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Hormis quelques pays soumis
au dictat des lobbys pro-marocains d'obédience sioniste, tout le monde
s'accorde pour dire que le conflit au Sahara occidental est une question de
décolonisation qui doit être résolue sur la base de l'exercice des Sahraouis de
leur droit à l'autodétermination à travers une consultation populaire libre et
responsable sous l'égide des Nations unies. C'est une affirmation élémentaire
qui ne devrait pas faire l'objet de discussion, n'en déplaise aux tenants de la
nouvelle théorie selon laquelle le monde a changé, le principe de
l'autodétermination des peuples n'est pas tombé en désuétude.
Cependant, au Sahara occidental, les Nations unies peinent à frayer un chemin face aux manœuvres dilatoires du Maroc. Les Marocains refusent d'admettre que le Sahara occidental est aujourd'hui le seul territoire non autonome du continent africain en attente de décolonisation et dans un tel état, il est inscrit depuis près d'un demi-siècle sur la liste du Comité des vingt-quatre. Une fois la décolonisation achevée, la situation actuelle du Sahara occidental, occupé de fait par le Maroc, pourrait être proposée comme l'exemple le plus frappant de la solidité du principe d'autodétermination des peuples malgré les atermoiements internationaux face aux caprices d'un Maroc outrancier soutenu par une France complice et défiant en toute impunité les us des pays civilisés. Oui, une France complice, mais aussi soumise au même chantage que subit l'Espagne. Un exemple marquant est la tentative en 2014 d'un juge français d'arrêter Abdellatif Hamouchi, le chef du renseignement marocain pour avoir torturé plusieurs Sahraouis et Marocains sur le territoire français. En représailles, le Maroc a immédiatement et brutalement menacé de cesser toute coopération antiterroriste et fermé l'œil sur l'immigration clandestine. Des mois plus tard, suite à l'attaque djihadiste contre la salle de rédaction de Charlie Hebdo, le président Hollande a consenti des efforts au plus haut niveau pour rétablir l'échange d'informations avec les services de renseignement marocains. Résultat, Abdelatif Hamouchi ne sera plus inquiété, mieux, il reçoit les plus hautes décorations de la France et plus tard d'Espagne. Récemment, Ceuta a été envahie par des hordes de jeunes Marocains en quête d'une vie meilleure. Le fait n'est pas nouveau si ce n'est le nombre effrayant de ces jeunes qui ont réussi à franchir impunément la frontière sous le regard amusé des M'khaznia. Cette dynamique et ses ingrédients se répètent plusieurs fois par an depuis le début des années 90. Le Maroc sait que la question migratoire est très sensible dans les urnes et dans le débat public espagnol : et lorsqu'il abandonne ses frontières à ses Marocains et aux Subsahariens, le gouvernement espagnol panique et accepte tout. A ce jour, il n'y a eu qu'un José María Aznar qui s'est courageusement dressé contre le chantage marocain. Sa décision d'envoyer une trentaine de soldats sur l'îlot de Perejil était sur le point de conduire à un conflit armé entre les deux pays. Sans le soutien politique incontestable de l'Union européenne, le gouvernement de Pedro Sánchez aurait eu beaucoup de mal à contenir la situation. Bouritta a occulté d'expliciter les « profonds malentendus », mais tout le monde avait compris que la brouille est la conséquence de la position de Berlin vis-à-vis du Sahara occidental. L'Allemagne a toujours défendu « une solution politique juste et durable acceptée par les deux parties sous les auspices des Nations unies ». Face aux Allemands, le Makhzan ne dispose pas de munitions « humaines » pour faire pression. Mohamed VI est la personne la plus excentrique du Maroc et l'une des plus riches du continent africain. Il monnaye pour son propre compte les retombées financières de la manne migratoire. Il demande toujours plus d'argent sans toutefois abandonner les menaces. Pour avoir hébergé le leader sahraoui, Ibrabim Ghali, pour des soins médicaux, l'ambassadeur du Maroc à Madrid, instruit par son roitelet, osa dire dans une menace à peine voilée qu'« il y a des actes qui ont des conséquences et doivent être assumés ». Le Maroc, comme un enfant gâté, pense toujours qu'il a la protection inconditionnelle de la France et des Etats-Unis, poids lourds sur la scène internationale et d'Israël aujourd'hui. Son sentiment d'impunité le pousse à toutes les dérives et extravagances souvent folkloriques. L'épisode de son attitude lors de la Cop21 organisée en France le prouve très bien lorsqu'il a exigé qu'il soit reçu personnellement par Hollande, quitte à attendre dans sa limousine. Le pire est atteint lorsqu'il s'adonne à l'usage immoral et immodéré de Pegasus. Mais l'acte le plus odieux qu'il ait commis est celui d'avoir assassiner des civils algériens dans une guerre qui n'est pas encore déclarée contre le voisin algérien. L'Algérie, qui a longtemps supporté les humeurs des dirigeants marocains, refuse aujourd'hui le dictat du fait accompli. Aux événements de l'été 2021, l'attentat commis par les FAR qui ont tué trois innocents civils algériens aggrave encore la tension entre Alger et Rabat. Ce crime d'Etat perpétré avec un armement de « haute technologie » a été exécuté au moins trente kilomètres du mur de sable dans lequel se trouvent les positions militaires marocaines. Beaucoup de pays parmi même ceux qui soutiennent le Maroc et sans le condamner officiellement espèrent qu'il n'y a pas d'escalade entre ses deux partenaires stratégiques. Avec des déclarations aussi hypocrites telles que «le Maroc a un respect très scrupuleux des principes de bon voisinage avec tous», Rabat espère que l'incident est clos. Au contraire, ce qu'ils viennent de commettre est un casus belli, c'est-à-dire, un acte de nature à motiver une déclaration de guerre. *Juriste |
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