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Dans cette interview, le ministre pointe du doigt « les asymétries » et «les décalages » qui greffent, de la production, à la productivité jusqu'à l'exportation. « On est en train de chercher un choc de simplification et d'efficacité. Il faut simplifier notre mécanique, elle est trop compliquée », affirme-t-il. Le Quotidien d'Oran: Entre autres dernières décisions prises au profit de la production de la filière lait, une augmentation de la subvention de deux dinars, ce qui oblige l'Etat à débourser sur cinq années, 1800 milliards de centimes (18 milliards de dinars). Est-ce suffisant pour relancer une filière qui a toujours présenté des complexités? Sid-Ahmed Ferroukhi : La première tentative de développement structuré de la filière lait a commencé à partir de 2009. On voit très bien l'évolution à partir de la collecte de lait qui a pratiquement triplé depuis. On était à un niveau de 250 millions de litres en moyenne, aujourd'hui, on est à un milliard de litres. Le nombre d'élevages a aussi fortement augmenté. La configuration de la filière était orientée pour que les laiteries jouent un rôle important dans l'intégration de l'amont en se connectant à la production. Ceci, en comptant avec une nouvelle donne, à savoir l'émergence de laiteries privées. Q.O.: Est-ce que l'entrée en lice des privés dans la filière n'a pas changé les objectifs de l'Etat en matière de disponibilité du lait cru sur le marché quand on sait que les laiteries privées transforment totalement le produit en plusieurs dérivés? S. A. Ferroukhi : Le marché du lait est divisé en segments totalement différents du point de vue de la logique économique. Le plus grand des segments qui retient le plus l'attention des pouvoirs publics, est le lait en sachet qui était positionné dans les laiteries publiques. Aujourd'hui, il constitue la moitié des laits équivalents. Le modèle mis en place en 2009 avait retenu ce segment du lait pasteurisé au niveau des laiteries publiques, complété par l'intervention de celles privées qui ont apporté un maillage plus important à partir du moment où l'implantation des laiteries publiques ne correspondait plus aux nouveaux schémas urbains qui ont pris forme dans le pays. Aujourd'hui, les laiteries privées sont bien réparties à travers le territoire national. Ce qui pourrait permettre une connexion entre bassins de production et unités de transformation. Jusqu'en 2012, le modèle a bien fonctionné et a évolué normalement même s'il y a encore des laiteries qui collectent le lait cru dans des périmètres très éloignés. Durant les deux dernières années, interviennent deux phénomènes qui vont laminer un peu l'évolution de la filière. Le premier, c'est la fièvre aphteuse qui a eu un impact très négatif sur le cheptel. Les éleveurs ont perdu de l'argent et ont été obligés d'abattre les vaches laitières malades. Ce phénomène a été combiné à un autre qui est celui de la sécheresse. C'était une crise latente pendant plusieurs mois. Le coût de l'aliment du bétail a atteint des niveaux exorbitants. Les éleveurs ont été aussi obligés de vendre leurs bêtes. Mais en écoutant l'ensemble des intervenants de la filière ces derniers mois, on s'est rendu compte que les problèmes ne sont pas que conjoncturels. On comprend alors que le modèle de 2009 doit être revisité dans son ensemble, qu'il y a des maillons très fragiles qui ne tiendront pas si on ne les renforce pas, notamment la production des fourrages. Et enfin, on se devait d'évaluer l'expérience de ces 7 dernières années et réfléchir à un modèle qui a de l'avenir. Q.O.: Qu'est-ce qui a été décidé pour régler la crise et atteindre cet objectif ? S. A. Ferroukhi : On pouvait penser que le levier c'était d'agir sur les prix. Mais en fait, il nous fallait tout un faisceau de mesures. On a trois grands problèmes, le prix bien sûr, puisque le pouvoir d'achat des éleveurs s'est détérioré ; plus on aurait attendu, plus on pouvait aller vers une diminution massive des élevages. On a donc répondu par une augmentation de la