L'envoyé personnel
du SG de l'ONU pour le Sahara Occidental, le diplomate américain Christopher
Ross, a achevé jeudi à Alger, une nouvelle tournée dans la région, un peu moins
de six mois après avoir été «récusé» par le Maroc. Cette «reprise» des tournées
d'information dans la région vise, comme il l'a souligné dans plusieurs de ses
escales, à relancer le processus de négociations qui doivent ouvrir la voie
vers une solution juste et durable de ce conflit, à travers l'organisation d'un
référendum. M. Ross a, comme à son habitude, entamé sa tournée dans la région
par une première escale à Rabat, au Maroc, où il a discuté avec les
responsables marocains qui persistent toujours à maintenir leur «solution» du
conflit, c'est à dire la voie d'un vaste processus d'autonomie au Sahara Occidental.
Le représentant du SG de l'ONU s'est ensuite rendu dans les territoires
sahraouis libérés, où il a rencontré autant les responsables du Polisario que
les représentants de la société civile sahraouie. Au camp de réfugiés de Smara,
il a réaffirmé la détermination de l'ONU à trouver un règlement à la question
du Sahara Occidental, sur la base d'une solution garantissant le droit du
peuple Sahraoui à l'autodétermination. «Mes discussions avec les responsables
et les représentants de la société civile sahraouis contribuent à la recherche
d'un moyen efficace d'aboutir à un règlement politique permettant
l'autodétermination du peuple sahraoui», a déclaré M. Ross, à l'issue de cette
visite et de ses rencontres avec le Président du conseil consultatif sahraoui et
le wali de Smara. M. Ross s'est également entretenu avec le président de la
RASD, et le secrétaire général du front Polisario, Mohamed Abdelaziz, qui a
réaffirmé l'attachement du Polisario à la légitimité internationale et à
l'application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies portant
protection du droit du peuple sahraoui à exprimer son choix, libre,
démocratique et transparent, à travers l'organisation d'un référendum
d'autodétermination. Selon l'agence de presse sahraouie (SPS), ces entretiens
«ont été d'un grand apport pour la recherche d'une solution politique
garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». M. Ross a
souligné de son côté «qu'il œuvrait depuis janvier 2009 à faciliter les
négociations directes entre le Front Polisario et le royaume du Maroc avec la
collaboration des deux pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie, et l'appui de
la communauté internationale en vue d'une solution politique juste et durable
acceptée par les deux parties et garantissant au peuple sahraoui son droit à
l'autodétermination», a ajouté SPS. Pas fataliste, M. Ross a fait, par
ailleurs, remarquer qu'en dépit «des différents rounds de négociations et de
pourparlers entre les deux parties aucune avancée n'a été enregistrée vers cet objectif».
«D'où l'objet de ma visite dans la région en vue de contribuer à l'évaluation
de cinq années de négociations directes et obtenir des idées nouvelles sur les
meilleurs moyens de réaliser un réel progrès dans le processus de paix», a-t-il
encore précisé. A Alger, le diplomate onusien a rencontré autant le Président
de la république, Bouteflika, que les ministres des affaires étrangères et le
délégué aux affaires maghrébines et africaines, ainsi que le Premier ministre,
M. Abdelmalek Sellal. Avec les responsables algériens, il a indiqué avoir eu
des discussions «approfondies et utiles», comme il a déclaré avoir abordé avec
eux «les relations entre l'Algérie et le Maroc» et «les prochaines
réalisations» sur la voie de l'édification de l'UMA. M. Ross devrait faire un
nouveau rapport sur sa tournée dans la région et le présenter au SG de l'ONU,
M. Ban Ki Moon. Le rapport de M. Ross devrait suggérer autant la poursuite du
processus de négociations directes ou sous les auspices des Nations-Unies entre
le Maroc et le Polisario, le maintien de la Minurso et l'élargissement de sa
mission à la protection des droits de l'homme dans les territoires sahraouis
occupés, notamment.
Pour rappel, le
Maroc avait provoqué une vive tension avec le SG de l'ONU mais également avec
Washington lorsqu'il avait, au mois de mai dernier, retiré «sa confiance» à M.
Ross, un des diplomates les plus respectés au département d'Etat. Le rapport
accablant sur les violations des droits de l'homme dans les territoires
sahraouis occupés, et les tentatives des autorités marocaines de limiter les
mouvements de la Minurso avaient scandalisé le diplomate US, qui avait, en fait
exigé dans son rapport que cette situation devait prendre fin. Il est vrai que
le travail de M. Ross, qui veut aboutir à une solution qui fasse respecter la
légalité internationale dans ce conflit, est à l'opposé de son prédécesseur, le
diplomate néerlandais Peter van Walsum, qui avait déclaré devant les membres du
conseil de sécurité de l'ONU que «l'indépendance du Sahara occidental n'est pas
une option réaliste».