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Le passage à un modèle de
gestion de la mission éducative à dominante pédagogique, suppose des
orientations majeures. Incapables de faire preuve de vision prospective, ceux
qui gèrent actuellement le système éducatif :
- ne devront plus avoir le regard tourné vers l'intérieur et rivé sur l'immédiat ; - ils devront apprendre à voir plus large et plus loin que le sectoriel et le court terme ; - ils ne se laisseront plus envahir par la gestion de leurs réflexes déphasés ; - ils s'élèveront de la perspective axée sur la seule gestion des préoccupations internes, vers une appréciation plus englobante qui s'inspirera les aspirations de la société. (La participation de la société à l'amélioration du rendement scolaire étant désormais sollicitée) ; - ils ne s'acquitteront plus de leurs responsabilités en usant de fuite en avant, en misant sur le seul respect des règles et des prescriptions de l'autorité par ce qu'asséchant ; - ils rompront avec la gestion qui privilégie l'action administrative et favoriseront les pratiques qui animeront l'instinct professionnel ; - ils respecteront l'autonomie de chacun et s'investiront dans la recherche des approches consensuelles. (Un pilotage bien pensé et bien compris de la mission éducative s'imposant, la gestion de celle-ci ne sera plus, désormais, une succession ou une juxtaposition de décisions prises au grès de l'humeur ou à la volée). Aller vers ce modèle de gestion de la mission éducative, c'est débureaucratiser la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique et décentraliser le pouvoir de décision Débureaucratiser la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique et rapprocher le pouvoir de décision du lieu même où se passe l'action, (l'établissement scolaire), c'est d'abord dépasser l'illusion de vouloir bien faire qu'on a tendance à entretenir. A cet effet, nous ne devons plus définir ces deux opérations comme une modalité exclusivement technique, réduite à un déplacement de certaines activités, du centre vers la périphérie, sans déplacer l'ordonnateur réel. Tel que nous l'interprétons actuellement, elles ne sont qu'une vulgaire déconcentration des activités et sans plus. Devenant un authentique transfert des pouvoirs, elles, (les deux opérations en question), favoriseront : - une plus grande responsabilisation des établissements scolaires. (Rappelons le défunt Projet d'Etablissement). Nantis d'une meilleure compréhension de ses attributions, chaque établissement scolaire deviendra le lieu où s'élaboreront les décisions qui le concerne ; - l'ouverture à un partenariat actif entre animateurs de la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique d'une part et entre établissements scolaires, d'autre part. En effet, une gestion pédagogique porteuse d'avenir et capable d'agir de façon significative et utile, en quête de solutions pratiques, appelle à la mise en commun des diverses contributions mise en présence. Les acteurs (Inspecteurs d'enseignement, Chefs d'établissements scolaires, Enseignants), ne fonctionneront plus alors en vase clos et de façon désincarnée. Ils feront, désormais, preuve d'intelligence organisationnelle et collective. Ils s'extrairont des cloisons étanches qui les isolent chacun dans son microcosme. Ils coaliseront plutôt en équipes responsables et décidées de s'élever de ces conventions liant de vulgaires cohabitations d'individus, vers ce partenariat en mesure de gérer convenablement les attentes des générations futures. S'agissant des établissements scolaires. Ils devront cesser de se complaire à évoluer dans une espèce d'univers fermés pour s'engager dans des collaborations plus dynamiques. L'ouverture de la gestion de la mission éducative et de celle de l'acte pédagogique au partenariat entre établissements scolaires, devra être désormais une impérativité. Dans le cadre de ce partenariat animé par le souci de susciter et de promouvoir l'esprit d'initiative, priorité sera accordée aux échanges de points de vue, à la fertilisation croisée des expériences et des compétences des personnels forgées tout au long de leurs cheminements professionnels respectifs ainsi que celles des élèves eux-mêmes, forgées tout au long de leur scolarité. Il