subvention à la production. En contrepartie, on a demandé aux laiteries de faire un effort. L'augmentation est en fait, de 4 dinars, 2 pour augmenter le prix de référence commercial à 36 dinars que payent les laiteries et 2 autres en soutien aux éleveurs. Aujourd'hui, ce soutien atteint 23 DA pour la filière production, collecte et transformation. Il y a également la question des fourrages et l'intégration de la filière. Q.O.: Est-il normal que l'Etat subventionne la transformation du lait mais ne plafonne pas les prix des produits dérivés ? S. A. Ferroukhi : La filière lait est née découplée dans les années 70. D'un côté, on avait les laiteries publiques et de l'autre les producteurs. Ce soutien aux deux, c'était pour les mettre ensemble, les connecter. Q.O.: Le niveau de soutien au lait a augmenté mais son prix de vente est toujours à 25 DA. Pourquoi l'Etat ne fixe-il pas aussi un seuil aux prix des produits transformés au lieu de les laisser à l'appréciation des transformateurs? S. A. Ferroukhi : Il y a une compensation entre la production, la transformation et la collecte de lait cru. En fait, la subvention est une incitation pour collecter le lait cru et l'intégrer dans les produits dérivés. L'objectif est de diminuer des importations de la poudre de lait. Il y a aussi une fragilité du modèle dans son segment relatif à l'approvisionnement de la filière en fourrages. Ceux qui ont les vaches n'ont pas les terres ; ceux qui ont les terres n'ont pas les vaches, et dès qu'il y a une sécheresse, on a des intermédiaires qui viennent spéculer sur les prix des fourrages. Il y a donc des décalages à régler. Il y a deux actions qui sont entreprises, créer le lien direct entre les éleveurs et les minoteries pour leur vendre les issues de meuneries (des blés). Q.O.: Pourquoi n'y avoir pas pensé avant ? S. A. Ferroukhi : Les minoteries les mettaient sur le marché mais les revendeurs leur appliquaient des prix spéculatifs. Aujourd'hui, les éleveurs vont s'approvisionner directement auprès des minoteries. La 2ème mesure, c'est la décision d'accorder des crédits aux éleveurs qui n'ont pas de trésorerie pour qu'ils achètent des fourrages et les stockent. Autre mesure, sur les 1800 milliards de centimes qu'il accorde sur cinq ans pour soutenir la filière, l'Etat en consacre 700 pour encourager la production des fourrages, en plus des investissements qui vont être engagés à travers l'ONAB pour stocker le son sous forme de cubes. Ce qui aidera à réguler le marché. Nous allons aussi inciter les producteurs de lait cru à le transformer en poudre de lait pour en faire du lait pasteurisé. Au-delà du fait qu'il faut préserver le modèle qui fait fonctionner la filière, on a pensé à convaincre les investisseurs de créer des fermes modernes intégrées. Nous sommes en train d'encourager les laiteries et les coopératives d'éleveurs à développer ce nouveau segment qui intègre la production de lait, la transformation, la collecte et la production des fourrages. Ils ont déjà posé le problème du foncier mais les mesures annoncées supposent que nous allons leur identifier des zones pour qu'ils réalisent leurs projets. Nous leur établirons des contrats programmes public-privé. Nous voulons que sur les cinq années à venir, on puisse mettre en place des chaînes (une ferme, un centre de collecte, une laiterie, une unité de transformation). Notre ambition c'est de faire aussi des dérivés à 0% de poudre de lait, il faut se donner cet objectif. On encourage pour faire du lait cru en tetrapack qui a l'avantage d'être une consommation différée contrairement à celle en sachet qui est quotidienne. Q.O.: L'Algérien consomme combien de litres de lait par an ? S. A. Ferroukhi : Il en consomme (toutes sortes de dérivés comprises) 130 litres par an alors que la norme OMS est de 90 litres/an. Q.O.: Qu'est-ce qui fait que beaucoup d'agriculteurs ne trouvent pas de semences d'avoine et d'orge? S. A. Ferroukhi : La difficulté pour l'orge et l'avoine, même quand on donne les semences, elles ne reviennent pas. On a du mal à les récupérer? Q.O.: Mais