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Suite et fin La raison habituellement invoquée à demi mot pour justifier le peu d'engouement dans l'ac-te de servir, est que la voie des urnes n'a pas permis de disposer d'une masse critique d'élus, habilités à gérer convenablement leurs territoires et à asseoir une vraie culture de la proximité et de la participation citoyenne si nécessaire à la gestion des affaires publiques, d'où l'intervention courante des walis et des services déconcentrés de l'Etat dans les affaires internes de la commune. Cette absence de professionnalisme se traduit dans tous les cas, par une accumulation des problèmes et un manque à gagner en bien être social pour la population. Cela donne souvent lieu, à l'apparition d'une forme d'animosité chez les citoyens à l'égard de commis de l'Etat, traités le plus souvent de corrompus, parce qu'étant selon eux, incapables d'apporter de vraies solutions à leurs revendications récurrentes, en donnant l'impression qu'ils sont là seulement pour ce servir. Tel est le verdict de la vox populi, d'Est à l'Ouest et du Nord au Sud ! Mais alors, que faire pour renverser cette tendance négative préjudiciable aussi bien à l'Etat qu'au citoyen, parce que notre pays n'a pas su prendre option pour un mode de gouvernance territoriale qui soit mieux approprié à sa dimension de « pays continent » ! QUELLES DISPOSITIONS PRENDRE ! Les dispositions à prendre à titre de mesures correctives ne sauraient être uniformes eu égard aux spécificités de nos régions, tant au plan géographique qu'anthropologique et culturel. Mais indépendamment de tout cela, l'expérience a montré que c'est au niveau du siège de la commune et de ses antennes quand elles existent, que se mesure la présence ou non, de l'Etat. Cela veut dire, que c'est à ce niveau qu'il faudra concentrer les efforts pour imprimer une traçabilité et donner une lisibilité aux actions destinées aux citoyens, dés lors que la daïra et la wilaya ne représentent que les derniers centres de recours, quand ils éprouvent des difficultés face à la bureaucratie communale. Même s'il est impératif d'assurer une égalité des chances pour tous pour ce qui concerne l'accès aux services publics, il est par contre difficile au regard des besoins énormes exprimés, d'assurer une couverture optimale de la totalité de notre territoire à partir de la création de nouvelles municipalités. C'est pourquoi, l'on devrait se contenter pour l'instant dans les régions du Nord, de la couverture actuelle tout en recherchant un meilleur maillage des services publics de première nécessité qu'il convient de généraliser à l'ensemble des quartiers et des centres ruraux de première importance, tout au moins. C'est là une manière d'apporter des réponses aux préoccupations des citoyens, au moindre coût pour la collectivité. Cette disposition concerne également les autres régions, lorsque les d'établissements humains sont relativement denses. Pour ce qui est des régions Hauts-Plateaux, les Wilayas d'El-Bayadh (3 habitants au Km2), de Naama (6,7 habitants au Km2) de Djelfa (14,7 habitants au Km2) et de Laghouat (15,2 habitants au Km2) gagneraient à être réorganisées en donnant naissance à un plus grand nombre de communes et éventuellement à de nouvelles Wilayas. Ceci d'autant plus qu'il s'agit de préparer l'amorce effective de l'option Hauts-Plateaux qui reste incontournable, eu égard à la nécessité d'un redéploiement à venir de populations à partir des régions du Nord. L'idéal pour ces Wilayas pastorales, serait d'avoir des ratios d'encadrement comparables à ceux de Sétif ou de Bordj-Bou-Arreridj pour être au plus près de la population. Il s'agit aussi d'organiser les services publics afin qu'ils soient plus adaptés à la mobilité des populations pastorales. C'est là un chantier qui mérite d'être ouvert, pour marquer la rupture avec la programmation normative des équipements, dès lors qu'il faille tenir compte des spécificités de chacune de nos wilayas et de nos régions ! C'est là, une manière d'intégrer la diversité plurielle qui fait la richesse de notre pays ! S'agissant des régions du Sud, le problème est tout à fait différent dans la mesure ou il se pose non pas en termes d'accès au service public, mais plutôt en termes de sécurisation de vastes territoires très faiblement peuplés avec des densités d'à peine 0,3 habitant au Km2 à Tindouf, de 1 habitant au Km2 à Tamanrasset et de 0,2 habitant au Km2 à Illizi. S'il y a bien des mesures urgentes à prendre, c'est bien au niveau de la structuration de ces territoires qu'il faudra agir. L'on doit donc chercher à créer de nouveaux centres de vie ex-nihilo le long des principaux axes routiers entre : Tindouf, Béchar et Adrar, In-Salah et Tamanrasset, El-Oued et Illizi, chaque fois qu'il sera possible de disposer de la ressource en eau. Ces établissements humains de faible capacité dans un premier temps, sont tout à fait réalisables au regard de nos moyens. Ils pourraient s'ériger à partir d'un premier noyau, articulé autour d'une station Naftal, de stations Sonelgaz d'énergie solaire et de gaz propane, d'une unité de la protection civile, d'une brigade de gendarmerie, d'une sureté de daïra, d'une agence postale, d'un centre de maintenance en mécanique, d'un centre commercial polyvalent, d'un restaurant self-service, d'un motel, d'un centre multimédia, d'un centre médical polyvalent, d'une mosquée, d'un quartier urbain composé de logements pour le personnel d'astreinte, d'aires de détente, de loisirs et des équipements socio-éducatifs. Ce lieu de vie doit être totalement baigné dans la verdure, chaque fois que la qualité des sols et la disponibilité en eau le permettent. Sur le même principe, peuvent