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Consommation de drogue : Alerte à la violence chez les lycéens et étudiants

par A. Mallem



Selon des enquêtes menées à des périodes différentes par le service de médecine légale du CHU de Constantine, il y a une nette augmentation de la violence due à la consommation des drogues dans les milieux estudiantins, les lycées et l'université. Aux journées scientifiques sur la toxicomanie et les violences organisées par son service le mercredi 7 et le 8 novembre à Constantine, le professeur Z. Boudraa, praticienne activant au niveau de ce service, a présenté une étude sur le thème en cherchant à faire le lien entre ces deux fléaux sociaux. Ainsi, en dressant un état des lieux dans la capitale de l'Est, la communicatrice a révélé que la violence imputée à la toxicomanie est en nette augmentation, surtout dans les milieux lycéen et universitaire. «Déjà en 2005, une étude que nous avions réalisée sur le sujet, dit le professeur Boudraa, avait démontré que 8O% des décès que le service a eu à examiner, étaient dus à des morts violentes dont 35% ont un rapport direct avec la toxicomanie, puisque nous avons trouvé sur les corps des victimes, soit dans le sang, soit dans les urines, des traces de drogue. L'enquête que nous avons réalisée et qui a été présentée aujourd'hui dans ces journées a été faite sur 14 mois, entre janvier 2011 et février 2012 et sur 1.300 dossiers que nous avons établis, nous avons effectivement découvert que 35% des auteurs des agressions se droguaient. Aussi, il faut noter qu'à hauteur de 20%, les victimes de cette violence ont avoué carrément qu'elles se droguaient, et nous avons été amenés à découvrir un phénomène psychologique nouveau, à savoir qu'il y a une certaine levée de boucliers chez les uns et les autres qui n'hésitent plus à dire qu'ils consomment des drogues. Cela est vrai chez les lycéens et les étudiants qui avouent que sous le coup de l'alcool ou des drogues, ils ont commis certains actes de violence, des vols, etc. Chez les lycéens, la prévalence de ces actes est de 21% des cas. Elle se situe entre 8 et 9% chez les étudiants, alors que chez les détenus interrogés, elle s'élève à 20%.

Ces constats et beaucoup d'autres encore faits au cours de ces deux journées très instructives ont été prises en compte dans les recommandations finales qui ont mis un accent particulier sur la prévention par des actions individuelles, relationnelles, sociétales et communautaires. La création de centres intermédiaires de toxicomanie qui ne soient pas rattachés aux centres de psychiatrie a été également vivement recommandée par les participants. Pour les violences, notamment d'ordre sexuel, il a été recommandé de créer un observatoire au niveau national en prônant l'entame d'une recherche pluridisciplinaire sur la question, de parler sans gêne de ce sujet préoccupant, d'abord au niveau de la famille, ensuite à l'école. «Ce faisant, estime le docteur A. Benharkat, organisateur de ces journées, on peut parvenir à faire reculer le chiffre noir des violences de cette nature». En dernier lieu, il faut signaler la recommandation demandant au secteur de la justice de s'engager dans le réseau de prévention pour améliorer les textes de loi en les faisant évoluer avec le temps et les changements de la société, et ce tout en tenant compte des données sociologiques de notre peuple. «Les recommandations vont être envoyées aux secteurs concernés: la justice, la santé, la gendarmerie, la police, etc.», a indiqué notre interlocuteur.

Pour terminer, signalons que ces journées médico-scientifiques ont réuni la crème de la recherche scientifique en Algérie, notamment les experts de l'Institut national de criminologie et de criminalistique de la GN qui a participé avec 70 experts. «La participation de la justice s'est faite au plus haut niveau et le ministre lui-même a suivi, de loin, ces journées», a affirmé encore le Dr Harkat, en ajoutant que «des experts nationaux en médecine légale, des psychologues, des assistantes sociales, la police scientifique, la police technique, etc.» ont été également de la partie.