n'est-ce pas la mission des directions des services agricoles qui doivent se charger de les retrouver ? S. A. Ferroukhi : C'est difficile? Pour l'instant, il faut aller vers l'importation. Mais il faut en parallèle engager un programme national qui permettra d'en produire localement en quantité suffisante. Il faut faire un effort pour diversifier les semences. Q.O.: Des agriculteurs se plaignent aussi de ne pas avoir à temps les semences pour les céréales ? S.A.Ferroukhi : J'ai demandé à ce que les guichets soient ouverts à partir du 15 août. Mais si ça ne marche pas pour certains, cela veut dire qu'il y a encore des maillons qui ne sont pas très professionnels ; on n'attend pas les premières pluies pour aller chercher ses intrants. Q.O.: L'idée de fermes ou de complexes intégrés doit-elle concerner toutes les cultures ? S. A. Ferroukhi : Celles où on a de gros déficits, les céréales, le lait, les viandes, les cultures maraîchères... Q.O.: Pendant que toutes les institutions internationales reprochent à l'Algérie de maintenir des subventions pour plusieurs produits, le ministère de l'Agriculture augmente celles de la filière lait. Ce n'est pas en contradiction avec la politique du gouvernement qui pense à les réorienter vers les familles nécessiteuses ? S.A Ferroukhi : Pour l'instant, on pense qu'on doit continuer à accompagner les agriculteurs. Seulement, il ne faut pas aller vers une logique d'extension de l'accompagnement. Les soutiens doivent aussi être conditionnels, c'est-à-dire exiger une contrepartie. Q.O.: Est-ce que vous avez les instruments nécessaires pour contrôler qui fait quoi dans la profession et à qui profitent les aides de l'Etat ? S. A. Ferroukhi : Il y a les instruments qu'il faut pour le contrôle. Mais l'approche du contrôle doit aussi évoluer pour s'élargir aux privés parce qu'on pense toujours que le contrôle doit incomber aux agents de l'Etat. Aucun dispositif de contrôle dans aucun pays au monde ne s'appuie exclusivement sur l'Etat. Il faut qu'il soit partagé entre l'Etat, les organisations des producteurs, des professionnels? Q.O.: Est-ce que vous faites le suivi de l'utilisation des engrais par les agriculteurs puisqu'il n'est pas évident d'en trouver partout pour des raisons strictes de sécurité? S. A. Ferroukhi : Oui, on le fait sur le terrain. Q.O.: Le secteur a beaucoup de comités interprofessionnels comme celui de la pomme de terre, mais ça ne fonctionne pas comme il se doit puisque le marché connaît encore des perturbations ne serait-ce que pour ce qui est du prix qui fluctue et souvent vers le haut ? S. A. Ferroukhi : La, on change de sujet ?! Mais, il est vrai que c'est un processus lent que de mettre en place des mécanismes qui fonctionnent tous ensemble. Parfois, on prend des modèles et des instruments étrangers proches de nous, dont les évolutions se sont étalées sur un siècle et plus. Mais nous, nous voulons que ça marche en 4 ou 5 ans. Si la régulation doit rester strictement étatique, tous les acteurs intermédiaires doivent disparaître. Mais si on veut être dans une économie de marché régulée, la régulation doit être partagée avec d'autres acteurs. Il faut aller vers de nouveaux comportements. Le Quotidien d'Oran: Il se peut que ça coince parce que le secteur a trop politisé et bureaucratisé l'acte agricole ? Sid-Ahmed Ferroukhi : La complexité et les difficultés qu'on a dans l'agriculture, c'est que souvent les exploitants des terres n'en sont pas les propriétaires. C'est ce décalage qu'on doit savoir gérer quand on a des dispositifs de suivi. La relation entre l'exploitant et le détenteur du droit foncier n'est pas toujours formelle. Q.O.: Le législateur n'a-t-il pas pensé à prendre en charge ces décalages dans la loi 10-03 qui transforme le droit de jouissance en droit de concession ? Est-ce que la loi n'entretient pas elle-même ses ambiguïtés ? S.A.Ferroukhi : Dans tous les pays du monde, ceux qui exploitent la terre ne sont pas systématiquement les propriétaires du droit de concession ou de propriété. Q.O.: Mais la question du foncier agricole est