s'agit donc de rassembler la riche mosaïque mise en présence autour d'un projet éducatif commun en vue de traduire la mission qui leur est confiée en une entreprise consensuelle apte à dispenser une formation de qualité et à faire échec à cet échec scolaire qui est devenu cette cause de l'arriération qui a entraîné le peuple algérien à mordre dans son corps pour enfin, s'épuiser en futilités. CELA NOUS RECOMMANDE DE REINVENTER NOTRE ECOLE En effet, si l'évolution rapide du progrès des sciences et des technologies a rendu obsolètes les plans de formation, l'actualisation et la mise à niveau de ceux-ci s'imposent. Désormais, ils n'omettront pas d'adopter cette approche inter et intra disciplinaire qui était la grande absente. Le souci est qu'ils devront favoriser l'intégration des concepts dans la dynamique de leur épanouissement. En conséquence et pour apporter un soutien mieux adapté à l'activité éducative telle qu'elle ne décentre pas de sa dynamique originelle, (former une communauté de savoir et d'action capable d'exprimer ses valeurs et ses aspirations, ses exigences et ses attentes) et s'ajuste continuellement à ses prérogatives, (éduquer, instruire, former et qualifier), l'école algérienne, formera le citoyen en mesure de faire avec le renouvellement des perspectives que crée la mondialisation des idées et des réflexes. La réinventer est, par conséquent, un inéluctable. Réinventer l'école sera donc développer une politique éducative créatrice de renaissance : «Dans quel esprit cette politique éducative et culturelle devra être conçue et élaborée ? Concevoir et élaborer cette politique éducative et culturelle ne signifiera plus fantasmer sur une source d'espoir, encore moins rajouter le désordre au désordre, ni entretenir des mirages encore moins l'illusion du savoir, mais libérer l'école de la sclérose qui l'engourdit en la libérant des serres de ceux qui, en mal de «méritocratie» mais en plein dans la «médiocratie», en ont fait un théâtre où s'affrontent dans un bruit discordant des idées infirmes et / ou «périmées». Cela dit et afin qu'elle n'apporte de mécomptes supplémentaires et ne sacrifie d'autres générations, l'objectif qui animera cette politique éducative et culturelle ne sera certainement pas un amalgame de compromis précaires comme à l'accoutumée, mais des convictions fondées sur la hiérarchie des préoccupations nationales. Débattre donc de cet objectif, c'est avant tout cerner sa signification, c'est lui donner un contenu clair et authentiquement stratégique, c'est comprendre son utilité, c'est conscientiser ses défis. Débattre de cet objectif, c'est somme toute, débattre dans la sérénité de la pertinence des principes qui l'animeront et des finalités auxquelles il devra aboutir. - Ne devant pas être un produit de réflexes conditionnés par un discours idéologique se voulant dominant, une doctrine dogmatique enfermée dans le sans issue d'un déterminisme politique ou idéologique au service de l'intérêt partisan, elle sera une reformulation de l'enseignement-apprentissage. Elle sera une réelle dynamisation de l'action pédagogique qui se chargera de vaincre cet artificialisme qui a favorisé la promotion de l'enseignement «enseignemental», au détriment de l'enseignement «formationnel». (L'enseignement enseignemental est un enseignement informel, sans but, sans objectif et sans finalité. Il ne suscite pas la curiosité de réflexion et par conséquent, ne structure pas la mentalité scientifique -Raisonnement logique et jugement méthodique - . L'enseignement formationnel vitalise l'instinct de rechercher pour découvrir. Il incite à la création) -Reprise-. * Le savoir-faire : il consiste à savoir observer, interpréter les données, procéder à des déductions, formuler des prévisions, émettre des hypothèses, classer, communiquer, planifier, combiner. * Le savoir-être : mode de penser, d'interpréter et d'agir de mieux en mieux élaboré. - Devant être une démarche scientifique, un choix éclairé et hautement responsable, une option éducative et culturelle évolutive capable de se mettre en phase avec l'actualité, (les programmes d'étude et les méthodes d'enseignement devront être actualisés en fonction des progrès civilisationnels réalisés à l'échelle planétaire), cette politique