Les frictions
tribales, le manque d'expérience et de main d'œuvre qualifiée, sont autant de
facteurs qui ont fait que, plus de cinquante mille hectares de terres à
vocation agricole, sont laissés en jachère depuis plus de trois décades à
travers tout le territoire de la wilaya, au seul profit des éleveurs.
D'immenses îlots de terres fertiles, pourtant situés à proximité des sources,
de points d'eau ou de barrages sont ainsi abandonnés. Des expériences ont été
tentées ça et là, notamment dans les régions de Dhayet el Bagra (Brezina)
d'Oued Falit (Kheiter) et de Timendert (Boualem) et ont été couronnées de
succès, mais en vain, les petits agriculteurs ont dû baisser les bras, faute de
moyens matériels et plus particulièrement de main d'œuvre qualifiée. Dans le
cadre de sa mission d'accompagnement et de suivi des activités agricoles, la
direction des services agricoles de la wilaya est, nous dit-on, décidée à
mettre les petits plats dans les grands, en se fixant comme objectif la mise en
exploitation de plus de 12.000 hectares de terres cette année, contre 7.000 la
saison écoulée. Les appels du pied, adressés aux investisseurs publics et
privés se multiplient avec des offres et des conditions d'accès très
alléchantes,dans les créneaux de la céréaliculture et du maraîchage. Les
quelques petits fellahs, qui ont eu la chance d'accéder aux crédits et
avantages accordés par les pouvoirs publics, peinent à exploiter l'intégralité
de leurs parcelles respectives, en raison, non pas des conditions climatiques,
mais du manque d'expérience et de moyens mécaniques. Plusieurs céréaliculteurs
de la région ont dû baisser les bras en ce début de saison des labours
semailles, et ont dû passer un été très chaud à force de courir derrière les
rares moissonneuses batteuses, lancées à travers la steppe. Pour l'heure, plus
de 7.000 hectares de terres alluvionnaires et fertiles attendent des bras
vigoureux dans la plaine de Dhayet El Bagra, à proximité du barrage de Larouya.
Réputées pour leur haut rendement à l'hectare, soit plus de 55 quintaux, ces
terres, que chacun appelait le futur « Eldorado » de la wilaya. L'eau coule à
flot dans cette région et même le climat s'y prête à merveille. Des espèces
arboricoles telles que le citronnier et l'olivier, que l'on croyait réservées à
des régions au climat tempéré et doux, ont surpris par la qualité et
l'abondance de leurs produits,plus d'un petit fellah. D'autres variétés de
produits maraîchers, ont fait leur entrée timidement dans certaines surfaces
agricoles, en plein milieu de la steppe, et les récoltes annuelles ont été
conciliantes, aussi bien pour la pomme de terre que pour l'oignon et la
calebasse, nous confie Mahmoud B, ce jeune exploitant agricole de la région de
Boukhit, au visage pétillent et débordant de joie, lequel exporte d'ores et
déjà, vers les wilayas de Mascara et d'Oran, l'excédent d'une récolte
exceptionnelle. Ce dernier lance un appel pathétique aux responsables de la
direction des services agricoles de la wilaya, afin de bénéficier d'une aide
matérielle conséquente, en moyens mécaniques, afin qu'il puisse exploiter plus
de 500 hectares de terres dans cette région et c'est une bouteille qu'il jette
à la mer en gardant toutefois l'espoir d'être entendu sérieusement. Accusée à
tort d'être exclusivement à vocation pastorale, la wilaya d'El-Bayadh possède
d'énormes atouts dans le secteur agricole et peut réussir sans difficultés, à
franchir de grands pas dans le cadre de la mise en valeur de ses terres, pour
peu que les bonnes volontés se manifestent en ce début de saison. Le cas de
Ammi Hama, cet exploitant agricole de Frétissa, est éloquent ; ce dernier a
réussi la saison écoulée, à imposer toute sa production, soit plus de 700
quintaux de pommes de terre, sur les marchés du nord du pays. Faisant les frais
des lenteurs bureaucratiques et décidé à ne plus être le dindon de la farce,
car lassé par des promesses non tenues, il a pris les devants, en procédant,de
sa propre initiative, à plus de cinq forages dans son exploitation agricole. La
D.S.A. veut passer à une vitesse supérieure et compte donner un vrai coup de
fouet au secteur, selon son dynamique directeur, lequel, tout en donnant un
grand coup de pied dans la fourmilière de sa direction, compte relever le défi
car il estime que son secteur peut mieux faire. Des terres fertiles, estimées à
plus de 50.000 hectares,livrées au sable et aux mauvaises herbes, éparpillées à
travers les monts des ksours, le sud et la plaine de Kheiter, méritent un sort
autre que celui qui leur a été réservé par le passé. Investisseurs privés à vos
marques, la terre nourricière ne pardonne pas, le temps presse et n'attend
guère.