fondamentale dans le secteur. Si elle n'est pas réglée, peut-être qu'elle peut empêcher d'aller vers les vraies questions agricoles ? S. A. Ferroukhi : Elle est elle-même une vraie question. Dans notre potentiel, l'une des complexités, c'est cette question. Ceux qui sont détenteurs du droit n'ont pas toujours les moyens et les capacités d'exploitation. Q.O.: Comment régler cette « inadéquation » ? S. A. Ferroukhi : Il faut créer de la fluidité et des liens entre les deux parties. Il faut que ce soit clair dans la réglementation. Il faut qu'on crée ces ponts. La loi 10-03, permet au détenteur du droit de concession de faire du partenariat avec le détenteur des moyens. Réglementairement, on va le rendre opérationnel par la signature d'une circulaire d'ici la fin du mois. Q.O.: On accuse les politiques de morceler les terres en lots qui ressembleraient à des jardins potagers ? S. A. Ferroukhi : On a une segmentation par taille, par filière et agro-écologique. Les petites exploitations sont en montagne ou dans le système oasien. Ce sont des activités très localisées, émiettées, saisonnières, et elles constituent le tiers des superficies agricoles. On s'adresse à ce segment à travers le développement rural. Ces exploitants doivent bénéficier de dispositifs efficaces. Ces exploitants sont là, y compris dans la pêche, il faut les préserver. Q.O.: Ces dispositifs existent-ils ? S.A.Ferroukhi : Oui, mais il faudra les améliorer pour qu'ils soient plus précis. Cette catégorie d'exploitants doit aussi bénéficier de financements d'une banque de petits agriculteurs. Q. O.: Est-ce qu'elle existe ? S. A. Ferroukhi : On est en train de la créer. On est en train de chercher un choc de simplification et d'efficacité. Il faut simplifier notre mécanique, elle est trop compliquée. On a l'expérience de tout ce qu'on a fait, mais aujourd'hui il faut avoir des choses qui sont à la fois plus efficaces, plus ciblées et simples. Q.O.: On a l'impression que le politique passe un temps fou sur la confection de différents dispositifs alors que l'acte agricole est simple ? S.A.Ferroukhi : Il faut trouver la ligne droite, celle de l'efficacité. Q.O.: Est-ce que c'est faute de n'avoir pas pris cette ligne droite que l'Algérie ne produit plus de citrons entre autres ? S. A. Ferroukhi : Il faut que les segments s'allient. Une des difficultés que nous avons dans l'économie réelle, c'est qu'il n'y a pas de donneur d'ordre. On n'est plus dans la même configuration de l'Algérie rurale et agricole de l'indépendance. On est aujourd'hui dans une société qui s'est urbanisée. Cela suppose une autre organisation du marché. On a des asymétries à corriger. Q.O.: Mais la production de ce genre de produits (de base) dont toutes les sociétés ont besoin, a-t-elle aussi besoin de donneur d'ordre ? S. A. Ferroukhi : Les besoins des Algériens ont fortement augmenté, on ne peut reproduire les zones productrices d'agrumes comme celles de Sig par exemple dans les Hauts-Plateaux, ce n'est pas le même sol. Dans les grands segments, il faut un donneur d'ordre, il faut le créer en consolidant toutes les connexions. Mais si on reste sur le petit et moyen segment, on ne pourra pas le faire. Q.O.: Faut-il en supprimer un ? S. A. Ferroukhi : Non, on doit ajouter un troisième et créer des liens entre eux, mais il faut en sortir le moteur. Il y a aussi la ressource en eau qui compte beaucoup dans la réussite de cette émergence. Des mesures ont été prises pour faciliter et fluidifier l'accès à l'eau. On a aujourd'hui beaucoup de barrages qui étaient branchés sur l'AEP et qui vont à travers l'aval être réaffectés à l'agriculture. C'est un travail que nous sommes en train de faire actuellement. Toute cette évolution, si elle n'est pas accompagnée par l'eau, elle ne réussira pas. L'eau est un facteur limitant qui nous ramène à cette réalité de climat semi-aride à aride. Si on ne revoie pas sa disponibilité, on continuera à avoir des périodes de yo-yo. Pour que le tout fonctionne efficacement, on devrait avoir plus de deux millions d'hectares qui sortent du régime