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Il faut destituer le président de la République et
dissoudre la police politique.Voilà les objectifs politiques énoncés par un
parti politique qu'il est inutile de citer et à qui on ne fera pas l'injure de
croire qu'il recherche du «buzz» à la veille de la visite d'un président
français et au moment où des journalistes français en quête de bons sujets sont
en train de débarquer. C'est totalement secondaire par rapport au fond de la
question. Avec qui, quels moyens, quels militants (ou quelles brigades ?)
compte-t-il ce parti réaliser cet objectif absolument révolutionnaire et
renversant ?
Quand un parti n'a pas été capable - peu importe que ce soit en raison du déploiement des forces de sécurité et de l'absence d'écho au sein de la population - à organiser une manifestation au moment où le printemps arabe était en phase ascendante, on sait qu'il ne sera pas capable par ses propres moyens de destituer le président et de dissoudre la police politique. Et quand on décide à continuer à le prendre au sérieux - un homme politique ce n'est pas un étudiant qui rêve en fumant un joint, n'est-ce pas ? -, on se demande à qui il s'adresse pour destituer et dissoudre. Aux militaires ? A l'ANP ? Comme les Algériens vivent en Algérie même s'ils n'ont pas d'entrées dans les hauts lieux et dans les états-majors, ils n'ont pas ressenti un quelconque signal que les militaires comptaient faire cette «rectification» ou cette «révolution». Et ils sont plus que sceptiques à l'idée que ces idées téméraires puissent susciter des vocations? Il n'y a donc pas, au niveau interne, ni des forces ni des appareils puissants qui sont dans ces dispositions d'esprit. Il n'y a pas non plus - on est beaucoup à le regretter - un grand élan militant en Algérie. Les plus acharnés à défendre les libertés et à gagner des marges sur l'autoritarisme et sur «l'à-quoi-bon» sont fatigués et ils n'ont pourtant pas des objectifs aussi ambitieux que de renvoyer un président et de dissoudre des Moukhabarate. Le rapport de forces internes étant ce qu'il est - et à moins de l'impondérable d'une explosion sociale insurrectionnelle généralisée qui peut venir demain ou dans cent ans -, il n'y a objectivement aucune possibilité d'atteindre ces objectifs «urgents». On ne va certainement pas croire - et cela n'a rien à voir avec du patriotisme - que cet appel urgent est destiné à des responsables étrangers. Ni le président «normal» de la France, ni les amis américains n'ont montré une quelconque disposition d'esprit à provoquer du mouvement en Algérie, pas même du «mouvement dans le statuquo». Une fois qu'on a fait le tour et en s'efforçant de continuer à prendre au sérieux l'appel urgent, on se demande s'il n'est pas l'expression d'une impasse. Mais les impasses doivent-elles conduire à faire des plans sur la comète ? Ne doivent-elles pas inciter à l'autoréflexion ? A réfléchir de manière politique sur le travail à faire pour infléchir le rapport de forces au lieu de se donner des objectifs qui, disons-le, sont très peu sérieux. Ces exigences sont tellement radicales et si radicalement irréalisables, aujourd'hui, qu'elles ne font pas sourire. C'est plutôt triste. |
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