|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Que dire de la Syrie quand on n'est pas en mesure
d'annoncer la moindre bonne nouvelle et enco-
re moins l'ombre d'une perspective de sortie du piège monstrueux qui s'est refermé sur le pays ? Il y a bien eu la tenue d'une réunion à Damas d'une vingtaine de partis de l'opposition «tolérée» par le régime qui ont lourdement insisté sur l'arrêt immédiat des affrontements armés. Ces partis ont demandé à Lakhdar Brahimi d'organiser une conférence internationale en vue de l'instauration d'un régime «démocratique» et «pluraliste» en Syrie. Bien entendu, le statut peu enviable d'opposition «tolérée» permet à ceux qui ont choisi l'opposition armée et de l'extérieur de l'expédier sans autre forme de procès. La sagesse de l'appel de l'opposition de l'intérieur est évidente. Mais le fait que sa voix ne peut plus porter ces mots de sagesse fait aussi partie de ce piège dans lequel se débat le pays. Sur la Syrie, c'est un constat qui se confirme de jour en jour, il vaut mieux s'informer dans quelques journaux occidentaux sérieux et à l'agence russe Novosti ou à Xinhua plutôt que dans les médias arabes. Qu'ils soient partisans du régime de Damas - il n'y en a pas beaucoup - ou des défenseurs de l'opposition armée, ces médias arabes sont constamment en train d'annoncer que le moment «décisif» est arrivé et que l'on est dans le dernier «quart d'heure». Tantôt c'est le régime qui engage la bataille «décisive» pour en finir avec l'opposition armée, tantôt c'est cette dernière qui promet que les heures de Bachar sont comptées. Cela fait 19 mois que la Syrie est dans le «dernier quart d'heure» des uns et des autres. Cela peut durer encore 19 autres mois et encore davantage sans qu'aucune partie l'emporte. Mais durant cet infini quart d'heure, c'est la Syrie qui se détruit à vue d'œil, de manière systématique. Déjà, 60% de la ville d'Alep est détruite, pour ne donner qu'un exemple. En appelant à la cessation immédiate des affrontements armés, cette opposition sage - et donc peu écoutée - tente de conserver ce qui reste des hommes et des infrastructures de ce pays qui est déjà ramené très loin en arrière. La sagesse de cette opposition consiste aussi à prendre acte que le dialogue entre Syriens ne peut plus se faire sans supervision internationale. Ces membres du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND) qui rejettent toute intervention militaire étrangère ne sont pas irréalistes. Mais ils sont dans l'inconfort politique de rejeter le régime en place tout en s'interdisant des modes d'actions qui ruinent la Syrie. Pas seulement au plan matériel. Ce qui est frappé au cœur est la capacité du «vivre ensemble» entre les communautés qui la composent. MEME S'ILS SONT PLUTOT BIEN VUS PAR LES RUSSES ET LES CHINOIS, CES OPPOSANTS DE L'INTERIEUR SOUFFRENT DE N'ETRE QUE SYRIENS? ILS N'ONT PAS D'APPUIS EXTERIEURS ET ILS NE LES ONT PAS RECHERCHES. ILS SONT CONVAINCUS QUE LES CHOSES S'ORGANISENT POUR QUE LA SYRIE RESTE TRES LONGTEMPS DANS UN «DERNIER QUART D'HEURE» SANS FIN? JUSQU'A CE QU'ELLE NE PUISSE PESER NI SUR SON DESTIN, NI SUR CELUI DE LA REGION. ILS SAVENT QUE LA SYRIE N'A PAS VRAIMENT D'AMIS. A L'ECHELON DES ETATS, LES «AMITIES» N'ONT RIEN DE PASSIONNEL OU DE POETIQUE, TOUT DU CALCUL FROID. LES «AMIS» AUTOPROCLAMES DE LA SYRIE AIDERONT LES PARTIES EN CONFLIT A MAINTENIR LE PAYS, LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE, DANS UN ETERNEL DERNIER «QUART D'HEURE». |
|