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En apparence l'intervention militaire au nord du Mali sous l'égide de la CEDEAO se précise. Le Conseil de sécurité de l'ONU en a entériné le principe le 12 octobre dernier et dimanche le sommet de l'organisation régionale africaine adoptera le plan opérationnel de cette intervention qu'il soumettra pour approbation à l'instance onusienne le 28 novembre prochain pour son feu vert définitif. Le plan opérationnel dont il sera question dimanche à Abidjan au sommet de la CEDEAO a fait l'objet d'une concertation entre les états-majors militaires des Etats membres de l'organisation auxquels des représentants qualifiés d'autres puissances régionales et internationales concernées par la crise malienne ont apporté leurs expertises. Ayant pris acte de la résolution onusienne du 12 octobre rendant possible l'intervention militaire au nord du Mali qu'elle ne souhaite pas, l'Algérie n'a pas pratiqué la politique de la chaise vide à l'égard du processus préparatoire qui y conduit. Mais elle n'a pas pour autant renoncé à faire prévaloir l'option qui a sa préférence, celle du dialogue politique entre le gouvernement malien et certains acteurs de la rébellion au nord du Mali. C'est pourquoi il apparaît que l'on assiste à ce qui semble être une course-poursuite entre ses initiatives et celles des partisans tout crin de l'intervention, avec pour objectif qui mettra l'autre devant le fait accompli. Pendant que les seconds accélèrent les préparatifs et mettent en place les conditions techniques, matérielles et humaines à l'intervention militaire projetée, l'Algérie s'active à réunir celles qui peuvent donner jour au dialogue politique inter-malien qu'elle prône en tant qu'étape préalable indispensable à l'intervention militaire aux résultats aléatoires et au coût humain certainement très lourd. Alger a marqué un grand coup en parvenant à faire accepter par Ansar Eddine, l'un des groupes armés occupant le Nord-Mali, qu'il se rallie au principe du dialogue politique avec les autorités maliennes et à renoncer à l'idée de la sécession du Nord-Mali d'avec le reste du pays. Le résultat du forcing algérien ne semble pas convaincre les interventionnistes qui à défaut de faire renoncer Alger à sa médiation entre ce groupe armé et les autorités de Bamako s'ingénient à provoquer un revirement de ce dernier en lui posant l'exigence de ne pas revendiquer l'application de la chariaa, tout en poussant le MNLA, l'autre groupe armé du Nord-Mali, à émettre l'exclusif contre Ansar Eddine pour l'éventualité d'un dialogue politique malo-malien. La résolution du Conseil de sécurité spécifie pourtant que ce dialogue doit être ouvert aux groupes armés qui renonceront à la voie de la sécession, du terrorisme et à l'alliance avec les narcotrafiquants, ce qu'Ansar Eddine a dit officiellement accepter. Qu'Ansar Eddine, dont la composante est purement malienne, défende un projet de société islamiste ne doit pas être prétexte à lui refuser la participation au dialogue malien à partir du moment où il a renoncé aux visées ayant été jugées inacceptables par le Conseil de sécurité. Lui fermer la porte du dialogue reviendrait à le jeter dans les bras d'Aqmi et du Mujao et ainsi renforcer leur capacité à faire pièce à l'intervention militaire projetée au nord du Mali. Une perspective contre laquelle les autorités algériennes mettent en garde tous les acteurs impliqués à un titre ou à un autre dans la crise malienne. Avec réussite auprès de la plupart d'entre eux, sauf ceux qui se sont fait ligne de conduite la va-t-en-guerre radicale que préconise la France qui a fait de l'affaire malienne une raison d'Etat où la donne sécuritaire n'est que paravent à d'autres enjeux. |
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