être aussi créées de nouvelles wilayas frontalières à l'échelle de toutes les régions du Grand Sud. Plus que de démultiplication de municipalités, il s'agit dans ce cas précis, d'une authentique reconquête de territoires qui doit s'accompagner ultérieurement par une politique hardie de peuplement, à soutenir par les mesures incitatives de l'Etat. Il faut rappeler, que c'est pratiquement de cette manière que nos pétroliers ont érigé le centre de vie de Hassi-Messaoud, devenu au bout d'une trentaine d'années, une agglomération si importante que l'on a songé à créer hors champ gazier pour des raisons de risque majeur, une ville nouvelle d'une capacité de 80.000 habitants à l'horizon 2020 ! Pour mémoire, les travaux de cet établissement humain ont été lancés en juillet 2013, après achèvement des études. NE FAUT-IL PAS SONGER DÈS À PRÉSENT À L'ADMINISTRATION ÉLECTRONIQUE ! Il importe de souligner, qu'indépendamment des mesures à prendre en vue d'une meilleure répartition du peuplement et d'une sécurisation territoriale, il reste que la question de l'encadrement des collectivités locales constitue dans notre dispositif administratif, le maillon faible et un handicap majeur, tant pour l'exécution des programmes et leur suivi, que pour les prestations fournies aux citoyens. Tout cela pour dire, que la question de la lutte contre la bureaucratie et son corollaire la corruption de masse, ne saurait être menée à travers uniquement, des directives plus ou moins suivies par un personnel rompu au campagnes administratives épisodiques et habitué à faire le dos rond, en attendant le passage de la « bourrasque ». Cette question fait référence à la civilité, à l'esprit d'abnégation, à la compétence des agents d'exécution, aux méthodes d'ingénierie territoriale, aux principes de l'Etat de droit, à la volonté politique de décentralisation et à la recherche d'une meilleure efficience dans le traitement des problèmes posés à la société. Cela sous-tend l'acquisition de nouvelles compétences qui permettent le passage le plutôt possible à une administration électronique, qui selon l'OCDE, recoure «à l'usage des technologies de l'information et de la communication (TIC) et en particulier à l'internet, en tant qu'outil visant à mettre en place, une administration de qualité ». Il faut dire que dans le domaine des TIC nous sommes bien en retard, puisque classés à la 113ème place après la plupart des pays arabes, selon le rapport du Forum économique mondial (FEM) de 2009-2010. L'un des objectifs recherché par l'administration électronique, est de simplifier la vie du citoyen du point de vue de sa relation à l'administration, en réduisant les formalités, allégeant ainsi, les charges inutiles créées par la bureaucratie et la paperasserie. Le citoyen n'aura plus dans ce cas à brader sa dignité et à supplier des fonctionnaires indolents pour faire valoir ses droits. Du même coup, l'administration électronique accroît l'efficacité des services publics devenant ainsi, un facteur d'économie et de modernisation. Il faut cependant faire remarquer, que l'atteinte de ces objectifs entraine par voie de conséquence, un nouveau schéma organisationnel de la puissance publique, ainsi que l'instauration d'un nouveau mode de communication avec les administrés. Aujourd'hui, tous les pays s'intéressent à la modernisation de l'administration, y compris les pays arabes. Il reste qu'à partir des expériences des pays les mieux classés dans ce domaine (Suède, Danemark, Norvège, Suisse, Etats Unis, Pays-Bas, Finlande, Corée du Sud, Canada, Australie et France) il parait nécessaire d'accompagner cette action de modernisation de l'administration, par une réforme législative et un cadre juridique approprié. Les pouvoirs publics doivent également veiller à ce que l'administration en ligne n'accroisse davantage la fracture numérique et ne profite qu'à une minorité d'initiés. Même si cette nouvelle administration du service public ne peut être mise en œuvre dans l'immédiat, l'on devrait se donner un objectif raisonnable de (3) années comme cela a été fait pour le passeport biométrique, pour mettre progressivement en œuvre ce dispositif, qui fera que les dossiers de nos concitoyens ne seront plus traités à « la tête du client ». Le jeu en vaut la chandelle, comme on dit ! Mais il faut préciser que cet espoir d'une administration au seul service des citoyens ne peut être porté par des fonctionnaires réfractaires à ce changement. Cette « révolution » dans les mœurs administratives, qui signifie la transparence, la convivialité et l'arrêt du service public rendu par la voie du « bakchich », ne peut être porté à bras le corps, que par de jeunes universitaires diplômés en informatique, en électronique et en communication, comme il en existe par milliers. Ces jeunes adeptes du numérique, dépollués de la corruption et aujourd'hui au chômage, sont à recruter et à former à hauteur des besoins de nos collectivités afin d'éviter qu'ils ne sombrent par nécessité, dans les pratiques de l'informel, alors qu'ils sont tout l'espoir de notre pays. Encore faut-il, que cette question sensible d'encadrement des collectivités prestataires de services, soit perçue dans un cadre autre, que celui du filet social, qui ne semble pas être dans ce cas, le dispositif le mieux indiqué. A ce niveau, on peut dire que la « balle » est dans le camp des pouvoirs publics qui se doivent de réagir, non comme de façon habituelle par lifting superficiel, mais par d'authentiques réformes de nature à permettre l'ancrage définitif de notre pays dans la voie de la modernité. C'est à cela que tient le pari d'une nation arrimée à son siècle ! * Professeur |
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