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L'adage tiré des
Prémices d'Henri Estienne, «si jeunesse savait, si vieillesse pouvait», fait
doucement sourire dans une ère où, pour tous, le cynisme est roi et la révolte
reine. L'Histoire se répète telle une vieille dame infatigable, subissant coup
sur coup la dialectique des puissants contre les faibles, avec des aléas de
l'un à l'autre pour entretenir une petite variation dans la danse. A peine l'on
s'éprend à croire d'un changement de refrain, de la découverte d'un air nouveau
dépassant le mainstream ambiant, que l'on se voit incapable de terrasser la
résilience de notre propre nature. Cette dernière, souffrant de la maladie de
l'oubli, fait étrangement ressembler les crises survenues à des leçons apprises
la veille d'un examen et aussitôt oubliées. Seule reste intacte notre mémoire
morte?
Pourtant, en 2008 survenait une crise économique et financière que l'on disait sans précédent depuis la Grande Dépression de 1929, une crise invitant aux réformes? Pourtant, la même année arrivait à la tête d'une Amérique très critiquée un Président métis inspirant avec son Yes we can retentissant. De ses discours performatifs à l'usage compulsif de drones, il semblerait qu'il n'y ait qu'un pas pour un prix Nobel de la paix. Enfin, le «printemps arabe» et toutes ses déclinaisons, notamment «tunisienne» et «égyptienne», paraissaient se synchroniser harmonieusement avec celui traversé par la lointaine Birmanie. Une ère de changement se disait-on. Un moment islamiste confirme-t-on. Des transitions démocratiques aboutissant à des démocraties se questionne-t-on perplexe. Si le double-discours des uns relève d'un grand écart motivé par une stratégie électorale ou par un agenda caché, l'attitude pharaonique des autres se confond avec celle d'un gardien d'une révolution ou celle de son geôlier. Ailleurs, plus loin, Aung San Suu Kyi, entrant au sein du Parlement birman en qualité de députée, s'efforce de participer et d'encourager les réformes politiques de son pays. Quelques victoires permises par une junte transformée en civils réformateurs mais encore incapables d'intégrer des minorités ethniques plus que jamais persécutées. La révolte et son complice le changement apparaissent ainsi comme dominés par leur maître discret se prénommant cynisme. Et les exemples font légion? Il est préférable alors de se féliciter de trêves arrachées durement dans une réalité où certains États de ce monde, ou du moins certains décideurs politiques, se comportent comme le Caligula d'Albert Camus s'exclamant devant son miroir : «Qui oserait me condamner dans ce monde sans juge, où personne n'est innocent!» Sans juge, me dites-vous ? Admettons la ratification du Statut de Rome de la Cour pénale internationale et la levée de quelques verrous glissés dans ce même traité ? responsables d'une justice à deux vitesses - et nous verrons s'il n'y a point de juges? Quant aux innocents, s'il n'y en a point, ne soyons pas trop médisants, il nous reste les coupables? * Maîtrise en relations internationales. |
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