éducative et culturelle réfléchira l'exigence qui l'animera. Elle ne sera pas pensée uniquement en termes de savoirs à dispenser mais aussi en termes de responsabilité vis-à-vis des générations montantes. Elle ne se confondra pas, comme d'habitude, en une alchimie politico-administrative. Elle ne s'enfermera pas dans de banales résurrections idéologiques. Elle «prioritarisera» la recherche-développement en matière de prospective éducative et culturelle. Elle s'intégrera dans une démarche globale et cohérente, c'est-à-dire en adéquation avec l'environnement interne et externe. Elle répondra aux exigences économiques, sociales et culturelles du développement durable auquel aspire la nation. Elle aura également à prendre effectivement en compte l'évolution constatée des tendances mondiales dans le domaine de l'éducation, de l'instruction et de la culture. Elle œuvrera à initier l'esprit à conjuguer le savoir dans le savoir-faire1 et dans le savoir-être2. - Appelée à s'élever au-dessus des formules fourre-tout, abstraites et utopiques et être l'occasion d'un grand débat, elle sera une dynamique qui veillera à ce que les programmes d'étude et les méthodes d'enseignement évoluent de façon à correspondre au niveau intellectuel des élèves auxquels ils s'adresseront et à leurs étapes de développement psycho-mental et psycho-intellectuel. Devenant une clarification qui remédiera aux carences inexorablement comptabilisées, elle ne se réduira pas à d'aléatoires didactiques. - Devant favoriser l'embrayage sur le changement planifié au profit d'une réussite scolaire de qualité, la philosophie qu'elle développera à cet effet, (promotion des constantes nationales et ouverture sur le monde) et l'objectif, (formation du citoyen en mesure d'évoluer au rythme de l'international sans inquiétude et sans trouble) qu'elle se fixera, ne seront pas enveloppés d'ambiguïté. - Devant donc se créer d'admirables défis, cette politique éducative et culturelle ne s'inventera pas dans l'incertitude. Elle s'accomplira en investissant l'école de la mission qui est la sienne, (éduquer et instruire). Elle enseignera non seulement la connaissance mais aussi la sagesse, non seulement la compréhension des concepts mais aussi la vision harmonieuse des perspectives, non seulement la passion pour le rationnel mais aussi la passion pour le raisonnable. - Destinée à assurer l'issue, (une scolarité de qualité), elle formera ce consensus social qui refusera de valoriser la confusion et l'amalgame, qui ne se laissera pas se prendre dans le tourbillon d'arguments fallacieux ou dans celui des idées démagogiques. Elle se mettra au service de l'élévation sociale donc au service du mérite en vulgarisant la culture de l'effort. - Attentive à l'épanouissement de la société, elle œuvrera à développer en tout un chacun le sentiment de lui être utile et partant, sa capacité de résister à tout ce qui tentera de le réduire à un esprit sans défense et incapable d'agir et de réagir. Elle favorisera à cet effet, le débat d'idées ouvert sur l'universel. - Devant être un processus antinomique du totalitarisme qu'il soit politique ou culturel : a) elle s'opposera à toute tentative de vouloir «castrer» l'intelligence en la séquestrant dans un carcan idéologique qui régentera les idées et les valeurs ou en la condamnant à l'immobilisme et à faire dans le stéréotype ; b) elle apprendra plutôt à l'esprit à conquérir la latitude de prospecter, d'explorer, d'extrapoler en lui enseignant que la certitude est toujours relative et ce n'est qu'au moyen de successions de certitudes de moins en moins relatives qu'il approchera vers la certitude absolue qu'il n'atteindra jamais d'ailleurs, (parce qu'elle est du ressort divin). Elle lui enseignera, aussi, à lutter contre le discours qui tentera de l'aliéner ou d'appauvrir l'expression de sa pensée. - Devant se confondre en une réflexion d'ensemble sur les pratiques organisationnelles à entreprendre et sur la manière dont les débats à mener s'associeront pour que s'accomplisse le développement durable national: a) la politique éducative et culturelle à mettre en œuvre, ne privilégiera pas les solutions hâtives mais manifestera plutôt une prudence certaine dans son souci de prévoir et d'encadrer ; b) elle