de 391 d'entre eux et à l'indemnisation pour 9 seulement. Le ministre
français de la Défense aurait qualifié ce résultat de «décevant», qu'il a
attribué «au trop faible nombre de dossiers déposés» en prenant pour
responsables de cet «échec» les associations qui, selon lui, n'ont pas incité
leurs membres à «profiter» des dispositions de la loi Morin.
Ce à quoi les associations de victimes ont réagi en déplorant que Le Drian, comme ses prédécesseurs, au lieu de trancher avec courage politique l'injustice faite aux victimes des essais nucléaires, a préféré s'en remettre a la décision de «scientifiques» acquis à la thèse des effets «négligeables» des radiations. Critique que partage l'observatoire des armements, un mouvement antimilitariste français, qui a réclamé en février dernier justice et vérités pour «toutes» les victimes des essais nucléaires français dans le Sahara algérien et le Pacifique, et s'est déclaré étonné par la persistance du discours officiel vantant leur quasi-innocuité, autre version des «essais propres». Pour rappel, le 13 février 1960 la France faisait exploser sa première bombe atomique «Gerboise bleue» dans la région de Reggane, en plein Sahara algérien. Un désastre écologique et humain qui, 52 ans après, continue de provoquer des maladies dont des cancers radio-induits. A ce jour, aucune des victimes civiles de ces essais, suivis par d'autres jusqu'en 1966, n'a été reconnue comme telle. Les associations françaises des victimes d'essais nucléaires ont l'intention de poursuivre le combat pour la réforme de la loi Morin dont les critères pour l'examen des dossiers ne correspondent pas à la réalité induite par les essais nucléaires. Pour ce qui est des victimes algériennes, il est à espérer que le rejet de 32 dossiers d'entre elles, qui a été annoncé à quelques jours de la visite d'Etat de François Hollande en Algérie, incitera les autorités algériennes à évoquer avec lui la question du statut que les victimes revendiquent. Si la France a été contrainte de reconnaître le principe d'un éventuel statut de victimes des essais nucléaires pour le personnel qui y a participé et pour les populations de Polynésie, elle s'est par contre montrée plus que réticente à l'étendre aux populations algériennes du Sahara qui en ont subi les retombées. Lesquelles n'ont pas trouvé en l'Etat algérien un avocat empressé à défendre et faire valoir leurs droits. Lequel Etat algérien a affiché une inexplicable indifférence aux efforts et initiatives d'organisations et d'individualités pour faire connaître et prévaloir le dossier des victimes algériennes, comme s'il a craint que sa responsabilité ne soit pointée pour avoir permis que les essais nucléaires français se poursuivent dans le Sahara algérien pendant 6 années encore après l'indépendance du pays. |
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