Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Depuis de longues
années, on ne cesse de remuer un sujet assez sensible car il touche à
l'identité algérienne tant tourmentée. Il s'agit du problème de la langue.
Beaucoup de voix se sont élevées contre une langue presque étrangère imposées
aux enfants algériens. Depuis leurs jeunes âges, nos enfants se trouvent
confrontés à une langue qui ne reflète point la réalité telle qu'ils la
connaissent, une langue, dit-on, qui ne correspond point à leur culture et à
leur imaginaire.
En même temps, beaucoup de ces voix prônent la valorisation de la langue algérienne (le dialecte algérien ou el derja) comme la vraie langue maternelle de la plupart des Algériens. Cependant, la plupart des articles que nous lisons souvent dans la presse ne vont pas au fond du problème. Il convient de préciser que la réhabilitation de langue algérienne n'est pas une formule magique car il est un leurre de penser que le développement de la langue peut s'effectuer séparément du développement de la pensée, et par développement de la pensée je veux dire tout simplement la civilisation. C'est le développement de la pensée qui érige la langue est non pas le contraire, on n'invente pas le signifiant avant le signifié, c'est en inventant la chose ou la pensée que l'on éprouve le besoin de la nommer. Notre langue est décadente tout comme notre civilisation. L'idée de valoriser et réhabiliter le dialecte algérien est certainement la seule solution offerte car cela permettra dans la même veine de nous réconcilier avec notre culture populaire que nous avons tant négligée. Toutefois, il faudra rappeler que si l'on débarrassait l'algérien des mots français (sans la moindre haine envers la langue française) on trouvera que la langue algérienne est une langue arabe décadente mais qui a aussi subit des transformations comme toute langue. Il y a bien sur l'influence d'autres langues tel que le berbère, mais l'arabe reste la première source de cette langue. Plus important encore est la structure de la langue algérienne, une structure purement arabe, la preuve c'est que nous continuons à conjuguer les verbes français en utilisant les règles de la conjugaison de la langue arabe. La langue arabe constitue donc la structure profonde de notre langage, cela revient à dire que si l'on tentait de réhabiliter la langue algérienne, de l'encadrer, de la structurer, nous devons inévitablement retourner à la source (du moins la source grammaticale et syntaxique) sauf si l'on veut créer une nouvelle structure et donc une nouvelle langue, un linguiste nous dira que cela ne sert à rien, car après tout, les règles grammaticales ne sont au fond que l'observation de l'usage et de la logique d'une langue. De plus, ce n'est pas seulement la structure qui pose problème mais aussi le vocabulaire. Beaucoup de spécialistes nous livrent de jolie discours sur la réhabilitation de la langue algérienne et avec elle toute une identité et un passé perdu. Cependant, il s'agit souvent que de belles paroles. Car au fond ils ne font que créer une fausse opposition entre la langue arabe et la langue algérienne. Certes, nous sommes tous capable de parler pendant des heures en langue algérienne, par contre, peut-on entretenir une discussion d'un certain niveau intellectuel : qu'il s'agit de science ou d'art, de philosophie ou de littérature, sans avoir recours à la langue française ou la langue arabe ? Il n'existe tout simplement pas de mots pour désigner les choses et les idées dans la langue algérienne si l'on considérait celle là comme étant séparée de la langue arabe. La réhabilitation du dialecte algérien devrait avoir des visés et des objectifs bien définis. La réhabilitation de la langue algérienne devrait peut-être passer par l'adaptation et la modernisation de la langue arabe. Face à de tels défis, on ne peut compter que sur les linguistes. Concernant l'identité algérienne qui est, pour certain, menacée par la langue arabe, une langue imposée par je ne sais quel arabe mythique (car elle est seulement imposée par notre gouvernement). Il ne faut pas oublier qu'il est connu de toute personne assez cultivé que le Maghreb est berbère, cela est reconnu par l'Histoire. Il existe sans doute des arabes, des européens, et d'autres, et ils ne sont pas moins Algérien que les berbère, et par berbère je ne désigne pas seulement ceux qui parlent cette langue ou ceux qui vivent en Kabylie. Nous sommes en majorité berbères mais malheureusement nous ne le savons pas. Le Maghreb n'est pas arabe mais berbère, l'Egypte non plus : les pharaons sont loin d'être arabe, la Syrie et l'Iraq formaient la Mésopotamie : la première civilisation dans l'histoire, le Liban étaient des phéniciens qui sont arrivés jusqu'à nos terres ?etc En somme, c'est une erreur de dire qu'il ne nous considèrent pas comme arabe or que nous savons très bien qu'eux même ne le sont pas vraiment. On est arabe dans les yeux de l'autre (européen et autres), mais on l'est aussi par la langue qu'on parle. Une langue arabe qui nous appartient et non pas le contraire. Le Maghreb a embrassé l'Islam tout comme les autres pays, certes les arabes ont apportés la nouvelle religion mais c'est justement les autres civilisations et cultures, beaucoup plus développés et raffinées que celle des arabes, qui étaient à l'origine de la civilisation Islamique (Perses, Iraquiens, Egyptiens, Berbères, Turques?etc). A l'arrivée de l'Islam, et non pas des arabes, notre terre à connue une grande civilisation que nous avons su partager avec les autres. Un grand pôle de savoir, de paix, et de beauté s'est érigé grâce au Maghreb en Andalousie, ou des hommes, toutes origines et confessions confondues, vivaient en harmonie sous un ciel de tolérance. * Etudiant en master 2 de littérature anglaise à l'université de Rennes 2. |
|