pluvial surtout si on doit aller vers des modèles intensifs. Il y a cet objectif d'un million d'hectares en irrigué inscrit dans le programme du président de la République. On est déjà en train de catalyser et mettre en place le mode opératoire et les procédures pour l'atteindre. Q.O.: Ces terres se trouvent plutôt au nord ? S. A. Ferroukhi : Il y a une partie au nord, des périmètres qui vont être réhabilités pour augmenter très vite leurs superficies, et il y a tout ce qui se fera surtout au sud à travers les forages et les investissements. Q.O.: Il y a des agriculteurs qui se plaignent de ne pas pouvoir creuser des forages faute d'autorisation? S. A. Ferroukhi : Il y a des mesures qui vont être prises par le ministère des Ressources en eau pour alléger un peu le dispositif et le rendre plus fluide. Q.O.: Est-ce que vous avez une cartographie nationale du secteur de qui fait quoi ? S. A. Ferroukhi : Elle est en train d'être élaborée. On sait qui fait quoi, on a un million d'agriculteurs qui ont leurs cartes. Le recensement général a établi un million de chefs d'exploitation, et près d'un million et demi de co-exploitants. Nous avons donc une population de 2,5 millions d'agriculteurs. Mais il faut retenir que les territoires ont changé, ils ne sont plus les mêmes que ceux de l'indépendance. Q.O.: L'Algérie n'arrive pas à exporter sa datte convenablement. Est-ce que c'est un problème agricole, de commerce ou de lois ? S. A. Ferroukhi : Un des plus gros problèmes est que le marché européen auquel on s'adresse en général est le plus complexe sur le plan des normes. Il y a donc une espèce d'asymétrie entre nos systèmes de production et les normes européennes pour intégrer ce marché. Il faut donc ramener nos systèmes internes au moins à un niveau générique. Q.O.: Pourrions-nous atteindre ces normes un jour? S.A.Ferroukhi : Pour la datte, il y a un cluster qui travaille dessus. Si on veut produire pour l'exportation, il faut respecter des normes. Q.O.: Nos produits sont alors démodés? S. A. Ferroukhi : Il est vrai qu'ils ont du goût mais les marchés extérieurs exigent des normes. En plus, il faut créer des partenariats pour pouvoir pénétrer ces marchés. Q.O.: L'accord d'association ne peut-il pas ouvrir ce marché aux producteurs algériens ? S. A. Ferroukhi : Il faut que nos investisseurs ou nos producteurs trouvent des interfaces et créent ces partenariats. On compte beaucoup sur les investissements privés. Si on ne se met pas aux normes exigées, on ne fera que des exportations épisodiques. Q.O.: Combien a perdu le secteur depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne ? S. A. Ferroukhi : Il y a une co-évaluation avec le partenaire européen qui va identifier les pertes et les segments à renforcer. Q.O.: Les produits agricoles sont-ils concernés par les licences d'importation ? S.A.Ferroukhi : La liste est en cours d'élaboration. Q.O.: Des importateurs demandent à ramener la viande du Soudan. Est-ce possible ? S. A. Ferroukhi : Ce qui nous intéresse, ce sont les conditions sanitaires ; pour peu qu'elles soient assurées, c'est permis. Nous importons 75.000 tonnes de viande bovine, mais aujourd'hui nous avons les moyens de faire de l'engraissement chez nous. On peut ramener un taurillon et l'engraisser sur place au lieu de le ramener découpé. On peut créer une petite économie dans ce domaine. Q.O.: L'agriculture et la pêche réunies, c'est mieux ? Non ? S. A. Ferroukhi : C'est mieux. La pêche a été remise en ordre pendant ces trois dernières années, elle revient donc fraîche. Elle va contribuer dans cette logique de revalorisation de nos ressources. Nous avons 8,5 d'hectares de foncier agricole, 4 millions d'hectares de forêts et 9 millions d'hectares de zones de pêche. Il faut rajouter les 20 millions d'hectares de la steppe, avec 2,5 millions d'agriculteurs, 70.000 pêcheurs, en plus des riverains des forêts. Il faut alors trouver le mode le plus efficace pour créer de la richesse, de la valeur, de l'emploi et se substituer à l'import. |
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