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Jamais «clasico» n'a déchainé autant de passion que celui qui devra se jouer le 7 octobre prochain sur la pelouse catalane du Nou Camp. Si depuis l'avènement de Mourinho à la tête du club madrilène, les doubles confrontations, voire plus, entre le Réal de Madrid et le FC Barcelone focalisaient l'attention du monde footballistique pour des raisons purement sportives, le prochain « clasico », qui devra avoir lieu dans la capitale catalane, sort tout simplement du cadre sportif, rattrapé par la politique au Proche-Orient. En effet, l'information faisant état de l'invitation de l'ex- sergent israélien Gilad Shalit au match entre les deux formations espagnoles a suscité l'indignation et l'ire des Palestiniens qui ont appelé le monde arabe et musulman à boycotter la retransmission de la rencontre si le club maintenait son invitation. Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Ghaza, a appelé ce vendredi le FC Barcelone à annuler son invitation sinon il appellerait tous les médias musulmans, arabes et palestiniens à ne pas retransmettre ce match, a déclaré à l'AFP un porte-parole du mouvement islamiste palestinien à Ghaza, Sami Abou Zouhri. Ce carton d'invitation « au criminel Shalit pour lui rendre hommage » est perçu par les Palestiniens comme une offense aux sentiments du peuple palestinien et des Arabes et des musulmans. Pour rappel, Shalit Gilad est le soldat franco-israélien enlevé par la résistance palestinienne en juin 2006 et libéré, en octobre 2011, en échange de 1.027 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Pour sa part, le club catalan a tenu, devant les proportions prises par cette affaire, à préciser que ce n'est pas le FC Barcelone qui a invité le désormais chroniqueur sportif du quotidien hébreu Yedioth Ahronoth mais qu'il n'a fait que répondre à une demande israélienne. « Nous avons reçu une demande d'invitation de la part d'un ancien ministre israélien pour cette personne et le club a décidé de l'inviter comme il le fait pour beaucoup d'autres », a expliqué à l'AFP une source de la formation catalane. Le club, certainement surpris et dépassé par la tournure prise par cette invitation, multiplie les déclarations de bonnes intentions et s'explique. « Pour bien faire comprendre que le Barça ne prend aucunement position à travers cette invitation dans le conflit israélo-palestinien, nous rappelons qu'en 2011, le vice-président du club Carles Villarubi avait reçu le leader palestinien Mahmoud Abbas et lui avait montré les installations du club », a ajouté la même source. Et face aux réactions d'associations pro-palestiniennes, le Barça a annoncé jeudi dans un communiqué avoir également invité le président de la Fédération palestinienne de football, Jibril Rajoub, l'ambassadeur de Palestine en Espagne et Mahmoud Sarsak, le footballeur palestinien, libéré en juillet dernier à Ghaza après trois ans de détention ,sans jugement, par Israël. Une manière comme une autre de dépassionner les débats mais Mahmoud Sarsak interrogé par la chaine qatarie, détentrice des droits de retransmission du championnat espagnol, a décliné l'invitation. Enfin, si le FC Barcelone a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait nullement d'une invitation dans la tribune présidentielle, mais d'une invitation normale en tribunes, des associations pro-palestiniennes affirment qu'au départ, le club lui avait offert un siège au balcon, une proposition rejetée par Gilad Shalit, qui se retrouvera en tribune près de la pelouse, aussi parce qu'une équipe de télévision va rassembler des éléments pour un documentaire. Ces associations soupçonnent une opération de com et dénoncent l'aspect propagandiste de cette présence. Musa Amer Odeh, le délégué général de Palestine en Espagne a expliqué que les responsables des Blaugranas lui ont dit qu'ils avaient distribué des invitations VIP non nominatives à une association et que cette dernière, à son tour, pourrait en donner une à Shalit. Dans une lettre rédigée par Jorge Sánchez de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), il s'étonne de l'empathie dont témoigne le club « à l'égard du seul soldat israélien à avoir été en captivité ces dernières années alors qu'il garde un silence absolu sur les 4 660 prisonniers palestiniens qui sont enfermés dans les prisons israéliennes, parmi lesquels se trouvent 260 enfants, six femmes et 20 parlementaires ». Le « clasico » le plus important dans la planète foot draine, chaque fois, des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde arabe et musulman et particulièrement parmi les Algériens, divisés entre madridistas et fans du Barca. Connaissant le penchant tout naturel des Arabes et des musulmans pour la cause palestinienne, cette affaire pourrait causer du tort dans le cœur des supporters du club catalan déjà entaché par les accusations de racisme portées par le joueur sévillan Frédéric Omar Kanouté contre son n°4, Cesc Fabregas ou encore le prosélytisme de son attaquant David Villa et les insultes portées contre le joueur du Réal, Mezut Ozil. Rappelons que la politique s'est toujours invitée sur les terrains de sport à l'exemple de la célébration du but de Kanouté en coupe d'Espagne, en 2008, lorsqu'il a exhibé un t-Shirt portant l'inscription de Palestine en plusieurs langues, suscitant l'embarras des responsables du sport ibérique et l'admiration des fans arabes et musulmans. Lors de la Coupe du monde 2006, John Paintsil, l'arrière latéral droit du Ghana avait célébré la victoire de son pays contre la République tchèque en brandissant un drapeau israélien annihilant tout le capital sympathie récolté par la formation ghanéenne auprès des mondes arabe et musulman. |
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