enseignera à tous ceux qui auront la charge de gérer la mission éducative et culturelle et celle de l'acte pédagogique, d'user de beaucoup de souplesse, de beaucoup de célérité et de beaucoup de rigueur dans la recherche de la solution à tout ce qui risquerait d'opaliser son objectif, (faire échec à l'échec scolaire), dans la sélection des avis et des points de vue et dans le choix de la décision à prendre ; c) elle les incitera à manifester un souci réel de prendre acte des résultats atteints en vue de réajustements curriculaires. - Devant se concevoir comme un processus qui se proposera d'apprendre à l'esprit à «être» et non seulement à «paraître», à s'exprimer à travers ses expériences, à interroger le monde en appelant à sa raison, à ennoblir le sens de l'initiative et à gérer ses investigations en usant d'une autonomie intellectuelle confirmée : a) elle ne se focalisera pas sur l'esprit du présent, (sur l'esprit mis en situation), mais sur celui qu'il sera. Tout en sélectionnant les étapes de son évolution mentale et intellectuelle, elle s'évitera de n'en considérer qu'un segment ; b) elle prendra acte de son aspiration à vouloir s'élever de l'état de dépendance vers l'état d'autonomie ; c) elle intronisera la nécessité du «progrès continu», ce qui suppose «un réarmement» systématique de l'esprit en vue de l'aider à réaliser son potentiel humain, (s'adapter au renouveau, s'accommoder de l'imprévu, développer son aptitude à entreprendre et à s'engager pour qu'aboutisse son ambition de «plus être» ; d) elle structurera un projet de société où tout un chacun devra savoir parce que la société humaine l'exige et où, tout un chacun saura pour agir sur celle-ci afin de lui permettre d'améliorer sa condition d'être et d'évoluer. - Devant se refuser d'édifier une société qui se contentera de se soumettre à cet instinct de base, (vouloir se complaire dans une condition d'assistée cédant à l'inertie), ou une société d'élite préoccupée par son seul auto-épanouissement : a) elle assurera la massification du savoir créateur de savoir-faire et développera en tout un chacun le désir de participer à l'amélioration de l'avenir commun aux hommes ; b) elle adoptera face à l'ampleur du programme de développement durable envisagé, une approche qui encourage l'aboutissement des aspirations et l'accomplissement des ambitions. - Elle décongestionnera le système éducatif et culturel en l'affranchissant du monopole de ceux qui en ont fait le terrain de prédilection où leurs ambitions individuelles s'épanouissent, un rouage non identifié, un sous système isolé de ce qui est supposé être l'appareil chargé de faire aboutir le développement national durable. Elle en fera cette force motrice qui nantira l'esprit de cette souplesse et de cette fonctionnalité intellectuelles afin que sa motivation ne subisse l'usure, afin qu'il ne doute plus de l'impact de ses efforts. Cependant cet affranchissement ne pourra s'accomplir que si les initiatives engagées à son endroit ne demeurent pas marginales ou même timides, ou encore perçues comme des menaces à l'adresse du système politico-administratif qui, jusque-là, ne tolère pas, au risque de déclasser la nécessité d'embrayer sur l'autonomie du développement national, que l'on s'écarte des habitudes ou qu'on innove, quand bien même à l'occasion, encore moins que les normes auxquelles il a apporté son empreinte ne soient transgressées - Elle n'ignorera pas qu'au-delà des connaissances acquises, des attitudes forgées et des aptitudes structurées, il existe cette aspiration naturelle qui anime l'esprit à opter obstinément pour la liberté d'entreprendre ce qu'il devra mettre en valeur. - Se refusant de développer une culture d'érudition, elle ne prétendra pas transformer l'élève en savant : a) elle se contentera de mettre à sa disposition les deux outils qui lui seront nécessaires et suffisants pour circonscrire ses lacunes et les combler. (Elle lui enseignera en l'occurrence le raisonnement logique et le jugement méthodique) ; A suivre... * Directeur départemental de l'Education - Ancien Professeur INRE. Auteur. Dernier ouvrage paru aux Editions El Maârifa : «Comment mettre en état un Etat qui était dans tous ses états» |
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