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Selon l'observatoire français contre l'islamophobie : «La situation pénible des musulmans va perdurer en 2013»

par El-Houari Dilmi

«La situation des musulmans, de plus en plus pénible, est très inquiétante, et cela va perdurer même en 2013» a indiqué le président de l'Observatoire français contre l'islamophobie, M. Abdellah Zekri, dans un entretien accordé ce dimanche à l'agence aps.

Ce dernier, en visite privée en Algérie, a expliqué que la «peur du musulman» ne se limite plus aux partis de l'extrême droite, comme le Front national, mais s'étend de manière inquiétante aux courants politiques dits «normaux» comme l'Union pour un mouvement populaire (UMP) a-t-il estimé. Livrant son analyse sur l'avenir des musulmans en terre européenne,le président de l'Observatoire français contre l'islamophobie, d'origine algérienne, a également exprimé sa vive préoccupation de voir cette situation perdurer, «surtout avec la crise identitaire, économique et morale dans la société française» a-t-il encore souligné.Dans une situation de crise, il est connu que la responsabilité est toujours rejetée sur l'autre, et cette fois c'est le musulman qui fait le parfait bouc émissaire» a ajouté M. Abdellah Zekri. Interrogé sur les raisons de l'utilisation du culte musulman comme enjeu à chaque joute électorale, le président de l'Observatoire français contre l'islamophobie a indiqué que tout avait été fait pour que «l'islam fasse peur en extrapolant des événements qui se passent au Moyen et Proche Orient, et ce qui se passe dans les pays arabes ainsi qu'en France».Ensuite, «l'on dit regardez, c'est ça l'islam» a déploré M. Zekri. En ce qui concerne les atteintes pour lesquelles il y a eu dépôt de plainte, comme les actes antimusulmans et islamophobes, ces derniers ont progressé de 42% du 1er janvier au 30 octobre dernier, a encore ajouté le même interlocuteur. Estimant que l'islam est «utilisé en tant qu'épouvantail qui fait peur», M. Zekri, a ajouté, par ailleurs, que «tant qu'on tape sur les musulmans, on peut gagner les élections, déplorant au passage le «manque d'unité des musulmans en France face à cette situation». Récusant le concept « d'islam de France», cher à l'ancien président Nicolas Sarkozy, il s'est interrogé sur les raisons qui font qu'on évoque l'islam de France, alors qu'on parle pas de «christianisme de France». Reprenant le credo cher à l'Observatoire français contre l'islamophobie, à savoir que les religions sont universelles, et elles doivent être traitées à ce titre de la même manière», M. Abdellah Zekri a estimé que ce qui se passe actuellement dans le parti de droite l'UMP, qui connaît une phase de turbulence, est «révélateur de l'enjeu que constitue la communauté musulmane en France». Il y a ceux qui «souhaitent que l'on arrête de taper sur le musulman, comme l'ancien Premier ministre François Fillon, et d'autres qui mélangent tout, à l'exemple de Jean François Copé, l'actuel secrétaire général de l'UMP. Ce dernier ne connaît rien à l'islam, avec ses velléités connues de tous de poursuivre la droitisation du parti, synonyme de haine du musulman » ajoute-t-il.

Appelant le personnel politique français, à cesser de mêler immigration et religion, car cette dernière relève de la «sphère privée» a-t-il encore souligné, non sans aborder l'affaire Merah, estimant que l'Algérie «avait raison de refuser son enterrement sur son sol, parce qu'il n'est pas immatriculé au consulat et n'a pas de documents algériens».

»C'est un terroriste français, le leur, c'est eux qui l'ont fabriqué. Il a tué des enfants juifs, des enfants innocents, mais il a tué également des musulmans, ça on a voulu le mettre de côté, on parlait uniquement de Toulouse», a-t-il souligné sur cette affaire. Avec l'arrivée de François Hollande au Palais de l'Elysée, «il y a une évolution de la situation des musulmans en France, même si l'on a pas encore senti le changement espéré, mais nous savons qu'il est à l'écoute de ces problèmes, avec des personnes qui travaillent sur ce sujet à l'Elysée » a conclu le président de l'Observatoire français contre l'islamophobie.En novembre dernier,les actes antimusulmans et islamophobes avaient connu un regain de tension avec l'occupation, le 20 octobre 2012, de la mosquée de Poitiers par 74 personnes se réclamant du groupe «Génération identitaire», et qui ont scandé, pendant plusieurs heures des propos guerriers à l'encontre de l'Islam et des musulmans, une action des plus spectaculaires dénoncée énergiquement par l'Observatoire français contre l'islamophobie. La France abrite la plus importante communauté musulmane d'Europe, avec 4 à 6 millions de membres. Au début du mois, le CFCM avait demandé au président François Hollande de dénoncer «solennellement» la montée de l'islamophobie en France. L'Observatoire français contre l'islamophobie, mis sur pied le 10 juin 2010, est un organisme rattaché au Conseil français du culte musulman (CFCM). Il a pour mission principale de recenser tous les actes islamophobes commis sur le sol français, d'en réduire le nombre et de présenter ces auteurs devant la justice.